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- Je suis innocent !

 

 

article publié dans un quotidien du Nord en 1938

 

La peine capitale

Chacun émet une opinion à son sujet. Elle a ses approbateurs et ses réprobateurs qui défendent leur point de vue avec des arguments péremptoires. Ses partisans déclarent que seule la crainte du châtiment suprême arrête le geste homicide de beaucoup de malfaiteurs et ils donnent en exemple l'Angleterre où les assassinats sont infiniment moins nombreux qu’en France parce que tout individu qui est convaincu de meurtre, sauf le cas de légitime défense, est inexorablement pendu. Chez nos voisins d'outre-Manche, le crime dit passionnel est considère comme un vulgaire assassinat et ne bénéficie jamais de circonstances atténuantes. Le leitmotiv des amoureux éconduits qui disent aux jurés : "Je l'aimais trop, c'est pourquoi je l'ai tuée" n'émeut pas les juges d'Albion. Que le coupable soit une lady ou un gentleman, on lui passe la corde autour du cou. Les partisans de la peine de mort estiment que quiconque a tué doit être tué et ils affirment qu'il est moins barbare de supprimer sans délai un être malfaisant que de lui infliger les affres d'une mort lente entre les murs perpétuels d'une cellule.


Les ennemis de la peine de mort

Eux prétendent que ce châtiment est un acte sauvage, indigne d'un peuple civilisé : "Parce qu'un homme, le plus « souvent un demi-fou, a tué, disent-ils, la société par un illogisme déconcertant le tue à son tour. Ce n'est pas de la justice, c'est de la vengeance. La vie humaine est sacrée et nul, sous quel prétexte que ce soit, n'a le droit d'y attenter." Ils affirment que ce n'est pas la crainte de la guillotine qui arrête la main des assassins et appuient leur affirmation sur ce fait qu'en Belgique où la peine de mort n'existe pas, les crimes n'y sont pas moins nombreux que chez nous. D'autre part, les ennemis de la peine capitale objectent - et cet argument n'est pas sans poids - que ce châtiment suprême est irréparable en cas d'erreur judiciaire. Selon eux, cette unique raison devrait le faire bannir à jamais. On a entendu des condamnés à mort protester de leur innocence jusqu'au pied de la guillotine. Cela ne prouve évidemment rien, mais ce: "Je suis innocent !" crié devant l’échafaud n'est-il pas infiniment troublant ? En ce dernier moment, le supplicié n’ignore pas qu’ aucune puissance humaine ne peut l'arracher à la mort, s'il est coupable à quoi peut lui servir de déclarer qu'il est innocent ? Mystère !


La mort est-elle instantanée ?
Nombreux sont les partisans de la peine de mort qui n'approuvent pas la façon dont elle est appliquée chez nous. Ils demandent qu'elle ne soit plus donnée en public, ce genre de spectacle, disent-ils, n'attirant qu'une foule à la curiosité malsaine, animée de bas instincts et dépourvue de tout sentiment pitoyable. Ils voudraient que les exécutions se fassent à l'intérieur des prisons, en présence de magistrats, de représentants de la presse et de médecins. Beaucoup, aussi, souhaitent que la guillotine soit supprimée. Cet instrument, croient-ils, ne tuant pas instantanément. C'est là, en vérité, une croyance assez répandue mais qu'a réfutée un savant physiologiste, Paul Love, en un ouvrage très documentée qu'il publia en 1888. Ce physiologiste étudia les effets de la décapitation sur l'homme et sur le chien. Beaucoup de gens prétendaient. Qu’après décapitation, la tête d’un guillotiné survivait pendant un temps plus ou moins long. Ils se basaient sur ce que certains suppliciés, après l’exécution, font encore divers mouvements et que la tête d’un chien décapité, ce qui est vrai, vit après le sectionnement. Paul Love prouva que les effets du couperet sur l’homme et sur le chien ne sont pas les mêmes. Chez l’homme, la mort est instantanée et il n’a pas le temps de la percevoir, il meurt par inhibition, tandis que le chien meurt par asphyxie : "Chez l’homme, il suffit que la section ait lieu à un niveau quelconque du cou, alors que chez le chien, il faut qu'elle passe un niveau étroitement délimité pour que la mort soit instantanée." Les masques de l'homme et du chien décapites sont d'ailleurs fort différents. La figure du premier étant le plus souvent impassible, tandis que celle du second reflète la souffrance et l'angoisse. Quant aux mouvements, que certains suppliciés exécutent après le décollement, ils sont dus à des réflexes ayant leur origine dans les centres bulbo-protubérantiels, ce qui ne signifie pas une persistance de la sensibilité.

 

L’opinion de Paul Love est d’ailleurs partagée par le corps médical. On peut donc conclure que si la mort par la guillotine est terrible par son effet moral, elle est physiquement, la moins douloureuse qu’il soit.
Nous avons, en toute objectivité, exposée à nos lecteurs les opinions des partisans et des ennemis de la peine de mort. Est-ce la crainte du châtiment qui détourne du mal ? Qui peut le dire ? Et puis, il ne s'agît pas tant de punir un crime que de le prévenir, car c'est en le prévenant qu'on sauvegardera la vie des honnêtes gens et c'est cela seul qui importe.

 

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note complémentaire :

La peine de mort en France a été abolie en 1981.

 

 

 

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le plus célèbre bourreau français, M. Deibler - éxécution de Peugnez, l'assassin de Charenton, en février 1899

 

 

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On se souvient du crime sauvage, commis le 16 juin 1926, à la prison de Rambouillet. Montfort, Barrère et Motillon, pour s'échapper de la prison où ils étaient incarcérés, sautèrent à la gorge d'un gardien de prison et l'étranglèrent. Repris peu de temps après leur fuite, ils furent tous trois condamnés à mort.

Cependant, le Président de la République, ayant reçu les avocats, étudia le dossier de chacun des condamnés. Pour Barrère et Motillon, il commua la peine en celle des travaux forcés à perpétuité. Pour Montfort, juge le plus coupable de tous, il laissa la loi suivre son cours.

C'est à la porte de la prsion de Versailles, en ce lieu de sinistre mémoire où Landrufut exécuté, que la guillotine fut dressée pour Montfort. Celui-ci expia son crime à l'aube du 5 juillet 1927. Il n'y eut pas d'incident.

 

 

 

 

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Paul Gorgulov ou Gorguloff, de son nom russe complet Pavel Timofeïevitch Gorgoulov, né le 29 juin 1895 à Labinskaïa en Empire russe et mort guillotiné le 14 septembre 1932 à Paris en France, est un médecin russe, dont le diplôme n'était pas reconnu en France, assassin du président français Paul Doumer.

 

 

 

 

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Les faits monstrueux du docteur Marcel Petiot se sont déroulés essentiellement pendant la seconde guerre mondiale.

Le 25 mai 1946 , à 5 h 7, il est guillotiné dans la cour de la prison de la Santé, dans le 14 arrondissement de Paris. Le bourreau est Jules-Henri Desfourneaux.

 

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guillotine

 

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à voir, sur ce sujet :

 

La guillotine en vacances

Exécution de Favier à Lille (1911)

Exécution de l'ogre d'Haubourdin (1931)

Exécution capitale à Béthune (1934)

Exécution de Fernand Hubert (1938)

 

 

 

 

 

 

 

 

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