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Vous trouverez ci-dessous des photos de la Braderie de Lille dans les années 1950

 

 

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EN 1953

 

 

 

 

Lille fait chaque année, le lundi de la Braderie, une coneommation gargantuesque de moules. Les montagnes d’écailles qui s'élevaient hier rue de Béthune, rue des Augustine et rue Saint-Sauveur témoignaient que les Lillois n’ont pas failli à la tradition.

 

septembre 1953

 

 

Boulevard des Ecoles

 

 

Tous les ans, c'est la même chose le premier lundi de septembre ! La moitié de la ville de Lille se transforme en un vaste marché d'où monte des clameurs, des rires, des appels et des sifflets. Aussi animé que la Foire à Neu-Neu ! Aussi pittoresque que le marché aux puces des Batignolles !

Ce qui varie, c'est l'étendue de la braderie. Chaque année, les hayons et les étals mangent un peu plus de pavés, rognent une bordure de trottoir, poussent une infiltration, par delà la Grande-Chaussée, jusqu'à la place St-Martin, ou rue Nationale jusqu à la Place de Strasbourg. La réputation de cette manifestation, spécifiquement lilloise, s’étend également très loin. On a vu des commerçants parisiens, de l’Orne, et des Alpes-Maritimes bondir, camionnettes pleines jusqu’à la toiture, vers la capitale des Flandres dans l’espoir de réaliser de bonnes affaires. Depuis plusieurs jours, la ville était devenue un pôle d’attraction !

 

Précautionneux, les plus avertis avaient déjà barbouillé les trottoirs de larges trainées de peinture "emplacement réservé". Autant cette annotation que "X.. au poteau". C’est tout de même plus pacifique !

Dimanche soir, veillée d'armes! Des piquets jonchent la chaussée délimitant les emplacements prévus On bute dans des traverses, mais le champ de bataille paraît calme. Les prises de position stratégique se passèrent à peu près sans incidents marquants Les "bradeux" d expérience campent à la belle étoile — et Dieu sait s'il y en a, ce soir dans le firmament — ou dans les voitures.

Minuit moins dix! Chaque commerçant attend de pied ferme, la minnte M., les piquets en main, pour être sûr de ne pas perdre un pouce de terrain. A les voir, tous aussi sur la Grand'Place on se croirait un soir d'emeute, à la veille d'une nouvelle révolution de "sans-culottes". Veillée d'armes épique. Le silence reprend possession peu à peu de la ville, seulement troublée par le cliquetis des écailles de moules lancées par pots entiers sur la chaussée. Les noctambules lillois sacrifient à la tradition.

 

L’animation reprit sur le coup de 6 heures du matin, lorsque les membres ou les amis des commerçants vinrent relever les "équipes de nuit".

7 heures Première arrivée de clients et de curieux. Attaque de la voix et du geste, avec une "furia francese" toute commerciale de ces sections d'éclaireurs. Le soleil matinal sourit aux uns et aux autres, ragaillardit ceux qui viennent de passer une nuit blanche.

8 heures ! Les commerçants locaux effectuent un pas en avant, quittent les redoutes de leurs boutiques et magasins, établissent un rempart d'articles neufs, construisent des glacis d'articles passés de mode, relégués d'ordinaire au fond des magasins. Ils profitent d’abandonner leurs fabrications provisoires à des prix affectés de rabais plus ou moins modérés.

C’est alors que les troupes de choc des "bradeux" entrent en lice !

Au fur et à mesure que la matinée s’avance la foule devient plus dense, reçoit des renforts frais des agglomérations voisines. L'issue du combat ne fait plus de doute. D'ailleurs ce sont les portefeuilles et p'ortemonnaies les plus malmenés dans l'histoire. Certains essuyent de graves revers !

10 heures 15 ! Tous les moyens sont bons pour vaincre ! On utilise les ressources meurtrières de la guerre microbienne. Invasion de bulles de savon, qui dansent un ballet des plus fantaisiste au-dessus des têtes si proches les unes des autres qu'en hauteur, la place du théâtre apparaît comme un gateau de semoule !

Qui est-ce qui parle des moules ? Rue de Béthune ou rue des Augustins, les écailles luisantes sèchent au soleil, forment des pyramides qu'il faut enlever par camions et "embaument" le voisinage. Une odeur de marée flotte aux alentours des cafés et des poissonneries. Et comme pour accéder aux étalages, il faut se laisser porter par le flot de la foule, l'illusion est totale. On se croirait à la mer.

Tentés par un spectacle aux à-côté si divers, les photographes amateurs mitraillent, en voilà, en veux-tu. Les vendeurs de billets de loterie, ne consentent pas de rabais. Mais comme les portefeuilles baillent, ils en profitent et recueillent leurs soupirs par billets de cent francs.

Les cris et les invitations des commerçants s’échangent d'une allée à l’autre "un prix de fabrique !". "Directement du producteur au coniommateur" c'est le slogan du jour ! Il y en a même un qui surenchérit ; "Ici, je ne fais pas de bénéfice !..." Attendons les années suivantes. Peut-être arriverons nous à obtenir de la marchandise enveloppée dans un billet de mille francs !

Evidemment, dans son ensemble. surtout dans les artères du centre, la braderie a perdu son caractère premier. Tout parait cher, surtout aux vieilles gens, qui se souviennent non sans nostalgie des braderies d’antan. Bien sûr, il y a encore moyen avec un peu de chance et ce sens du marché qui caractérise le commerce des Arabes, d'obtenir une occasion !

La vraie braderie en l'occurence se tient Boulevard des Ecoles et aux alentours ; Là, elle a conservé son aspect traditionnel qui s'accompagne souvent de scènes pittoresques d'une fête populaire ou d'une kermesse flamande haute en couleurs et forte en gueule !...

Et puis il subsiste un usage bien intéressant par cette chaleur insolite de septembre : celui d'arroser ses achats qu'ils soient bons ou mauvais ! ! S'ils sont bons, on se félicite de l'aubaine et on's'extasie sur l'occasion réalisée. Si l'on s aperçoit — qu’une fois de plus — on s'est laissé rouler, on se console en prennat un bon demi et une portion de frites.

"D’ailleurs, m'a dit une brave dame, quand c'est fait, c'est fait. II ne faut jamais rien regretter !. Mais si j'avais su, poursuit-élle, en monologuant, je n’aurais jamais acheté cette jaquette. Pensez donc, Marie en a vu une pareille, une fois moins cher ! Ah ces "bradeux" tous des "voleux !"

 

septembre 1953

 

 

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