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Géants lors de la Cavalcade des Fastes de Lille le 13 juin 1858 (Lydéric et Phinaert en tête du cortège)

 

 

Une Fête Communale de Lille avec les géants Lydéric et Phinaert, ainsi que Jeanne Maillotte (sur la droite)

 

 

Pauvres Géants ! Vous qui jadis, l'arrêt présidiez de votre haute taille aux festivités auxquelles nos ancêtres étaient coutumiers, comme vous semblez tristes, mais doucement ironiques. Près de la déesse, insensible sur sa colonne, vous nous rappeliez, à la Pentecôte, ce riche passé flamand, ce riche passé que certains ont oublié, mais qui peut encore nous donner tant de leçons de bonne humeur et de franche gaieté.

 

Lille n’était encore qu'une pauvre petite bourgade, une île entre deux bras de la Deule (d’où son nom). A l’endroit où s’élève maintenant la cathédrale Notre-Dame de la Treille, se dressait fier et arrogant le Château du Buc, résidence des fonctionnaires romains subalternes, chargés de contrôler l’administration de cette lointaine province de l’Empire... Les officiers des rois mérovingiens, s’y installent ; l’un d’entre eux Phinaert, chargé vraisemblablement de la perception des impôts, se fait vite une solide réputation de brigand sans aveu, qui n’hésite pas à faire assassiner, pour les rançonner, les voyageurs qui près de ses murs traversent le "Bois sans Merci". Un noble seigneur bourguignon Salvaert de Dijon, et son épouse Ermengaert (ou Hermengarde), qui se rendaient en Angleterre tombèrent dans une embuscade tendue par Phinaert. Salvaert est tué. Ermengaert parvient, à s'enfuir, près de la "Fontaine Del-Saul" elle donne naissance à un fils, Lydéric, qui est recueilli par un ermite, et disent certaines légendes nourri par une louve. Lydéric, qui a appris par l'ermite ïes tragiques circonstance de sa naissance, provoque Phinaert en duel et le tue, nous sommes en l’an 620. Lydéric, reçoit le titre de Grand Forestier du Roi de France. Il surveille les forêts, à l’époque, infestées de brigands.

La légende nous est parvenue sous cette forme, grâce aux travaux d’un copiste flamand delja fin du moyen âge, Jacques Van Melen.

 

L’origine de cette légende est très curieuse. Bauduin, Bres-de-Fer, comte de Flandre au XII e siècle rêvait d'avoir de glorieux ancêtres. Les généalogistes de l’époque, entreprirent de lui en découvrir. Au XIIIe siècle, André Silvius de Marchiennes, affirme que les ancêtres du comte Bauduin étaient "forestiers du Roy de France en Flandre"

Et au XVe siècle, nous découvrons trace de la légende sous sa forme actuelle. Les géants

 

La Flandre est la province des grandes réjouissances populaires, que tant de peintres ont opprimé avec une naïve truculence.

Au mois de Juin 1559, après !e Traité du Cateau-Cambrésis, se déroule à Lille "La Fête de l’Empereur de la Jeunesse et du Pape des Guingans".

"Tous les rois, cardinaux, abbés, princes, amiraux et seigneurs de chacune place de la ville, furent baiser le pied dextre du pape des guingans, assis sur un théâtre dressé sur le marché".

Le programme de ces réjouissances nous a été conservé, nous savons que le géant Lydéric était de la fête. Nous ne pouvons malheureusement pas affirmer la présence de son ennemi Phinaert, nous savons seulement qu’une géante lui tenait compagnie.

En 1562, Jeanne Maillotte qui sous Charles-Quint repoussa de Tournai et de Lille, les "hurlus" (protestants) figure au cortège des fêtes de N.-D. de la Treille.

Phinaert prend place dans le cortège quelque temps avant la Révolution.

 

Les fêtes, mi-profanes, mi-religieuses (chaque quartier de Lille présentait une scène de l’Ancien ou du Nouveau Testament) furent interrompues de 1793 à 1825.

En 1825,1a tradition reprit scs droits, Ciceri, costumier de l’Opéra ; Martin, régiseur du Théâàtre de la Porte St-Martin, prêtèrent leur concours à l’organisation d’une vaste cavalcade, le Carnaval d’Eté. Lydéric et Phinaert ressuscitent, gigantesques mannequins d’osier. Le peintre Horace Vernet, crée un personnage grotesque, le tambour-major des "Hurlus" qui participera à ces réjouissances. Le Carnaval d’Eté connut un vit succès mais nous le reverrons qu’en 1851. Hélas les rats avaient dévorés costumes et mannequins entreposés à l’abattoir.

Depuis 1851. les sorties des géants se firent plus nombreuses. En 1903, les géants de Lille, reçurent leurs cousins les géants de Douai, Dunkerque, Valenciennes.

Chaque année jusqu’en 1939, ils étaient la plus pittoresque attraction des fêtes de Lille. Il y a deux mois, on pouvait les voir sur la place du Général de Gaulle, défiant les pauvres humains.

 

Les gens du Nord ont autant de cœur à rire qu’ àtravailer, ils ai ment une vie dure, mais ampit et bien remplie, ils sont attachés à leur sol. N’est-il pas naturel que pour exalter la bravoure et la force, ils aient imaginé ces géants qui les dépassent, sans les évraser. Nos villes du Moyen-Age, ont dressé les flèches des cathédrales prières qui montent vers Dieu. Les beffrois symbolisent les libertés communales, que les bourgeois ont chèrement payées ; les carillons chantent à tous vents l'âme de la cité. Les géants chantent la joie de vivre, l'insouciance et la bonne humeur.

 

publié en août 1949

 

 

 

 

 

DANS LA CAPITALE DES GEANTS

Une grande kermesse s'est déroulée à Lille, durant les fêtes de la Pentecôte. Une centaine de géants venus de Belgique, de Hollande, de Flandre et du Hainaut français ont fait cortège à Thynaert, fondateur légendaire de la ville, et à Gambrinces, roi de la bière. Sur notre photo, on voit le géant Korno de Blankenberge, suivi de Jehan de Calais et de Constance de Portugal. Ce défilé, qui a duré quatre heures, prend son origine dans la grande procession des géants de 1270. Il a connu l'enthousiasme des Lillois et de leurs viositeurs, et prouvé, une fois de plus, que les gens du Nord savent bien se distraire.

 

La Voix du Nord - 1956

 

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Deux images gravées sur bois dans la première moitié du XIXe siècle qui illustrent la légende de la fondation de Lille : Lydéric, fils de Salvaert, assassiné par Phinaert, est recueilli par un ermite et nourri par une biche. Parvenu à l'âge adulte, il défie Phinaert et le tue. Il devient grand forestier des Flandres et fonde la ville de Lille au VIIe siècle.

Aux fêtes de Lille, on promène deux géants, mannequins en osier, représentant Lydéric avec son faucon encapuchonné et Phinaert armé de la hache.

 

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à voir :

Lydéric et Phinaert à l'Exposition de Lille en 1920

 

 

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