Il n’est pas facile de filmer des gestes fulgurants, des plans  qui ne durent que quelques secondes sur un plateau circulaire. Problème constant de cadrage, problème constant d’éclairage. Margaritis, sur la piste aux étoiles, se dédouble : l’œil du vieux routier du cirque saisit ce qui fait l’originalité  et la valeur comique ou acrobatique de chaque numéro ; l’œil du vieux renard de caméra prévoit des angles de prises de vue et les difficultés d’éclairage.

 

La réalisation de La Piste aux Etoiles s’opère en trois temps : j’auditionne la musique d’accompagnement. Chaque artiste a réglé son numéro sur une musique donnée. Je dois m’assurer qu’on n’a pas trop sacrifié aux airs à la mode et que l’accompagnement souligne le numéro. Deuxième phase : une répétition. Je regarde les numéros en spectateur et je bâtis mon émission au fur et à mesure. Troisième phase : le tournage. Je m’installe dans le camion de régie, dans la rue, devant le Cirque d’Hiver et dans la cabine, je choisis sur les six caméras  comme si je passais en direct. L’émission est ampexée* pour être programmée en différé.

 

Périodiquement, il reprend le numéro de ses débuts avec son partenaire Roger Caccia. C’est seulement en tant que Chesterfield qu’il consent pour un instant d’être réalisateur. Il ramasse dans un coin son violoncelle et nostalgiquement en gratte les cordes puis il porte la main à son menton : il fut une époque où il portait une fausse barbe !

* Enregistrée par un magnétoscope AMPEX