ACCUEIL | LE NORD ET UN PEU DE BELGIQUE | EXECUTION DE L'OGRE D'HAUBOURDIN (1930)

 

 

 

 

Le texte ci-dessous raconte l'exécution par guillotine d'un condamné à mort. Charles Masselis avait été condamné à mort en 1929 pour avoir noyé dans le canal de Seclin, la petite Marcelle Billaut, âgée de 9 ans, habitant à Haubourdin (Nord), après l’avoir violentée et étranglée. Il était également inculpé pour le meurtre de la petite Jacqueline Notteau (5 ans) de Lomme, disparue dans des conditions demeurées mystérieuses; et d'attentat à la pudeur sur sa propre fille ainsi qu'une autre fillette.

 

Les gendarmes à  cheval et 150 artilleurs formés en carré, sont là pour contenir la foule extrêmement dense venue assister à l’exécution. La neige est tombée la nuit. Elle recouvre la campagne d’un linceul immaculé, complétant ainsi le funèbre décor. A l’entrée de la prison, devant la porte massive, les groupes sont particulièrement nombreux. Et dans une encoignure, on remarque deux femmes : les mères des deux petites victimes du monstre, Marcelle Billaut et Jacqueline Notteau. Eplorées, elles ont voulu, malgré l’horreur du spectacle, assister au supplice de celui qui leur prit leurs enfants.

 

Il est près de 3 h 30 lorsqu’un rondement saccadé, trouant le silence, se fait entendre. Il annonce l’arrivée de la guillotine. Du fourgon noir, M. Deibler et ses aides descendent. Avec une dextérité et une adresse qui dénote une bien longue habitude, des hommes robustes s’emploie au montage de la sinistre machine. Une demi-heure plus tard, l’effrayant appareil est debout. Le bourreau s’en approche, vérifie la lunette, accroche le lourd couperet triangulaire et le hisse au bout d’un solide câble de chanvre. Tout est prêt.

 

Un groupe survient et s’engouffre sous le porche de la prison. Ce sont M. Firmin, avocat général, qui du jury du Nord obtint la condamnation de Masselis ; M. Caillaud, juge d’instruction et son greffier, M. Boidin ; Me Phalempin, avocat du condamné ; M. Vieillard, commissaire central ; l’abbé Duverger, aumônier de la prison ; le docteur Lambiliotte ; M. Théry, greffier à la cour d’assise. Le gardien chef les conduit à la cellule du bandit. La porte s’ouvre. Masselis, couché, dort d’un sommeil profond. Doucement secoué, il s’éveille. La présence de tous ces hommes l’étonne d’abord, mais il a vite compris le sens de cette visite matinale. Cependant, selon la formule sacramentelle, M. Firmin précise :

- Masselis, votre recours en grâce est refusé. Ayez du courage.

Le misérable est debout sur le champ. Sans laisser paraitre la moindre émotion, il s’adresse à son défenseur :

- Alors, c’est pour aujourd’hui !

Il s’entretient avec Me Phalempin pendant quelques instants, puis demande à entendre la messe. Et tandis que le prêtre va préparer l’office en la cellule voisine, transformée en chapelle, Masselis se met à écrire une lettre , qu’il chargea son avocat de faire parvenir à sa femme et à sa fille. Voici ce qu'il leur dit :

 

Yvonne et maman,
Je t’écrit ces quelque mots pour te faire savoir que je part pour l’éternelle en disant adieu à toi et maman et courage pour le reste. Je vous embrasse tous les deux et adieu.

Charles Masselis.

 

 

Après l’office religieux, le condamné, très calme, sans hésitation, une flamme de défi dans les yeux, se dirige vers le greffe. A Me Phalempin, qui lui demande s’il n’a rien à faire connaitre, Masselis répond : J’aurais bien des choses à dire, mais à quoi bon. C’est inutile. On attendait un suprême aveu concernant l’assassinat de la petite Notteau. Il n’en fut rien. Il troque sa tenue de prisonnier pour ses vêtements personnels. Au greffe, Masselis absorba le traditionnel verre de rhum et alluma une cigarette. C’est alors que le bourreau en prit possession. La toilette du condamné est faite  sans que le misérable prononce une parole et perde son sang-froid. Il se laisse attacher les mains derrière le dos. Un aide serre vigoureusement les liens qui le ligotent : Pas si fort, c’est inutile, j’y vais de bon cœur, dit paisiblement celui qui va être décapité. On lui entrave ensuite les pieds. .. Et sans la moindre faiblesse, avec crânerie, le voilà parti à la mort, suivi plus qu’encadré par les aides qui l’accompagnent.

 

La cour traversée, il apparait dans l’encadrement de l’immense porte, dont les deux battants viennent de s’ouvrir. Devant la guillotine, il n’a pas le moindre geste de recul. La planche à bascule le reçoit ; les aides lui enserrent le cou dans le collier de métal. Un léger sifflement, un bruit sec. La guillotine a fait son œuvre. Il est 5 h 30.


Et à cet instant précis où le couteau s’abat, des cris s’élèvent soudain. Ce sont Mmes Billaut et Botteau qui, d’un unique élan, lancent à l’adresse du bandit toute leur indignation, toute leur détresse douloureuse. Mais l’ogre d’Haubourdin n’a pu les entendre, il avait déjà reçu le coup fatal. Ce fut le seul incident.

 

Anecdote : En même temps que la lettre, Masselis remit à Me Phalempin divers papiers dont un dessin assez macabre qu’il avait fait pendant sa détention. C’est une série de pierres tombales. Au premier plan, on en voit six. Sur chacune desquelles le condamné a inscrit une épitaphe. Les trois premières mentionnent le chacune des trois petites filles que Masselis a perdues des suites de maladies ; la quatrième porte une inscription : "Charles Masselis, mort assassiné par faute de témoins en 1930" ; la cinquième : "Mme Masselis, morte de chagrin en 1930", et la sixième : "Yvonne Masselis, morte de chagrin en 1930". Voilà quelle était la singulière distraction du misérable en prison.

 

Adaptation d'un article de presse régionale du 21 mars 1930.

 

 

 

Le calvaire de la femme et de la fille de la brute.
Masselis faisait mener à sa femme une vie d’enfer. Quant à sa fille Yvonne, âgée de 17 ans, il lui avait fait subir les derniers outrages, alors qu’elle était âgée de 12 ans. Pour arriver à ses fins, il la menaçait de la tuer, la frappait et lui interdisait d’en parler à quiconque.
Jamais elle n’avait osé se confier à personne de tout cela : Masselis lui faisait peur comme à ses autres victimes.

 

Article de presse régionale d'octobre 1929.

 

Illustration ci-dessus : La guillotine dressée, vue quelques minutes avant l'exécution de Masselis - En septembre de l'année suivante (1931), le magazine Détective revenait sur cette affaire criminelle.

 

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Les agressions sexuelles sur des enfants, comme on peut le voir sur l'exemple ci-dessous (à Somain et Louvroil en 1930), ont malheureusement toujours existé.

 

 

 

 

 

 

Les marques n'hésitaient pas à utiliser l'exécution capitale par guillotine pour promouvoir leurs produits, comme ci-dessus en 1930 pour la Réglisse Rebours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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