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J.L. Guillotin et Louis XVI (Louis Capet), probablement le plus célèbre guillotiné

 

 

 

 

article publié dans un quotidien du Nord en 1944 (occupation allemande):

 

Depuis le 1er juin, les condamnés à mort de droit commun ne sont plus guillotinés, ils sont fusillés. Telle est la conséquence inattendue des événements, qui, en paralysant nos trains, empêchent le transport à pied d’œuvre des "bois de Justice".


Donc, pour la première fois depuis 152 ans, la sinistre "veuve" va prendre des vacances ! Vacances indéfinies, que n’avait point prévues l’Assemblée Constituante, lorsque le 3 mai 1791, elle décréta que "tout condamné à mort aurait la tête tranchée".* C’était, à l’époque, une mesure humanitaire, née de la proposition d’un philanthrope, le docteur Guillotin, député de Paris. "Avec ma machine, je vous fais sauter la tête d’un clin d’œil et vous ne souffrez point !" avait-il dit à l’assemblée, et elle l’avait adoptée, après bien des débats, sans se douter que Guillotin n’inventait rien, qu’en Italie elle existait depuis 1555 et que même en France, dans certaines régions, la guillotine, pour n’avoir pas reçu ce nom pittoresque, n’en fonctionnait pas moins !

 

Ce n’était donc pas une nouveauté. Pourtant, il fallait s’entendre sur la façon dont serait construite cette machine. Guillotin, qui tenait à son idée, consulta l’homme de France le plus expert en ces sortes d’affaires. Il s’adressa au citoyen Sanson, exécuteur des jugements criminels, terrible fonctionnaire, dernier représentant de la cynique lignée des Sanson, bourreaux de Paris de père en fils depuis 1688. Sanson, le bourreau de la Terreur qui, à Thermidor, devait compter 2.800 exécutions de sa propre main, rédigea un rapport expérimental, mais un décret  du 20 mars 1792, relatif à la loi sur "la peine de mort et le mode d’exécution qui sera suivi à l’avenir", parut, accompagné d’un rapport très circonstancié du docteur Louis, secrétaire perpétuel à l’Académie de chirurgie. Rapport qui prévalut et qui faillit valoir au docteur Louis la triste célébrité qui échut définitivement à Guillotin : l’appareil à décapiter s’appela, en effet, "La Louisette" pendant quelque temps et le bon docteur Louis en mourut de chagrin en 1792.

 

La guillotine fut tout de suite célèbre, non pas seulement dans l’horreur – l’Histoire n’a-t-elle pas compté 20.000 victimes pendant la Terreur ? – mais dans la popularité. Alors qu’on n’avait trouvé qu’à grand peine des ouvriers pour la construire, les femmes portèrent de petites guillotines de vermeil aux oreilles, les Parisiens accoururent par milliers à la première exécution, le 25 avril 1792. Mais déçus par la rapidité de la représentation, ils s’en allèrent en chantant :"Rendez-moi ma potence de bois, rendez-moi ma potence !"

 

 

 

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* ce n'est pas sans rappeler la scène du film Le Schpountz réalisé par Marcel Pagnol, dans laquelle Fernandel doit prononcer la phrase "Tout condamné à mort aura la tête tranchée" avec différents tons et expressions.

 

 

 

 

 

à voir, sur ce sujet :

 

La peine capitale

Exécution de Favier à Lille (1911)

Exécution de l'ogre d'Haubourdin (1931)

Exécution capitale à Béthune (1934)

Exécution de Fernand Hubert (1938)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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