Disque RIVIERA LM RECORDING SYSTEM (BARCLAY) ‎– 62.571

 

 

 

Le Chanteur
Si Je Suis Fou

 

 

 

Daniel Balavoine (5 février 1952 - 14 janvier 1986)

 

Ci-dessous un article publié juste après son décès dans un accident d'hélicoptère lors du rallye Paris-Dakar.

 

"Je m'emporte pour ce qui m'importe." Daniel Balavoine était un chanteur populaire au franc-parler célèbre et au cœur sur la main, toujours prêt à aider pour ce qu'il jugeait essentiel, notamment la famine et le racisme. Passionné de sport automobile, Balavoine ne courait pourtant pas cette année dans le rallye, contrairement aux deux éditions précédentes, mais il accompagnait dans le cadre d'une opération humanitaire visant à doter le Sahel de pompes hydrauliques.

Il laisse son petit garçon Jérémy, 18 mois, et sa femme Corinne, enceinte d'un second enfant, alors qu'il préparait sa rentrée pour octobre au Palais des Sports de Paris.

Né le 5 février 1952 à Alençon (Orne), Balavoine s'était révélé en1978 avec la comédie musicale "Starmania", mais surtout avec "Le chanteur" qui avait atteint les 800.000 exemplaires. Dans sa courte carrière - une dizaine d'années - il avait enregistré sept albums en studio et deux doubles en direct. Le dernier, "Sauvez l'amour" - dont le titre phare "L'Aziza" ("la chérie"en arabe) est à la 18ème place du Top50* - s'achemine vers les 200.000 exemplaires.

 

________________

* Ce titre restera deux mois numéro 1 (classements hebdomadaires du Top 50 du 2 février au 23 mars 1986).

Chacun garde dans son souvenir la bonne bouille ronde de ce garçon tendre et violent aux yeux noirs intenses. Daniel était un pur produit de la génération de mai 68. Né à Alençon le 5 février 1952, il avait suivi à 12 ans son père lorsqu'il était allé s'installer à Pau. L'enfant était bon en français. C'est d'ailleurs la seule chose qui l'intéressait vraiment dans l'école catholique dont il suivait les cours et où il fut l'un des grands meneurs lors de la révolte estudiantine.

 

Deux ans plus tard, à 18 ans, à l'âge où l'on devrait passer son bac, Daniel, qui s'était laissé pousser les cheveux, décide de monter à Paris avec un groupe musical de copains. Mais le groupe ne tarde pas à se disloquer. Daniel doit alors survivre: il se produit dans les bals ou dans les galas de troisième zone .Il compose des chansons, sort des disques qui ne marchent pas et commence à désespérer un peu.

 

Et puis,en 1978, il sort "Le chanteur", une chanson dans laquelle il a mis toute son âme. "Si je ne réussis pas à en vendre 30.000 exemplaires, dit-il alors à ses proches, je plaque tout". En fait, il va en vendre 800.000 et, dans les trois années qui suivent, il se hissera, tant par la qualité de sa musique que par celle de ses paroles, au tout premier rang. Ce qui frappait en lui dans des chansons comme "Mon fils ma bataille" ou "Je ne suis pas un héros" et encore dans "L'Aziza" que lui inspira Corinne, sa femme, d'origine nord-africaine, c'est son indéniable sincérité. Et cette sincérité pouvait aller jusqu'à la violence. C'est ainsi que, le 16 mars 1985, devant les caméras d'Antenne 2-Midi, il s'emporta devant François Mitterrand en proclamant: "La jeu nesse se désespère, elle ne croit plus en la politique française". François Mitterrand lui en a d'autant moins tenu rigueur que, après l'accession de la gauche au pouvoir, Daniel déclarait: "Je ne suis pas déçu du gouvernement actuel. La gauche, c'était la moins mauvaise locomotive à laquelle on pouvait s'accrocher".

 

Le succès et l'argent ne devaient en rien entamer cette sincérité: "ça n'empêche ni les indignations ni les colères», disait-il. Aussi Daniel s'est-il mobilisé pour bien des causes. Il a participé au fameux concert pour l'Ethiopie. Il s'est lancé à corps perdu dans le projet d'Action-Ecole, pour sensibiliser les écoliers de France à la misère des enfants d'Afrique, cette Afrique qu'il avait découverte grâce au Paris-Dakar.

 

article publié en janvier 1990