La Fête de l’Epiphanie annonce le retour des Rois Mages, qui, revêtus de leurs curieux costumes, ont commencé à parcourir la contrée, s’arrêtant même dans les fermes pour y chanter, en langue du terroir, leur antique cantilène. Cette coutume, c’est la vivante reconstitution du pèlerinage des trois rois : Gaspard, Melchior et balthazar, qui, voici près de mille ans, se dirigèrent vers l’étable de Bethléem guidés par une étoile miraculeuse.

On ignore comment elle prit naissance en Flandre et quel est l’auteur de la remarquable chanson flamande transmise oralement de père en fils. Charles Edmond Henri de Coussemaker en recueillit l’air et les paroles et consigna le tout dans son recueil intitulé Chants populaires des Flamands de France, mais le peuple lui se contenta de chanter comme les parents et les grands-parents, d’où par la suite des temps, une singulière déformation musicale et phonétique.

Bailleul semble le seul centre d’où rayonnent les Rois Mages. Quelques villages encore possèdent une troupe, Méteren, en particulier, mais la vie moderne semble vouloir faire disparaitre aussi ce reste d’une de nos plus vénérables traditions, particulièrement honorée jadis.

Elle est pourtant bien jolie la chanson des trois rois, que nos ancêtres des Flandres connaissaient tous par cœur :

De witte voetjens die waen bloot
De lippekens als corael zoo root
De zoete vette armekens
En den krolle bolleken danst all beyd.

Mais le paysage humain, lui aussi, a bien évolué. Disparus, les somptueux manteaux, les tiares dorées, les ornements chatoyants, comme on les voit dans les Crêches. Gaspard et Balthazar ont enfilé un pantalon blanc de gymnaste et portent une ceinture rouge de terrassier ainsi qu’un  maillot de sport. La tiare est remplacée par une toque blanche ornée d’étoiles en papier doré. Quant à Melchior, le roui nègre, il s’est métamorphosé en une charmante reine blanche. Il n’y a d’ailleurs plus de rois nègres depuis que, une jeune fille des environs de Bailleul fut si saisie de voir l’un d’eux, qu’elle en fit une maladie… Les accessoires sont réduits en une canne blanche et en une  étoile en contreplaqué. Le rommelpot qui accompagnait en sourdine les chants, fait maintenant défaut.

"La visite des Rois Mages" est une excellente coutume qui mérite d’être conservée.*

Adaptation d'un article publié en janvier 1935 (photo des Mages extraite de l'article).

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*Depuis la publication de l'article, la tradition a été plusieurs fois perdue puis elle revenait pour quelques années. Depuis 2000, l’association De Katjebei a relancé cette tradition des Flandres.

à voir également :

- L'EPIPHANIE

- LA FEVE

- LA VISITE DES ROIS MAGES - COUTUME FLAMANDE

- DEFILE DES ROIS MAGES A MADRID

- L'EPIPHANIE (AUTRE TEXTE)