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Il y a dans le Nord une chanson que toutes les grand-mères fredonnent à leurs petits-enfants. La plupart du temps, elles ne connaissent que le refrain... Voila ce qu'il raconte:
Dors, min p'tit quinquin, min p'tit pouchin, min gros rojin,
Te m'fras du chagrin si te n'dors point qu'à d'main
Cette douce berceuse s'appelle L'canchon dormoire. Mais elle est bien plus connue sous le nom du P'tit quinquin.
Composée par Alexandre Desrousseaux, elle est devenue une sorte d'hymne régional, la Marseillaise des gens du Nord.
Nous sommes en 1853. A cette époque, Desrousseaux a 33 ans et vit avec sa mère dans le quartier populaire Saint-Sauveur à Lille. Sa voisine est une pauvre dentellière qui a un enfant. Un soir, elle le couche de bonne heure afin de terminer son ouvrage, mais le bébé s'éveille et pleure. Alors, elle tâche d'l'indormir par eun'canchon et lui fait toutes sortes de promesses. rien n'y fait, si ce n'est la crainte de voir arriver Saint-Nicolas armé de son martinet. Alors l'enfant finit par se rendormir... Cette histoire banale a donné naissance à la plus célèbre des chansons en patois de Lille. Desrousseaux interprète ses septs couplets pour la première fois à la fin de l'année 1853. Aussitôt, tout le public la fredonne. Avec les poilus de 1914-1918, elle fera le tour de la France.
Et lorsqu'en 1892, Desrousseaux s'éteint, une immense foule assiste à ses funérailles; en guise de marche funèbre, celle-ci entonne le P'tit Quinquin, pour un dernier homage au chansonnier disparu.
LE P'TIT QUINQUIN
REFRAIN Dors, Min p'tit Quinquin,
Ainsi, l'aut jour eun pauv' dintellière,In amiclotant sin p'tit garchon Qui d'puis tros quarts d'heurre, n'faijot qu'braire, Tâchot d'lindormir par eun' canchon. Ell' li dijot: Min Narcisse, D'main, t'aras du pain n'épice Du chuc à gogo, Si t'es cache et qu'te fais dodo! Au refrain Et si te m'laich'faire eun' bonn' semaine,J'irai dégager tin biau sarrau, Tin patalon d'drap, tin giliet d'laine... Comme un p'tit milord te s'ras farau ! J'tacat'rai, l'jour de l'ducasse Un porichin. Il' cocasse, Un turlututu, Pour jouer l'air ducapiau-pointu... Au refrain Nous irons dins l'cour Jeannette-à-Vaques,Vir les marionnett's. Comme te riras, Quand t'intindras dire:"Un doup" pou' Jacques ! Pa' d'porichinell' qui parl' magas. Te li mettras din s'menotte, Au lieu d'doupe, un rond d'carotte ! It' dira merci !... Pins' comme nous arons du plaisi !... Au refrain |
Et si par hasard sin maite s'fâche,
Allons serr'tes yeux, dors min bonhomme L'mos qui vient, d'Saint'Nicolas ch'est l'fête. Au refrain Ni les marionettes, ni l'pain n'épice N'ont produit d'effet. Mais l'martinet A vit'rappajé l'petit Narcisse, Qui craignot d'vir arriver l'baudet. Il a dit s'canchon dormoire... S'mér' l'a mis dins s'nochennoire: A r'pris sin coussin, Et répété vingt fos che r'frain. Au refrain |
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OCTOBRE 1953 - ON FETE LE CENTENAIRE DU P'TIT QUINQUIN
Il y a cent ans, exactement le 12 novembre 1853, était chantée pour la première fois, la "canchon dor moire" de la pauvre dentellière qui devait servir de cri de ralliement aux gars du Nord en 1914, 1940 et 1945, et devenir le chant propre aux "nés natifs" de Flandre Française. Pour commémorer cet anniversaire, les "Amis de Lille" et leurs amis des "Provinces Françaises" et des "Rosati" réunis en Comité, ont décidé d’organiser une semaine glorieuse de Lille et du Nord, à l’instar de celles qui se déroulaient avant guerre dans la première quinzaine d'octobre. Cette semaine — du vendredi 9 octobre au dimanche 18 — revêtira un caractère tout à fait typique de régionalisme.
Le Comité du Centenaire du "P'tit Quinquin", composé de MM. Augustin Laurent et Le Sénéchal, présidents des Conseils Généraux du Nord et du Pas-de-Calais, comme présidents d'honneur; Me Kah, président actif; Jean Piat, des "Rosati" ; Me Rohart, des "Amis de Lille", et Jean Ciblé, des Provinces Françaises", commissaires généraux, a arrêté dans ses grandes lignes le programme de ces fastes régionaux.
Les fêtes débuteront à Paris, le vendredi 9 octobre, où le Président de la République recevra â l'Elysée la Chorale Desrousseaux, dite des "Sans-Soucis", qui compte maintenant quelque soixante années d'existence. Line Renaud, artiste septentrionale, chantera à cette occaeion Le P'tit Quinquin, et J-H. Louwyck, le romancier bien connu, lauréat des Rosati, récitera un court poème en l'honneur du pasquilleur et chansonnier lillois.
Le 10 octobre, les "Provinces Françaises" féteront avec éclat, à Lille, les deux frères du P'tit Quinquin, MM. Bracke-Desrousseaux et Georges Desrousseaux, qui se déplaceront spécialement dans la capitale des Flandres, pour honorer la mémoire de leur père. Une réception sera ménagée à la Préfecture, suivie du grand banquet annuel des Provinces Françaises et d’une retraite aux flambeaux.
La Journée du dimanche 11 octobre verra une émouvante cérémonie, organisée à ia maison natale de Desrousseaux, rue St-Sauveujr, où une plaque sera apposée sur la façade.
A 10 h., réception a la Mairie.
A 11 h., au square du "P’tit Quinquin", hommage aux Héros de Flandre.
Des réjouissances populaires, ainsi qu'un grand gala gratuit, occuperont toute l'après-midi dominicale.
Le 12 octobre sera célébrée l'inauguration de la semaine du Livre Régional, avec une vente spéciale des œuvres du chansonnier-pasquilleur.
Le 13 octobre : Journée des Vieux et Journée Franco-Belge, centrée sur l'héroïque figure de Léon Trulin.
Le 14 octobre sera la Journée de la Bière.
Le 15 octobre sera consacré aux "P'tits Quinquins" du Nord, qui pourront se réjouir avec des séances de marionnettes et applaudir un concert au Jardin Vauban.
Le 16 octobre : Journée de l'Enseignement, au cours de laquelle sera faite une conférence intitulée : "Desrousseaux, fils des Trouvères". Ce jour-là, la plaquette d'honneur des "Amis de Lille" sera remise à Mme Maurice Carniaux, veuve de l'auteur de "Gens et Paysages du Nord", mort en déportation.
Le 17 octobre, à 11 h., sera inaugurée l'exposition consacrée aux objjets et œuvres de la gloire locale : le chansonnier Desrousseaux, qui rassemblera du 17 au 31 octobre, dans la salle Roger Salengro, les œuvres, manuscrits, assiettes, pipes et bustes du petit filtier, devenu poète patoisant. Les "Amis de Lille" font d’ailleurs appel à tous les particuliers qui posséderaient des objets ou manuscrits de Desrousseaux, de bien vouloir en avertir le Secrétariat, afin que ces objets soient exposés au cours de cette manifestation du Souvenir.
A 15 h. 30, au Palais Rihour, remise des prix du Grand Concours des Etalages, centré sur la figure de Desrousseaux.
Une médaille du Centenaire sera frappée â cette occasion, et un char sera promené de par la ville, portant la populaire dentellière, entourée d'une Chorale ambulante, qui interprétera les ravissantes chansons de l’auteur lillois.
Enfin le 18 octobre verra la fête du Régiment des "P'tlts Quinquins",. où la 43e Brigade d'Infanterie célébrera avec éclat le cinquantenaire de son Amicale régimentaire. Maurice Bellonte, l'aviateur du Nord, vainqueur de l'Atlantique, présidera la série de manifestations organisées dans lé cadre de ce cinquantenaire et le banquet servi à la citadelle.
Ainsi le Nord sait exalter de fort digne façon les richesses artistiques et folkloriques de son patrimoine local et mettre à l’honneur les petites gens comme Dearousseaux qui, de simple ouvrier au sarrau bleu bordé de coton blanc, se trouva à point voulu pour recueillir, au milieu du XIX"’ siècle, les chansons populaires prêtes à tomber dans l’oubli et devint un poète aussi délicat qu’observateur amusant.
Le Nord sait se souvenir et sait remercier !...
Les gens du quartier Saint-Sauveur et les membres de la Chorale des "Sans-Souci" en sarreau bleu et foulard au cou, se sont rassemblés près de la maison natale d'Alexandre Desrousseaux.
Dans le cadre du Centenaire du P’tit Quinquin, d'importantes manifestations ont eu lieu à Lille, dimanche. Le matin, une plaque a été inaugurée à la maison de Desrousseaux, l'auteur de la chanson. Toutes les personnalités régionales étaient réunies devant l'humble café du quartier Saint- Sauveur. Puis des fleurs furent déposées au monument du P’tit Quinquin. Des discours y furent prononcés, notamment par M. Barrachin, ministre d’Etat.
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Buvard pour une marque de fromage Maroilles et dessin de Leopold Simons.
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