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L'ancêtre de notre soutien-gorge actuel a peut-être plus de 4000 ans ! Que de changement depuis...Un bas-relief sumérien et une terre cuite datant du début du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, représentent deux femmes vêtues, l'une d'un pagne, l'autre d'un slip. Dans les deux cas le reste du corps est nu. Des fouilles entreprises dans les tombes de la ville de Suse - capitale de l'Elam - ont permis de découvrir une paire de couvre-seins. Cependant, aucun document ne permet d'affirmer qu'à cette époque les femmes portaient ce que nous serions tentés d'appeler le "soutien-gorge". Cette paire de couvre-seins n'étant, peut-être, qu'une partie du costume funéraire.

 

 

 

 

EMPÊCHER LA POITRINE DE BOUGER

 

A Cnossos (Crête), vers 2100 avant J.-C, le corsage se porte ouvert par-devant jusqu'à la taille et remonte sur la nuque à la manière des cols Médicis. C'est à peu près à cette période que le corset fait son apparition sous forme de lamelles de cuivre qui affinent la taille et donnent du galbe aux seins nus.Au deuxième millénaire, sous le règne de Ramsès, les Egyptiennes portent une robe sous forme dépouillée, le sarrau. Comme le sens de la pudeur n'existe pas, le sarrau découvre les seins et met ainsi la poitrine en valeur.

Nues sous leur péplos, les femmes grecques, si elles portent un corsage, le lacent au-dessous des seins et gardent la poitrine dévoilée. Corsets et crinolines sont interdits, aussi, les Grecques adoptent-elles très vite l'apodesme, bandelette d'étoffe qu'elles enroulent sous les seins defaçon à en soutenir et à en contenir la base. La célèbre Victoire de Samothrace, érigée vers 305 avant J.-C. dans l'île du même nom, possède, serrée sous les seins, une bandelette d'étoffe, l'apodesme. En réalité, l'apodesme ne servait pas à mettre la poitrine en va-leur mais plutôt à l'empêcher, pendantla marche, de bouger.Les dames romaines adoptèrent àleur tour l'apodesme, n'en changeantque le nom. Apparurent donc le mamillare, le fascia, le capitium et la toenia. Pour serrer les seins, dans le but d'en freiner la croissance, les jeunes filles portaient le large fascia. Si, au contraire, la poitrine s'était épanouie, le mamillare, véritable écrase gorge en cuir, s'employait à l'effacer. Le strophium, plus répandu, soutenait les seins sans les opprimer. Le zona, petite cordelière nouée autour des hanches, permet de relever la tunique longue. Le zona se porte également avec le cestus, qui enveloppe le corps à la manière du corset et qui est fait de peau brodée. En Sicile, les jeunes sportives portaient une sorte de slip et une bande recouvrant et maintenant les seins. Le deux-pièces actuel, en quelque sorte !

 

 

 

 

DU CORSET AU SOUTIEN-GORGE

 

L'Arc de triomphe d'Orange possède une fresque sur laquelle on peut voir deux femmes gauloises, torse nu, po-tant une longue jupe. Ce n'est qu'après les conquêtes de Jules César que le bandeau fait son apparition en Gaule. Au XIIe siècle, les femmes portent la basquine, sorte de corset en toile raide qui étrangle la taille. Un siècle plus tard, le corset moule le buste et l'on porte, par-dessus, la gourgandine (corsage). C'est au XIIIesiècle que l'on peut lire dans la vitrine d'une corsetière: "contient les forts, soutient les faibles, ramène les égarés".

Au XIVe siècle, la ceinture devient très large et soutient la poitrine. Cependant, le port de la ceinture ne se généralise pas, et dans certaines régions de France elle est tout simplement interdite. C'est ainsi qu'un édit de Strasbourg, daté de 1370, exige "qu'aucune femme ne se soutienne la poitrine, que ce soit par disposition de la chemise ou par robe lacée".Houppelande et cotardie, sous Charles VII, s'ouvrent en pointe et sont ornées de revers de velours ou de fourrure. La poitrine, quant à elle, est recouverte par une pièce de drap triangulaire et un léger fichu de gaze: la gorgerette. Le corset se porte toujours très serré, quitte à déformer la cage thoracique. Le corset va cependant être bannis ous la Révolution. Les seins ne sont plus soutenus et l'opulence de la poitrine est obtenue grâce à un fichu noué sous la gorge. Sous l'Empire, le corset "à la N-non" est dissimulé sous la robe. Ce corset va subir des transformations de façon à respecter la mode du moment. C'est à cette époque que le corsetier Leroy, pour respecter la mode qui est aux seins très écartés, lui adjoint les premières baleines.

Avec le XXe siècle, et tout de suite après la Grande Guerre, les mœurs se modifient profondément; les dessous féminins aussi. Le corset devient plus souple, le bandeau de l'Antiquité réapparaît sous la forme du soutien-gorge. Le premier soutien-gorge est créé en 1912*, mais trop lourd, d'un port peu pratique et son usage n'arrive pas à s'imposer. Il se porte, tout d'abord, sur la chemise et écrase les seins plus qu'il ne les soutient. En 1932, sa forme se modifie sensiblement et il est plus profond. Ce sont en fait les grands maîtres de la couture, tel Paul Poiret, qui, conseillant à leurs clientes de le porter à même la peau, recommandent l'usage et le port du soutien-gorge.

 

paru dans un quotidien en 1985.

 

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* Herminie Cadolle est la créatrice du premier soutien-gorge moderne, le "corselet-gorge" (pour avoir eu l'idée de couper le corset horizontallement en deux parties). C'était en 1889.

Il fut présenté à l’occasion de l’exposition universelle de 1889. Mais ce n'était toujours pas confortable. C'est donc le 12 février 1914 que le brevet d'un soutien-gorge séparant les deux seins sera déposé par une Américaine. Mais on parlat déjà de "soutien-gorge" dans le dictionnaire Larousse en 1904.

 


 

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A la mode dans les années 1940-1950, le "soutien-gorge obu" (bullet bra) qui inspira Jean-Paul Gaultier pour "habiller" Madonna (Blond Ambition Tour - 1993)

 

 

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En 1968, les féministes disent "non" au soutien-gorge et les brulent, comme ici à Atlanta (Etas-Unis) en novembre 1968

 

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SOUTIEN-GORGE OU PASSOIRE A THE ?

 

Il y a exactement 100 ans que l'on construisit en Angleterre une monture de fil de fer et de soie, qui, à la grande surprise des dames, devait améliorer le port de la poitrine. On ne peut nier une certaine similitude entre cet "améliorateur de poitrine" et une passoire à thé.

Malgré cela, cette invention stupéfiante, brevetée en 1887, fit son chemin. Tout d'abord aux Etats-Unis, où on pouvait l'acquérir par commandepostale auprès de la Société Stokes, Thompson and C°, Agents, 235 Chestnut Street, Philadelphie, pour la somme de 75 centimes. L'industriel Hugo Schindler ignorait ce fait lorsqu'il inventa un soutien-gorge pour remplacer le corset. Ce fabricant, reçut pour cette invention, dans l'ancien empire Austro-Hongrois, le 3 septembre 1981, le N° 62641 de la licence impériale.

L'inventeur suivant fut une femme.Le 5 septembre 1899, la licence impériale N° 110888 fut accordée à Mlle Christine Hardt de Dresde sous l'appellation "maillot féminin pour le soutien de la poitrine". "Le but de ce maillot" - dit le texte de la licence - "consiste, avant tout, à garder les seins debout". Mlle Hardt possédait certes, un esprit inventif, mais aussi celui pratique d'une ménagère: les bretelles ne sont pas fortement fixées au maillot, mais simplement retenues par des boutons, afin qu'il soit lavé facilement.

Il y eut de plus en plus d'inventeurs. En 1912 le "soutien-gorge Hautana sans renfort et à porter à même la peau", du fabricant de corsets Sigmund Lindauer de Stuttgart, fut trouvé digne de brevet. L'idée de son invention lui vint, paraît-il, lors de son voyage de noces à Paris et, probablement impatienté d'avoir à ouvrir tous les crochets et les boutons de sa bien-aimée, l'idée jaillit.

En 1913, Wilhelm Meyer-llscher obtint la licence N° 346 pour son "idée et construction de support de poitrine sans partie inférieure". On peut qualifier de génial dans sa simplicité l'idée du soutien-gorge suivant: l'américaine Mary Anne Phelp-Jacobs, digne fille de son père (Robert Fulton) qui venait d'inventer le bateau à vapeur, concentra son ingéniosité sur un problème plus intime: elle noua deux mouchoirs de soie ensemble et y attacha des rubans. La licence date de 1914 et cette nouveauté fut acquise par la Warner Brothers.

Alors vint le temps où plus uniquement les inventeurs mais aussi les femmes purent avoir accès au soutien-gorge. Le corset n'était plus à la mode et c'est avec un soulagement non diss-mulé qu'elles se ruèrent sur cette nouvelle pièce de lingerie.

Jusqu'à nos jours elle est restée irremplaçable. Des matériaux nouveaux (et beaucoup d'autres licences) ont rendu le soutien-gorge aussi léger qu'une plume et aussi souple et doux qu'une seconde peau. Même les femmes les plus jeunes, les plus "up to date" apprécient sa séduction câline: agréable à toucher, doux à porter, séduisant â regarder... pour soi-même et pour les autres.
(Triumph International)

 

paru dans un quotidien en 1986.

 

 

 

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lu dans un hebdomadaire en décembre 1952 la photo de gauche est extraite de l'article) :

 

LE SOUTIEN-GORGE GONFLABLE (SCANDALE)

 

La France, pays des grandes idées, présente le soutien-gorge gonflable "Very Secret" fabriqué par "Scandale". Angelvin, de la télévision, essaye l’appareil. Une mauvaise langue dirait : pendant ce temps il se tait !

 

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à voir également :

le Corset

la chemisette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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