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Parmi les visages de l'Amour qui font battre le cœur des hommes, un des plus doux est assurément l’attrait du Pays natal. L’Amour est un sentiment où réside le sens de la vie. L'Amour du Pays natal fleurit dans les nids, les berceaux et embaume la terre des morts. L’oiseau aime son nid, le sauvage tient à sa hutte, le pauvre à sa chaumière, le noble au manoir de ses ancêtres.


Le Clocher
L'attrait du Pays natal et du clocher attendrit les cœurs les plus endurcis, voire les plus souillés. Tous les poètes et écrivains l'ont célébré :
Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance

disait Chateaubriand dans un poème qui n'a pas vieilli. Brizeux, le chantre émouvant de la Bretagne, parlait ainsi de son lieu natal :
--Ne quittez jamais, c’est moi qui vous le dis
--Le devant de la porte où l’on jouait jadis.

Plus près de nous, la chanson populaire normande nous dit :
--J’irai revoir ma Normandie.
--C'est le Pays qui m’a donné le jour.

Et chez nous, un patoisant septentrional a pris pour devise :
--Y n'a rin d’ pus bon qu'inn' ma mére.
--Y n'a rin d’ si beau qu' sin Pays !

Le Pays natal c'est le lieu familier où. dans le giron maternel, à l'ombre du clocher, les yeux de l'enfant s'ouvrent émerveillés à la vie. La rétine du bambin est impressionnée pour toujours du paysage dont l’ homme se souvient à toutes les étapes de l'existence L'Amour du clocher, autour duquel se serrent frileusement les maisons de nos villages, embaume le cœur des hommes, comme un parfum persiste dans le flacon de cristal, longtemps encore après qu'il l'a quitté.


Harmonies familiales
Ce qui, par ailleurs, donne un prix plus grand au Pays natal, ce sont les harmonies qui bercent l'enfance de l'homme. C'est d'abord la chanson de la mère qui endort son petit. Ainsi la dentellière de Desrousseaux berçait. Jadis, son "P'tit Quinquin" pour l'endormir. Pour ceux de la forêt, ils garderont, à part eux-mêmes, comme un enchantement, des métamorphoses des bois, de la musique des nids, de la plainte du vent et de la vie intense et profonde qui circule dans ses profondeurs mouvantes. Ceux des villages n'oublieront pas, si puissants ou si misérables qu'ils soient devenus, la chaumière ou l'humble maison paternelle qui se reflète dans les eaux d'un ruisseau musical où s'écoulaient de douces soirées d'hiver autour de la table de famille et les soirs d'été au charme agreste. D'autres se souviendront avec émotion de leur père, un brave ouvrier des champs courbé par l'âge, ou d'une maman au bon sourire qui présidait avec autorité au maigre budget familial. Ceux de la ville, de l'usine ou de la mer évoqueront, à certaines heures, le mall tranquille ou le beffroi de la cité quiète, soit le sifflet strident des sirènes d'usine, les "covrs", les "garnis" des quartiers populeux de la ville ouvrière où la mère préparait le lait battu ; soit encore la vie souterraine et réaliste de la mine et des "corons chers à Zola ou enfin d'autres ressusciteront avec émotion, dans une odeur de goudron et de marée, la barque du père, un rude pécheur qui conserve de sa lutte incessante contre la mer un visage grave. Chacun de nous aime à se remémorer les fêtes, les jeux, les lieux et les visages de son enfance. C'est toujours à l'imagine enfantine qu'il aura recours pour charmer les heures grises de la vie.

 

Nostalgie
La nostalgie est un mal dont souffrent ceux qu'un amour trop vif attache du sol natal. Ce sont les cœurs trop aimants qui dominent la volonté de ceux qui ne peuvent se séparer de leur Pays et des affections qui les y rattachent. Les exilés ressentent avec une acuité particulièrement vive l'éloignement des paysages et des êtres chers. Il est toutefois à noter qu'en certains cas, le spleen, la mélancolie ou « mal du Pays », sont souvent d'ordre physiologique et relèvent alors de la médecine. Le nostalgique voit passer sur l'écran de son imagination enfiévrée, le clocher du village natal, les amis d'enfance, une humble tombe au cimetière où reposent les vieux parents. Parfois il croit entendre le bruit des cloches natales, un refrain d'autrefois qu'il chantait aux jours de son enfance. L'exemple le plus typique de nostalgie est le « Ranz des vaches ». Le « Ranz des vaches » est cet air bucolique que jouaient les bouviers suisses, dont le charme était si prenant que, jadis. il provoquait la désertion de tant de soldats suisses à la solde de la France, qu'on dut l'interdire.
Objets inanimés...
"Objets Inanimés, avez-vous donc une âme ?" chantait l'harmonieux Lamartine dans"Milly" ou la "Terre natale". Rien de plus vrai. C'est pour cette raison que beaucoup de nos grands hommes ont voulu reposer dans leur terre natale. Témoins Chateaubriand, qui dort son dernier sommeil dans la hautaine solitude du rocher breton "Le Grand Bé" à Salnt-Malo, et Pierre Loti qui, après avoir couru le monde, se fit enterrer à même la terre du calme jardin de l'ancestrale "maison des aïeules", dans l'Ile d'Oléron.
L'Amour du Pays natal qui réside dans un paysage familier, un visage aimé, une chanson du terroir, le cœur d'une mère est l'acception la plus heureuse de la Patrie, de cette patrie qui fait que l'esprit national n'altère jamais dans les cœurs le sentiment de l'Humanité

 

article publié en 1938

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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