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Le corset aurait quatre mille ans.
Des millions de femmes se laissaient modeler de force par le corset. L'impératrice Elisabeth d'Autriche - Sissi - mettait une heure pour réduire son tour de taille à 50 cm...
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Twiggy aurait été battue à plates coutures... Le tour de taille moyen des mannequins parisiens, en 1889, ne dépassait pas 56 cm. Pour être "comme il faut", une dame n'avait pas le choix: il lui fallait absolument approcher ces dimensions idéales. Heureusement, le corset pouvait lui offrir l'aide - appuyée - nécessaire ! À Londres aussi, dans un pensionnat pour jeunes filles, le corset se laçait un peu plus serré chaque mois. Résultat, une jeune fille de 15 ans entrée avec un tour de taille de 83 cm, se retrouve deux ans plus tard à... 53 cm. Il existait bien des "trucs" pour travailler à domicile sa beauté et sa minceur. Il se trouva ainsi une revue de mode pour conseiller aux mamans de coucher leurs filles face contre terre et de poser un pied sur leur dos pour obtenir un laçage plus serré. "Il faut souffrir pour être belle", cette maxime aida des millions de jeunes filles à se laisser modeler de force par leur inévitable compagnon, le corset.
RÉPRIMÉ COMPRIMÉ BRIMÉ
Car cet "instrument de torture" à la mode au siècle dernier, semble avoir vu le jour voilà 4000 ans: les fresques de Knossos(Crète), nous montrent de gracieuses et frêles adolescentes en jupes cloches, pourvues de poitrines pigeonnantes, et dont la taille de guêpe laisse présumer le port d'une sorte de corset. En fait, les rondeurs ont rarement été appréciées, tout excédent étant systématiquement réprimé, comprimé et brimé ! Au Moyen Âge, la "taille" ou "corsage" si contraignant faisait partie intégrante de l'habit féminin. Plus tard seulement, le corset devait devenir une pièce de lingerie à part entière, propre à couper littéralement le souffle.
BALEINES EN MÉTAL
Il s'agissait d'armatures rigides en bois courbé, de fils métalliques ou de baleines, souvent recouverts de matériaux luxueux. On le portait tantôt au-dessus d'une chemisette, tantôt à même le corps, qu'il comprimait pour lui donner la forme exigée par la mode.A l'origine, le corset était fabriqué par les tailleurs, mais dès 1820, la production fut assurée en usine. Avec ses agrafes et ses œilletons, il allait longtemps jouir d'une renommée mondiale. Reines ou servantes, "locomotives" comme la Grande Catherine ou les cocottes parisiennes, femmes du monde ou filles de ferme, sans exception de pays ou de milieu social, il ne se trouvera personne doué d'assez de souffle pour se libérer des contraintes de ce sacré corset ! On trouve au Musée de Cluny à Paris, un corset ayant appartenu à Marguerite de Valois (1553-1616).
PÂLEUR INTÉRESSANTE
Fait de baleines en métal, il transformait la Reine en véritable armure. Catherine de Médicis réussit à comprimer sa taille jusqu'à... 32 cm. Et l'Impératrice Elisabeth d'Autriche (1837-1898) avait besoin d'une heure entière pour arriver à 50 cm. La surcompression conférait au visage des dames une "pâleur intéressante", quand elle n'allait pas jusqu'à provoquer un accouchement prématuré. Difficultés respiratoires, problèmes de circulation et autres troubles digestifs étaient a l'ordre du jour, mais toute mise en garde médicale restait vaine: la taille de ces dames devait pouvoir être entourée des deux mains.
RESPIRER ENFIN Le pire restait à venir. En 1902, Gache-Sarraute inventa un nouveau corset, popularisé par Lillie Languy, favorite du roi Edouard VII d'Angleterre. Une longue tige verticale, en acier, pressait le devant du corps vers l'arrière, creusant le dos en demi-cercle. L'abdomen, l'estomac et le buste étaient remontés sans pitié par le laçage. Le profil des femmes courbé en S, n'était pas sans rappeler celui du cygne. Ce corset, baptiséle "sans ventre", fut longtemps le favori des dames soucieuses de la mode. Les femmes plus modernes, par contre, adoptèrent assez rapidement la "robe-réforme" qui leur permettait de respirer enfin.
93-62-90 Aujourd'hui encore, il arrive que l'on consulte le mètre-ruban quand il est question de beauté. Mais alors que les dames du temps jadis n'étaient concernées que par la minceur de leur taille, on se préoccuppe maintenant également du reste du corps. Chacun sait que 88-59-89 n'est pas un numéro de téléphone, mais les mensurations d'un mannequin. La playmate du mois dernier annonçait 93.62.90 - sans corset bien sûr. Si vous n'êtes pas tentée de poser topless et si vous préférez offrir à votre silhouette un léger maintien, les bodies actuels, confortables et aériens, sculpteront votre corps en douceur et de manière invisible.
paru dans un quotidien en 1987. |
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