ACCUEIL | TELEVISION | 1951 - TELE-LILLE DANS UN PLUS GRAND STUDIO |
La station de télévision "Télé Lille" est née le 25 avril 1950. Elle est inaugurée par Pierre-Henri Teitgen, ministre de l'information. C'était la première antenne de province de la RTF.
100 candidates pour un poste de speakerine à Télé-Lille !
A quelques jours de la mise en service de la Télévision à Lille, on ne sait encore qui présentera les programmas aux télé-spectateurs. Un concours avait été ouvert récemment pour découvrir "la perle" de lécran, simple, charmante et intelligente qui prêterait à la radio, l’expression de sa voix, et à la télévision, la grâce de son sourire. Pour y participer, il suffisait de posséder la nationalité française et d'être àgee de 20 ans au moins.
La nouvelle que la Télévision recherchait une speakerine a créé un certain émoi chez les jeunes filles à la recherche d'une profession qui les mette en valeur. Télé-Lille n'est pas Hollywood, mais quand même...
Une centaine de candidates ont déjà répondu à l'invitation qui leur avait été faite. La plupart demeurent dans la région et elles attendent avec impatience, le jour rêvè, où elles pourront accomplir leur petit bout d'essai. Car toutes ces jeunes filles ont à subir une première épreuve éliminatoire devant le micro. On y jugera leurs qualités vocales et la valeur de leur bagage artistique, musical et littéraire.
Puis un essai devant la caméra leur sera proposé. Il s'agira cette fois de vérifier leurs qualités photogéniques et plastiques. Le naturel de leurs mouvements, la simplicité de leur tenue et le caractère personnel de leur visage entreront en ligne de compte...
Ensuite ce sera le jour "J".
25 avril 1950 : lancement de Télé-Lille !
La télévision lilloise n’est plus un mythe. Sans doute longtemps en avait-on parlé, longtemps la date de l’inauguration officielle avait-elle été ajournée, longtemps avait-on cru (sans plus...) aux promesses. le 25 avril 1950, les faits parlaient : Lille possèdait maintenant le premier centre mondial de télévision à haute fréquence (819 lignes).
Les techniciens discourront encore de longues années sur les mérites de cette formule, mais la capitale des Flandres est désormais la première ville de France et du monde à pouvoir s’enorgueillir d'un matériel complet et moderne permettant des émissions suivant cette formule supérieure à toutes les autres. Devant cet événement sans précédent dans le monde de la technique, M. Pierre-Henri Teltgen, ministre d'Etat chargé de l'information, n'avait pas hésité à venir à Lille pour l’inauguration de la station. Arrivé à la gare à 14 h. 15, il se rendait immédiatement, avec sa suite, à la Maison de la Radio, 36, boulevard de la Liberté, où se déroulait la première partie des cérémonies.
Dans les nouveaux studios de la radio, le studio n° 6. plus précisément, des postes récepteurs de télévision transmirent devant un public sans cesse renouvelé les premières images de la télévision lilloise. De nombreux autres postes, répartis à travers la ville, remplirent ce rôle d’inhia- tion, mais tous ne fonctionnèrent pas très bien. Quant à ceux de Radio-Lille, d’une réceptivité parfaite, ils firent l'étonnement et la joie du public. A vrai dire, personne ne s'attendait à voir aussi nettes les images de l’écran. En particulier, quelques anciens qui avaient vécu les premiers moments — vraiment inintelligibles de la T. S. F. — et qui pouvaient désormais mesurer les ressources techniques et l’inventivité de l'esprit humain, plus du tout à ses premiers balbutiements.
D'autant que le programme réalisé, s'il n'était pas toujours à la hauteur des vœux des spectateurs — car il faut ici se faire un nouveau code esthétique et expressif — sut donner un aperçu des futures réalisations. Le voici :
- Les Carottes sont cuites, saynète patoisante de Simons, interprétée par Line Dariel et l'auteur
- Extrait du film de Jean Beyer, Tous les chemins mènent à Rome, avec Micheline Presle et Gérard Philippe
- La Mode (présentation d'un mannequin).
- Phidylé, mélodie de Duparc chantée par Colette Riedinger
- Le Voleur de Paratonnerre, dessin animé de Grimaud (film)
- Tagora, dans ses numéros
- Jimbo l'Eléphant,dessins de Léo Wibo.
- Li Chung Zsaï
- Greniers des Neiges, documentaire (film)
- L'Enfant et le Jouet, une émission de caractère éducatif (films)
Après cette première vision, un vin d’honneur fut servi dans le studio n° 4. Après la réception à Radio-Lille, la longue fille des voitures des officiels prit la route pour l'Hôtel de Ville, où la municipalité avait organisé une réception télévisée en direct.
Un vin d'honneur mit fin à cette réception.
Nicole Gunderman sera la première speakerine de Télé Lille
C’est le samedi 6 mai, de 21 h. à l'aube, que l'Amicale du Personnel de radio-Lille donnera au profit de ses de ses œuvres sociales, au Grand Palais de la Foire Commerciale, une soirée dansante intitulée : "Grande Nuit de la Radio et de la Télévision". qui sera assurée du concours du Ciné-Club des Flandres.
Cette soirée familiale comportera un bal costumé : 1900 contre 1950. Trois orchestres : l'un de valse, dirigé par Paul Roure ; l'autre de jazz, sous la baguette d'André Cappelier et le troisième, champêtre, coopéreront au succès de cette manifestation.
On pourra aussi applaudir de nombreuses attractions, telles les danseuses "french-cancan" dirigées par Ginette Pacary ainsi que Colette Reidtnger et André Cappelier.
Au cours de cette soiree, les danseurs seront filmés et photographiés. Le film réalisé à cette occasion par des membres du Ciné-Club des Flandres sera télévisé ultérieurement et pendant la Foire Commerciale ; il passera aussi sur l'écran d’un grand cinéma de Lille.
Au cours de cette "Nuit de la Radio et de la Télévision", aura lieu l’élection du Couple Parfait 1900 et du Ccuple Idéal 1950. Aussi va-t-il sans dire que les invités — qui gardent la nostalgie de la "belle époque" — seront bien inspirés de revêtir des atours à la mode 1900...
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1er mars 1951 : Télé-Lille a un nouveau studio !
A partir du 1er mars 1951, Télé-Lille va reprendre ses émissions dans un plus grand studio, encore modernisé.
Chaque lillois sait, à présent, que la grosse verrue qui, un beau jour a poussé sur le nez de notre gigantesque beffroi, est tout simplement l'émetteur-récepteur de "Télé-Lille". Les gosses de Saint-Sauveur lui ont trouve un autre nom : "L'paraplu du paratonnerre".
Mais ce qu'on ignore, c’est que pour faire fonctionner la Télé, il faut, non seulement du matériel ultra-moderne, mais encore de la place pour y loger tout le mécanisme. Logée dans le "grenier" de l’Hôtel de Ville (oh !... rassurez-vous, un grenier qui n'en a que le nom !...), Dame Télé se trouvait tant soit peu à l'étroit. Et depuis quelque temps, elle... s’agrandit. Voulez-vous me suivre ? Nous allons visiter le chantier. Des l'arrivée, dans ce qui fut le hall et l’entrée des artistes, des tentures vertes sont encore posées â même les murs. Dans le fond, un grand Christ étend ses bras. C'était ici que l'on radiodiffusait les messes et les cérémonies religieuses. L'autel est enlevé et il ne reste que de grands candélabres.
Derrière ce qui fut la "Chapelle de la Télé", des ouvriers s’affairent. Des menuisiers dressent les cloisons ; elles sont bizarrement construites, les parois sont disposées en zig-zag. A notre question, M. Carpentier, le chef du groupe, qui a bien voulu nous servir de guide, nous explique que cette forme est nécessaire pour l'isolement du son. D'autres ouvriers à coups de burins, font des trous dans le ciment (qui est de toute première qualité, nous disait l'un d’eux, car il nous faut de solides outils...) ; on y fixera des voûtes en contre-plaqué. Toujours pour le son !
Dame-Télé n’avait, avant, qu’un tout petit studio. A partir du 1er mars elle sera mieux logée et elle pourra présenter aux amateurs de télévision des spectacles de plus grande envergure.
Et l'on installe aussi un émetteur plus puissant, de 3 Kw, pour les images, et de 800 watts pour le son.
La querelle des 819 lignes et des 441
Comme nous avions la bonne fortune d’avoir â nos côtés M. Carpentier, nous avons essayé de "le coller", comme les lycéens tentent parfois de faire â M. Champagne.
— Est-il vrai, avons-nous demandé à ce technicien, qu'à Paris, on fait passer les signaux produits par l’équipement de prise de vues 819 lignes sur l'émetteur 441 lignes?
— C'est très exact, les techniciens parisiens ont pensé ainsi apporter une solution en mettant au point des "adaptateurs" qui permettent à un même appareil de fonctionner sur l'une ou l'autre définition.
— Et ici à Lille, la chose est-elle faisable ?
— Evidemment, nous fut-il répondu. Mais ce doublage entraînerait de trop gros frais. Il faut, en effet jouer deux fois le même spectacle pour les deux définitions. N’ouhliez pas que le poste de Lille, créé par arrêté ministériel, a aussi fixé ses normes et la définition est de 819 lignes. En attendant ce 1er tnars, date à partir de laquelle le Poste Télé de notre Région, sera deux fois plus fort : et en émission et en programme, on "passe" des films. Dans une petite salle assez obscure, nous avons vu les dérouleurs ; des spécialistes, en blouse blanche, manipulent des tas de boutons et abaissent ou relèvent des manettes.
Allons ! La fée Electricité n’a pas éncore dit son dernier mot !
article publié en février 1951
Télé Lille diffusera son propre journal télévisé le 29 juin 1951 depuis ce nouveau studio.
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Télé Lille quitte le beffroi de l’hôtel de ville en 1957 pour des locaux plus spacieux au 36, boulevard de la Liberté. Des locaux toujours occupés aujourd’hui par France 3 Nord-Pas-de-Calais.
Christiane Rabiega débutera en 1957 à Télé Lille comme speakerine... dans les nouveaux studios.
Christiane Rabiega
Clotilde Dumas, Béatrice Delcourt de son vrai nom, a fait ses débuts à Lille, à la Radio Télévision Française de l'époque, en 1961
Elle présentera "Nord actualités" de 1962 à 1973
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