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Le nouveau beffroi de Lille vu de la rue de Paris

 

 

 

Le beffroi de Lille fut inauguré le dimanche 16 octobre 1932. En 1950, il servait de support à l'émetteur de télévision, ce qui fit de la région lilloise la première région de province pouvant bénéficier de ce nouveau mode de distraction. C'est grâce à ce relais que, le 2 juin 1953, le couronnement d' Elisabeth II, Reine d'Angleterreput être retransmis.

 

 

 

 

 

HAUTEUR COMPAREE DE QUELQUES EDIFICES LILLOIS


De gauche à droite : Clocher de Saint-Etienne (51 m), Flèche de Saint-Maurice (75 m), Campanile de la Nouvelle Bourse (70 m), Dôme de La Madeleine (55 m), Colonne  Obsidionale* (19,5 m), Beffroi (107 m), Clocher de Saint-Pierre-Saint-Paul (60 m), tour de Sainte-Catherine (42,5 m), Clocher de Saint-André  (58 m), Flèche du Sacré-Cœur (83 m).

 

* appelée populairement Colonne de la Déesse

 

extrait d'un article publié dans un hebdomadaire régional en fin 1931

 

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LES "COULONS" N'AIMENT PAS LA TELEVISION LILLOISE

 

Les colombophiles lillois, et particulièrement ceux du quartier St-Sauveur s’étonnaient fort ces derniers, de constater que leurs pigeons se refusaient à prendre l'air, ou, si on les obligeait à voler, rentraient après quelques secondes, absolument dédorientés.

I.es "coulonneux", inquiets, constatèrent bientôt que les moments de mauvaise humeur de leurs volatiles concordaient exactement avec les heures d’émission du poste de Télévision installé au sommet du Beffroi, et qui procédait à des essais techniques.

On avait déjà remarqué à Bordeaux, à Paris et en maints autres endroits, que les pylônes de radio perturbaient le sens d’orientation des pigeons. Maiis c’est la première fois qu’on voit la télévision causer le même phénomène.

Toul espoir n’est cependant pas perdu pour les colombophiles lillois.

 

article publié en 1950

 

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LE BEFFROI DE LILLE, SYMBOLE DE PUISSANCE ET DE FIERTÉ

 

Lille, à juste titre, est fière de son beffroi, "tour jaillie du sol, tige dont la fleur lumineuse s'épanouit en plein ciel, au-dessus des fumées" de la grande cité industrielle. Les yeux ne se lassent pas, d'admirer ce splendide monument, symbole de puissance et de fierté, édifié tout près de la Porte de Paris, cette autre merveille que les Lillois élevèrent, il y a plus de trois cents ans, à la gloire de Louis XIV.

Du sommet du beffroi, porté à la hauteur de 104 mètres, nous découvrons l'immensité que seul l’horizon borne à notre vue. C'est toute la Flandre française qui s'étend devant nous et franchissant la frontière d'un coup d'œil, nous pénétrons en Belgique.

C'est aussi une puissance de vie que nous découvrons dans toutes ces agglomérations citadines paraissant soudées les unes aux autres et qui englobent plus d'un million d'habitants avec : Lille, Roubaix, Tourcoing, La Madeleine, Saint-André, Lainbersart, Loos, Hauhourdin. Marquette, Ronchin, Hellemmes, Lezennes, Mons-en-Barœnl, Marcq-en-Barœul, Croix,. Roncq. Wasquehal, Lannoy, Halluin, Wattrelos, etc...

Puissance de vie aussi qu’a évoquée Albert Samain, dans ce vers où il traduit la peine des hommes :

 

Mua enfance captive a vécu dans les pierres

Dans la ville sans fin vomissant le charbon.

L’usine en feu dévore un peuple moribond.

Et pour voir des jardins je fermais les paupières...

 

Et aussi dans ce "Poème du travail et du rêve", qu’écrivit un autre poète de chez nous, Amedée Prouvost, quand il dépeignait le labeur de sa cité, Roubaix :

 

Ville énorme, grans corps aux vertèbres de fer,

Ton sol, pareil au durs rocher que bat la mer,

Tremble au trépinement des machines infernales.

 

Mais reprenons pied sur la plate-foime du beffroi. La puissance de vie nous la découvrons au spectacle de centaines de cheminées d'usines qui sont autant de points de repère des gigantesques ateliers où travaillaient des dizaines de milliers d'hommes et de femmes.

Enfin la puissance de vie s'étend à nos pieds dans l’intensité d’une circulation automobile propre à donner le vertige et dans le trafic ininterrompu du service ferroviaire.

C'est tout cela que l'on découvre du haut du beffroi de Lille, dont la construction elle-même matérialise l'effort des hommes de la cité, leur génie créateur et leur puissance de vie.

Sait-on en effet que deux cent soixante-dix pieux de ciment armé soutiennent le befftoi. Le sol. en effet, était mouvant el l'architecte, Emile Dubuisson, dut enfoncer ces pilotis sur lesquels a été construit un plancher de maçonnerie qui sert de socle à la Tour.

Tous les Liilois ont admiré l'élégance des lignes du Beffroi de l'Hôtel de Ville, ils ont contemplé sa sveltesse, mais combien sont-ils qui aient eu la curiosité de le visiter ? Dans les visites autorisées, le jeudi et le dimanche, on rencontre surtout des étrangers et ceux-ci sont particulièrement nombreux, qui assistent à la messe télévisée chaque dimanche, dans le studio de la télévision établi dans un étage du beffroi.

Quoi qu'il en soit, le nombre des visteurs n'est jamais très élevé et il est rare qu'il dépasse deux cents.

 

article publié en 1951

 

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1952 : LE BEFFROI A 20 ANS

 

Qui ne connaît la silhouette grêle du Beffroi de Lille, jaillie d’un trait svelte et hardi au-dessus du panorama dentelé de la ville et de foisonnement des maisons du quartier Saint-Sauveur pelotonnées à ses pieds.

Avec son allure toujours jeune, sa taille élancée, le Beffroi de Lille, dans quelques jours va atteindre sa majorité. Eh ! oui, gaillardement, malgré les ans, malgré les vicissitudes d'une époque troublée, malgré les bombardements de la 2ème guerre mondiale, les remous d'une vie fiévreuse qui bouillonne à ses pieds, le Beffroi de Lille marche sur ses 21 ans !

A l’époque de son inauguration — le 16 octobre 1932 — le Beffroi représentait au point de vue béton armé le record mondial de hauteur dans pareil travail d'art (M. J. Bertet, ingénieur et directeur des travaux du beffroi, dans une allocution). Fièrement, il détient toujours ce record et continue du haut de ses 106 mètres à symboliser les libertés communales que les Lillois ont toujours réclamées et défendues.

Emanation même de notre petite patrie, le Beffroi est une gloire locale dont la Capitale des Flandres revendique à juste titre comme chef-d’œuvre de la nouvelle architecture flamande.

 

Le 16 octobre 1932, l'aile du Beffroi et le Beffroi édifiés d'après les plans de l’architecte Emile Dubuisson ont été inaugurés par le Conseil Municipal, M. Roger Salengro étant député-maire ; M. Louis Dompsin, adjoint aux travaux ; M. Maurice Planque, secrétaire général de la mairie ; M. Paul Cocheé, directeur des Travaux municipaux".

Tel est le texte de la plaque apposée au rez-de-chaussée du Beffroi, qui est en quelque sorte l’acte de naissance officiel de l'enfant chéri des Lillois. Pourtant, déjà le 22 décembre 1931, le Beffroi de l’Hôtel de Ville de Lille avait déjà donné signe de vie.

En effet, ce jour-là, — ou plutôt ce soir-là — pour la première fois à 96 m. du sol, le phare-s’était allumé dans le firmament. Et depuis, consciencieusement, silencieusement, à l’heure où "le ciel jette le châle léger du crépuscule sur les épaules nues de la nuit", chaque soir, fidèle au rendez-vous, le phare projette à la ronde son pinceau lumineux, révélant au loin l’emplacement exact de la grande ruche travailleuse qu'est la Capitale des Flandres.

 

L’enfantement ne s’est pas fait tout seul ! Il a fallu 2 ans à une armée de maçons, de métreurs, d’ouvriers du bâtiment, de chefs de travaux pour mener à bien l'ensemble des travaux.

La masse du beffroi, si svelte dans son allure, n’en a pas moins demandé 12.000 tonnes de matériaux. Soit la capacité de 40 trains comprenant 30 wagons chargés à ras-bords. La longueur totale des barres atteint l'invraisemblable distance de 205 kms. Elles couvriraient ainsi le parcours à vol d’oiseau de la Capitale des Flandres à la Capitale de France. Si l’on veut pénétrer dans le domaine des chiffres, il faut savoir que la construction du Beffroi a nécessité l’emploi de 3.100 m3 de béton armé, 300 tonnes d’armatures et de poutrelles, 15.000 m3 de coffrages et 500 m3 de maçonnerie en briques. On réalise mal l’importance de ces chiffres. Et pourtant, je défie quiconque de se placer à la base de la chandelle de pierre et de lever le regard vers le ciel. Malgré la hardiesse de l’élan, la finesse de la réalisation, on se sent écrasé ! Du haut, du dernier étage accessible, et que visitent, nombreux, les touristes ou étrangers, c’est une impression de vertige qui vous étreint et qui ne vous lâche plus ! Ce n’est peut- être pas "l’Empire State Building". Mais c'est tout de même le Beffroi de Lille. Et ça nous fait quelque chose !...

 

Durant 2 ans, le Beffroi s’est élevé de 4 m. 35 par mois. Cette vitesse moyenne d’exécution fut portée ensuite à 16 m. Une performance si l'on pense à la complexité des coffrages et la difficulté qui existe à travailler à une telle hauteur ! Et pourtant pas un seul accident mortel, ni même grave, ne se produisit durant toute l’exécution des travaux.

On vit même M. Coolen, qui se comptait déjà comme édile municipal, mais tout de même profane dans la branche du bâtiment, se muer en apprenti-maçon et se coltiner des sacs de ciment pour avoir l'honneur d’être le premier homme de la municipalité lilloise à grimper les 7 premiers étages du Beffroi ! Un record, M. Coolen, que beaucoup de conseillers et d'adjoints vous envient !

 

La hauteur totale de la partie en béton armé y compris le radier ou plateforme de fondation atteint 104 mètres.

Le Beffroi repose sur 270 pieux de 7 à 10 mètres en béton armé. Au-dessus d'eux, repose le radier, immense dalle de répartition de 428 mètres carrés sur laquelle s'érige la masse de briques et de pierre.

Sur cette caisse de résistance qui forme en fait 2 étages — ou plutôt des caves où se trouvent les coffres-forts de la recette municipale — s'élancent 4 immenses poteaux d’angle en forme de cornière qui constituent le squelette du Beffroi et montent à 63 m. de hauteur, jusqu’en dessous de la partie renflée (dénommée aussi le bulbe).

De là, se subdivisent en 2 hauteurs d’étage de 9 mètres de hauteur chacun venant supporter à l'intérieur la partie supérieure du Befroi, amincie en forme de flèche.

La dernière partie de la tour commence sur une base rectangulaire pour se continuer par un ensemble octogonal coupé à mi hauteur par une deuxième galerie décorative.

Question décoration, on ne peut nier que l’extérieur ait été soigné. Briques couleur cuir, briques grises, briques dorées, pierre artificielle, rien n'a été négligé pour donner à l’architecture du Befroi ce cachet moderne qu'il garde toujours d'ailleurs !

Malgré la richesse et la profusion des matériaux utilisés, on ne peut déplorer aucune surcharge qui vienne gâcher l'ensemble. L'ossature, merveille arachnêene, reste visible en ses lignes essentielles.

Tel qu’il est, le Beffroi, rien qu’à l’évoquer, se photographie instantanément sur toutes les rétines. Il fait partie désormais de notre horizon familier. Et lorsqu’on parle de Lille, l’image du Beffroi vient à l'esprit, au même titre que Paris et la Tour Eiffel, Londres et Big-Ben, ou Bruxelles et le Manneken-Pis.

A-t-il au moins une histoire ? En moins d’un quart de siècle, on ne peut pas avoir d’histoires. Seulement, que de tendres souvenirs ou quelques aventures. Mais le Beffroi est resté sage, grand frère trop vite poussé près de la Porte de Paris, son aînée...

Qui donc lui composera son histoire en musique ou en images ?

 

 

 

une anecdote : dans les premiers mois de l’année 1950 la partie supérieure du Beffroi fut doté d’une oreille ! C était tout simplement un réflecteur parabolique qui permettait de lancer dans l’espace les émissions de Télévision. Cet ajout inesthétique fit tiquer les Lillois. On leur promit des antennes droites, moins voyantes. Les antennes ont été Installées, mais "le panier à friture" disgracieux est demeuré jusqu'à quand ? [rappelons que le présent article date de 1952...)

 

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couverture du magazine "Petit Echo de la Mode" de 1930

c'est plutôt une vue de la Grand' Place de Lille, dans le fond il s'agit de l'ancien beffroi (Campanile de la Nouvelle Bourse, aujourd'hui Chambre de commerce de Lille)

 

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