article publié en mai 1989

Le Parc des Schtroumpfs* - dont l'appellation officielle, quasi imprononçable, est "Big Bang Schtroumpf" — a surgi dans le bassin minier sinistré de Lorraine près d'Hagondange (Moselle). Le pari d'attirer des touristes dans la région est audacieux et il faudra de la ténacité aux petits lutins pour y parvenir.

Si certains manèges font le plein, si quelques sculptures suscitent l'admiration, l'ensemble reste malheureusement trop inégal. Inspiré des célèbres personnages de la bande dessinée du Belge Peyo, cet espace de loisirs à thèmes vise un public européen, surtout allemand (la frontière avec la RFA se trouve à 80 km), mais aussi français, belge, luxembourgeois et hollandais.

Sur le grand huit, les rapides déclenchent certes des cris de joie ou de surprise, mais le public reste un peu sur sa faim pour ce qui est du décor et des frissons annoncés dans les prospectus. Le bât blesse quand plusieurs personnes interrogées vous disent qu'on "a vite fait le tour" de ce domaine de 160 hectares. Pourtant, un mercredi récent, jour des enfants, et en présence d'un soleil resplendissant, les visiteurs se faisaient attendre. Et ce au grand regret des quelque 800 saisonniers employés sur le parc, dont le salaire est amputable de 15 % si le parc reste vide.

Pourtant, rien n'a été négligé pour le desservir: une gare SNCF a même été spécialement créée et chaque Européen peut payer le droit d'entrée dans la devise de son pays. Mais, aux dires de certains employés des 3500 mètres carrés de boutiques, on encaisse surtout des deutschmarks. Accueilli par le Schtroumpf Maestro, un automate jouant d'un orgue cracheur de bulles, le visiteur longe des boutiques avant d'arriver au bord d'un lac artificiel d'où il entrevoit les quatre principaux domaines du parc: Le Continent Sauvage et son gros rocher artificiel de couleur brune abrite une salle de spectacle de 2000 places. Là, selon le programme, Jean, "héros adolescent de notre époque", affronte dans un "duel sans merci (...) le monstrede la pollution".

Le village des Schtroumpfs, lui, est destiné surtout aux enfants. Il est construit autour d'un lac et on peut le découvrir vu du ciel, à bord du train monorail "Skyschtroumpf": la promenade la plus réussie du parc. De là-haut, on aperçoit une île où "vit" toute une colonie de Schtroumpfs. Revenu à terre, le visiteur peut assister à quelques scènes de la bande dessinée de Peyo, mimées par des automates, comme l'éclosion d'un Schtroumpf - qui, comme chacun sait, est ovipare.

La Cité des Eaux propose différents manèges aquatiques dont l'Odissea: un périple mouvementé dans une barque ronde empruntant notamment un étroit passage entre deux rangées de chutes et passant devant une magnifique statue de Neptune. Le Dieu, armé de son trident, surgit d'un coquillage, monté sur six chevaux hennissant grâce à une bande sonore.

La Planète Métal, où des hôtesses accueillent le "Terrien" en costumes de l'espace, compte, outre une fusée, un cinéma, le Xanadu, qui projette sur écran géant des films à 60 images par seconde (contre 24 habituellement). Ce système américain, Showscan, permet des effets de vitesse impressionnants pour le spectateur.

Le parc gagnera notamment à être mieux fléché, trop de gens ayant du mal à trouver rapidement l'attraction souhaitée. Mais, pas tout à fait terminé, il est encore en période de rodage et devrait gommer au fil des jours ses quelques imperfections, pour attirer les touristes désirés.

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* Il portera succesivement le nom de Big Bang Schtroumpf de 1989 à 1990, Walibi Schtroumpf de 1991 à 2002, Walibi Lorraine de 2003 à 2006 et Walygator Parc depuis le 6 avril 2007.