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Jacques Brel, né à Schaerbeek le 8 avril 1929, et mort le 9 octobre 1978 . "Le plus grand Belge contemporain" est mort, a déclaré le commentateur de la radio belge en annonçant la mort de Jacques Brel.
Né le 8 avril 1929 à Bruxelles, il était père de trois enfants France, Chantal et Isabelle. Au lendemain de la guerre, tout en travaillant dans l'usine de carton ondulé de son père, il se met à écrire des chansons. En 1953, il débute au théâtre des Trois-Baudets puis se produit dans divers cabarets. Rapidement, il connaît le succès avec des chansons sentimentales comme «Ne me quitte pas», poétique comme "Ce plat pays qui est le mien" ou satirique comme "Les Flamandes".
Parallèlement Jacques Brel entame une carrière cinématographique avec en 1967 "Les risques du métier", puis "La bande à Bonnot", "Mon oncle Benjamin", "L'aventure c'est l'aventure", "L'emmerdeur". Mais, en 1968, au faîte de sa carrière, Brel est frappé d'une grave affection pulmonaire. Comme son état ne s'améliore pas, il doit subir une première intervention chirurgicale à Bruxelles en décembre 1974. Les bruits les plus divers commencent alors à circuler, en raison du fait que le chanteur décide de s'installer aux îles Marquises loin de tout contact avec le public. En 1977, il crée une vive surprise en venant enregistrer en France un nouveau disque qui connaît un vif succès. Mais Brel repart aussi vite qu'il est venu. Les rares personnes qui ont conservé le contact, se refusent à toute déclaration sur l'état de santé du chanteur mais on sait qu'il effectue régulièrement des visites en France pour y subir des examens médicaux.
Bien que sentimental, Brel savait être satirique et même féroce. "Jacques Brel était mal dans sa peau", explique le journaliste Armand Bachelier qui l'a bien connu. "Enfant de bourgeois, il détestait les bourgeois. A vrai dire, il détestait tout le monde, à commencer par lui-même. Mais il détestait surtout l'hypocrisie".
"On a dit qu'il n'aimait pas les Flamands, c'est faux", ajoute Bachelier. Brel se sentait Flamand, mais ne supportait pas qu'on lui interdise de chanter en français. Il détestait l'exploitation politique de certains sentiments. Même s'il a pu dire : "J'em... lesFlamands", il a peut-être écrit les plus belles chansons sur les Flamands, les Flamands et la Flandre, tels "Le plat pays", élu chanson du siècle en 1969, mais aussi "Les Flamandes", "Mon père disait" et "Marieke", ainsi que ces chansons imprégnées de sa sensibilité flamande et de son pessimisme "Amsterdam", "Ça sent la bière", et "Le soir d'été". Mais à côté des poèmes sentimentaux, il y avait le sarcasme. Ce furent "Les bourgeois", "Les paumés du petit matin", etc. A côté il y avait aussi l'infinie délicatesse : "Les fenêtres", une de ses dernières chansons optimistes.
Les premières alarmes sur la santé du chanteur remontent à 1974. Il fut soigné en secret à la clinique Edith Cavell à Bruxelles. Il souffrait d'un cancer des poumons. L'année suivante, la rumeur pessimiste s'amplifia et on parla même de sa mort. Sa femme, Thérèse Michielsen, dut démentir les faux bruits et annoncer qu'il faisait le tour du monde sur un voilier. Après avoir navigué plusieurs mois sur l'"Askoy", Brel, pourchassé par la presse, trouva le calme dans les îles Marquises.
Il débarqua en novembre 1975 sur une petite ile de l'archipel, Hiva-Oa, à 1200 km au nord-est de Tahiti. Jacques Brel vivait sur une colline, dans une petite maison louée, entourée d'un jardinet. Aimé des indigènes, il faisait de longues promenades. Brel avait soif d'espace, disent ses amis belges, après la mer, il lui fallut le ciel. Il prit une licence de pilote. Aux iles Marquises, il rendait service aux habitants en faisant le taxi avec son bimoteur. C'est là qu'il composa son dernier disque.
Signe certain de la gloire, Jacques Brel fut imité par de nombreux jeunes auteurs, compositeurs et chanteurs. Il inspira artistes et écrivains, mais peut-être l'image qu'il aurait voulu qu'on garde de lui est celle de Don Quichotte dans "L'homme de la Mancha", un de ses derniers triomphes où il laissa en partie sa santé. "Il se tuait sur scène", disent ses amis, "c'est le métier qui l'a tué".
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texte et photo d'après un article publié le mardi 10 octobre 1978 dans un quotidien suisse.
VESOUL SE SOUVIENT DE BREL
Les adjoints au maire de Vesoul ont adopté lundi le principe d'une semaine commémorative en l'honneur de Jacques Brel, auquel la ville doit une partie de sa renommée. C'est la maison de la culture de Vesoul qui sera chargée d'organiser cette semaine d'animation. Par ailleurs, deux hypothèses sont émises sur le fait que le chanteur a évoqué Vesoul dans une de ses chansons : le 8 novembre 1960, il avait passé une excellente journée à "La bonne auberge" et avait promis à la serveuse d'écrire une chanson sur Vesoul. Pour d'autres habitants de la ville, Jacques Brel avait fait en 1967 un arrêt à Vesoul pour y passer une nuit, et s' y serait passablement ennuyé.
Cependant la Belgique entière, même les Flamands, pleurent Jacques Brel depuis lundi. La radio et la télévision ont organisé des émissions spéciales tandis que la presse lui consacrait plus de place qu'au pape*, jusqu'à trois pages entières dans certains journaux. Même la presse flamande a accordé une grande place à "ce Flamand, qui se disait Flamand et se sentait Flamand mais n'a jamais été accepté comme tel". Le ministre de la culture flamande, Mme Rika de Backer, qui n'avait pas accepté son dernier disque sur Les flamingants, a déclaré : "On est toujours peiné quand quelqu'un de grand talent, qui a écrit de très belles et très émouvantes compositions, doit nous quitter si tôt".
Pour le journal flamand "Het belang van Limburg", Jacques Brel était ce "chanteur flamand tourmenté qui a peut-être écrit avec Le plat pays le plus beau chant sur la Flandre".
Quant à la presse francophone, elle retrace toute sa carrière, publie ses principales chansons, de nombreuses photos et dit son «immense tristesse», comme l'écrit "La libre Belgique" : "Nous nous sentons un peu orphelins de cet artiste qui prenait tout d'assaut: les villes, les filles, la vie, la scène, l'écran, les airs et l'onde.Jacques Brel nous manquera longtemps encore" et "oute une génération sceptique, mais sceptique à force d'être leurrée, s'est retrouvée en Brel. Que dire maintenant qui ne soit dérisoire ? Le Jacques, je t'aimais bien tu sais..."
texte et photo d'après un article publié en octobre 1978 dans un quotidien suisse.
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* Jean-Paul 1er, élu pape le 26 août et mort le 28 septembre 1978.
19380630
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