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autre texte publié en 1957
Le 22 août 1549, Marie de Hongrie, Dame de Binche et Régente des Pays-Bas, offrait en l'honneur de son frère, le Très Grand et Très Auguste Empereur Charles-Quint, et du fils de celui-ci, qui devait devenir plus tard Philippe II, des fêtes d'une splendeur et d'un faste tels que non seulement leur souvenir devait rester gravé dans la mémoire des participants et des témoins, mais encore que leur description allait être partagée dans l'immense empire. Le cadre en était, paraît-il, purement merveilleux.
Aucune richesse ne fut épargnée, aucun détail ne fut négligé, pour donner à cette cérémonie toute la splendeur que la maîtresse de céans avait jugée digne d'un des plus illustres souverains que l'Europe eût jamais connus.
Les auteurs du temps nous en ont laissé des descriptions enthousiastes, et s'étalent complaisamment sur le luxe et le faste qui y furent déployés.
Parmi les multiples "attractions" des fastes de 1549, figurent des représentations des plus belles conquêtes de l'Empereur "sur les États duquel lesoleil ne secouchait jamais". Celle toute récente du Pérou par François Pizarre venait d'ajouter à la splendide couronne de Charles-Quint un de ses fleurons les plus magnifiques le légendaire empire des Incas était désormais passé sous la domination du roi d'Espagne. Les populations européennes avaient l'imagination vivement frappée par les récits des explorateurs et leurs enthousiastes descriptions du nouveau monde occidental. Les organisateurs des fêtes n'eurent garde de négliger un pareil sujet de "tableau vivant", et c'est ainsi que figurèrent dans la féerie les fameux Incas rouges aux tatouages multicolores, aux coiffures de plumes, et aux danses caractéristiques.
La population binchoise, séduite par l'originalité de ce costume, l'adopte et le reproduit aux carnavals suivants. Le nom de Gille donné à ce "travesti" n'est que le prénom espagnol "Gil " d'un des "Incas" qui s'était particulièrement fait remarquer dans le cortège.
Le carnaval de Binche continue à se célébrer tous les ans, mais dorénavant il est pourvu de son personnage caractéristique, le Gille, qui devient l'acteur principal de la fête, se perpétue de génération en génération et survit jusqu'aujourd'hui, où il apparaît comme échappé de la légende des siècles révolus.
Il serait parfaitement ridicule de s'attendre à ce que le "Gil" primitif soit parvenu jusqu'à nous sans subir de transformations, et il n'est nullement étonnant de constater que le "Gil" actuel n'a plus que de vagues rapports avec l'idée que nous nous faisons d'un Inca, fût-il du XVIe siècle. Il reste cependant des traces du modèle primitif : les gibbosités du Gille rappellent les difformités simulées des Incas, analogues à celles que l'on observe encore de nos jours chez les sorciers et les danseurs du centre de l'Afrique. Les sonnettes et grelots remplacent les objets sonores et les ferblanteries dont les mêmes danseurs aiment à ceindre leurs reins et à garnir leurs bras et leurs jambes. Les sujets coloriés qui garnissent le costume rappellent les tatouages dont les Indiens ont toujours été très férus.
A côté du lion héraldique, évidemment emprunté aux armes du Comté de Hainaut, figurent, parmi ces dessins, des étoiles et des soleils, qui évoquent irrésistiblement les divinités des Peaux-Rouges. Enfin, et surtout, le haut panache dont le Gille est coiffé est bien certainement un rappel de la coiffure des indigènes du Pérou.
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Pour son calendrier de 1944, Hergé avait choisit le théme du carnaval pour le mois de février.
On y retrouve les Dupont et Dupond costumés en Gilles de Binche.
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publicité de 1968
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