ACCUEIL | L'HISTOIRE | LE FILM DU DEMI-SIECLE (1900 -1949) - SUITE |
Textes et dessins publiés en 1949 ( Les noms, rôles événements que l'on trouvera dans ce film ne sont pas absolument imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existant (ou ayant existé) est réellement voulue.)
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31 JANVIER 1907
L'affaire Soleilland ! La petite Marthe Erbelding a été souillée, puis étranglée, par un ami de ses parents, l’ouvrier Albert Soleilland, lui-même marié et père de famille, qui mettra son cadavre, ficelé dans une toile d'emballage, à la "consigne des bouchers", gare de l’Est. A l'indignation générale, Soleilland, condamné à mort le 23 juillet, sera gracié par le président Fallières, qui ne veut pas, sous son "règne" débonnaire, d’exécutions capitales.
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8 MARS 1907
Pataud, secrétaire général du syndicat des ouvriers électriciens, prive la Ville-Lumière d’électricité. Et, désormais, au gré de sa fantaisie, il imposera aux Parisiens de fréquentes coupures de courant, trente-cinq ans avant que l’expression soit inventée. On l’appellera le "Roi Pataud". Grève beaucoup plus dramatique à Draveil-Vigneux (terrassiers). La troupe intervient. Il y a des morts et des blessés. |
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9 JUIN 1907
Révolte du Midi viticole. Exaspèrés par la mévente des vins (le gros rouge à deux sous le litre !), un million de vignerons, de Perpignan à Montpellier, refusent l’impôt, pillent les perceptions, barricades ; les maires démissionnent en masse. Le 17e régiment d’infanterie, d’Agde, fait cause commune avec les émeutiers. Il sera envoyé à Sfax par mesure disciplinaire. Les révolutionnaires composeront le "Chant du 17" » qui deviendra un des hymnes des partis d’extrême-gauche. Le chef de la révolte, le vigneron Marcelin Albert, dit "Le Rédempteur", va à Paris. Clemenceau, président du Conseil depuis octobre 1906, et qui se vante d’être "le premier flic de France », reçoit l’agitateur et lui offre cent francs pour ses frais de retour. Albert les accepte. Le lendemain, tout le Midi saura qu’Albert "a touché". Il sera accueilli par des huées. L’insurrection a vécu.
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25 JUILLET 1907
Mistinguett et Max Dearly, dans une revue au Moulin-Rouge, lancent, avec leur "Valse chaloupée", la mode, à la scène, des "pierreuses" et des "marlous". Elle dure encore... Le 17 novembre 1908, verra la présentation, devant le Tout-Paris du "film d’art" : « L’Assassinat du Duc de Guise », scénario d’Henri Lavedan, musique de Saint-Saëns, mise en scène d'André Calmettes, joué par Le Bargy, Albert Lambert fils, Gabrielle Robinne et Berthe Bovy. L’ère du film artisanal et anonyme s’achève... Le règne des vedettes commence. |
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8 AOUT 1907
Le général Drude et deux mille soldats français débarquent à Casablanca, où cinq Français avaient été massacrés le 31 juillet. Soutenus par le feu des croiseurs "Galilée" et "Du Chayla ", ils chargent en chantant la "Petite Tonkinoise », la chansonnette dont le comique troupier Polin a fait une "scie" mondiale, et s’emparent de la ville. C’est la conquête du Maroc (où la Conférence d'Algesiras, malgré l'Allemagne, nous a donné les mains libres), qui commence... Bientôt le général d'Amade, à la tête d’un important corps expéditionnaire, viendra relever Drude. Une colonne commandée par le général Lyautey et partant d’Algérie est déjà entrée depuis quelque temps à Oudjda (Maroc oriental). |
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1ER FEVRIER 1908
Carlos IEr, roi du Portugal, et son fils aîné sont tués à coups de carabine, dans la rue, à Lisbonne. Le second fils du roi lui succède, sous le nom de ManUEl II. Il a 19 ans. Ses amours avec la jolie actrice Gaby Deslys, des Capucines, le rendront populaire à Paris. Il le sera moins à Lisbonne, où il sera renversé, en 1910, par une révolution qui proclamera la République. |
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31 MAI 1908
L’affaire Steinheil ! On découvre, étranglés dans leur pavillon de l’impasse Ronssin, le peintre Adolphe Steinheil et sa belle-mère, Mme Japy. La belle Mme Steinheil (ex-Egérie du Président Félix Faure), git bâillonnée, ligotée, mais vivante à côté des cadavres de son mari et de sa mère. On soupçonne d'abord le valet de chambre Rémy Couillard. Puis les soupçons se portent sur Mme Steinheil elle-même. Elle est arrêtée. Après une instruction agitée, Mme Steinheil, qui avoue, puis se rétracte, sera acquittée aux Assises, où sa beauté fait grande impression. Elle est aujourd’hui la respectable épouse d’un noble lord écossais. Deux autres "affaires" alimentent abondamment la rubrique des faits divers : l’affaire Rochette (un banquier véreux, répandu dans les milieux parlementaires et qui escroque 100 millions (or) à l’épargne) ; l'affaire Lemoine (un prétendu savant qui affirme être à même de fabriquer des diamants avec du charbon. |
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16 SEPTEMBRE 1908
L'aviateur américain Wilbur Wright, près du Mans, vole 39 minutes, battant le record de durée détenu par le Français Delagrange avec 29 minutes. Deux jours plus tard, à Fort Myer (Virginie), le frère de Wilbur, Orville Wright, qui venait d’établir le record du monde avec 1 h. 15’ dans les airs, a 25 mètres de hauteur, tombe et se blesse. Son passager, le lieutenant Selfridge, est tué. C’est la seconde victime de l’aviation à moteur (la première étant l'Anglais Pilcher, en 1899). "Mais aussi, pourquoi voler si haut ?" demande Delagrange. Le 30 octobre, Henri Farman, qui avait déjà gagné le Grand Prix de 50,000 francs pour le premier vol d’un kilomètre en circuit fermé, effectuera le premier vol de ville à ville : il ira de Mourmelon à Reims (27 km.) en 17 minutes. C’est fou ! Où cela s‘arrêtera-t-il ?... |
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4 OCTOBRE 1908
La question d’Orient plus virulente que jamais. Agitation Jeune-Turque dans l’Empire ottoman. Ferdinand de Bulgarie, vassal de la Sublime Porte, proclame l'indépendance de ses Etats, et prend le titre de tzar des Bulgares. Le lendemain, l'empereur d’Autriche François-Joseph 1er , annexe la Bosnie-Herzégovine, qu’il occupait en vertu du traité de Berlin qui suivit la guerre russo-turque de 1877. La Serbie mobilise. La Russie la soutient. L’Aliemagne appuie l'Autriche. Sera-ce la guerre ? Non. Pas encore cette fois. Les conseils de modération de la France et de l’Angleterre feront accepter par l'Europe les faits accomplis. |
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28 DECEMBRE 1908
La plus grande catastrophe de tous les siècles ! Un raz-de-marée et un tremblement de terre, conjugués, détruisent en Sicile Messine et, en Calabre, presque en face, Reggio. 150.000 personnes périssent en quelques instants. |
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9 FEVRIER 1909
L'affaire des déserteurs de Casablanca ! Elle a failli provoquer la guerre. Cinq Autrichiens de la Légion étrangère ont été arrêtés, le 25 septembre 1908, par la police française au moment où ils s’apprêtaient à déserter, munis de papiers allemands fournis par consulat du Reich, dont un employé sera "corrigé" par nos agents. Berlin s’indigne. L’ambassadeur allemand Radolin vient menacer Clemenceau. Le Tigre lui répond : "Le rapide de Berlin part ce soir à 8 heures !" L'autre se calme. On arrive à un compromis et, puisque l’on est entré en pourparlers, on les poursuivra jusqu'au bout. Ils conduisent à l’accord du 9 février 1909 : l’Allemagne reconnaît notre prépondérance politique au Maroc ; nous lui garantissons l'égalité économique. Jamais les relations franco-allemandes n’auront été aussi bonnes qu'en ce printemps de 1909 (semble-t-il)... |
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27 AVRIL 1909
Les Jeunes-Turcs, le germanophile Comité Union et Progrès se rendent maîtres de Constantinople, s’emparent du "sultan rouge" Abdui Hamid, tremblant de peur au fond de son palais, l’enferment (il mourra en 1918) et le remplacent comme sultan et comme calife par son frère, Mahomet V. |
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20 JUILLET 1909
Clemenceau, le "tombeur de ministères", tombe à son tour. Delcassé, président de la commission d’enquête sur les catastrophes qui ont coup sur coup endeuillé notre marine (perte du "Farfadet", du "Lutin", de la "Couronne". du cuirassé "Iéna"), interpelle Clemenceau, l’accuse d’avoir négligé la défense nationale A la surprise des députés eux-mêmes, le ministère Clemenceau est renversé. Le premier cabinet Aristide Briand lui succède. Il y en aura, par la suite, beaucoup d’autres. |
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25 JUILLET 1909
Traversée de la Manche par Blériot. Parti de Sangatte à 4 h. 42 du matin, il a atterri près de Douvres à 5 h. 13, sur son monoplan. "C’est une date dans l’histoire de l’humanité", proclame la presse du monde entier. Le 26 août, Hubert Latham, qui avait raté de peu la traversée de la Manche, deux jours avant Blériot, couvre, sur son "Antoinette", 154 kilomètres en 2 heures 17 minutes. Le comte de Lambert stupéfie les Parisiens en volant autour du sommet de la Tour Eiffel. Et Latham bat le record d’altitude qui, l’année précédente, était de six mètres, en s’élevant à 410 mètres. C’est à donner le vertige... |
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1ER SEPTEMBRE 1909
"J’arrive du pôle Nord. Je l’ai découvert le 21 avril 1908", annonce au monde émerveillé le Dr Cook, explorateur américain, en débarquant à Lerwick (îles Shetland). "J’arrive du pôle Nord : je l’ai découvert le 9 avril dernier", annonce, du Labrador, le 6 septembre, au monde de plus en plus émerveillé, un autre explorateur, le commandant Robert E. Peary. L’enquête prouvera que Cook n’était qu’un fumiste. |
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19 JANVIER 1910
Paris inondé ! Depuis huit jours, la Seine et la Marne, débordant à la suite de pluies diluviennes, inondent Paris et la banlieue. C’est une catastrophe sans précédent. Un milliard (or) de dégâts. Trois cent mille sans-travail. Une partie de Paris est privée d’électricité (exactement comme lorsqu'il y a sécheresse)... Les égouts éclatent ; des chaussées s’effondrent. Il y a un mètre d’eau place de la Trinité, un mètre cinquante à Saint-Lazare. Le président Fallières, accompagné de M. Lépine, préfet de police, visite en barque les sinistrés du Gros-Caillou ; et le vieux Michel Mortier, directeur du Michel, en voyant son théâtre transformé en piscine, a ce mot légendaire : "Me faire ça, à moi !" |
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7 FEVRIER 1910
Grande première (attendue depuishuit ans) ; celle de "Chantecler" d’Edmond Rostand, à la Porte-Saint-Martin, avec Lucien Guitry (le Coq), Mme Simone (la Faisane) et Galipaux (le Merle). Demi-four (immérité). Autre grande première de 1910 : "La Vierge folle", d’Henry Bataille, au Gymnase, avec Berthe Bady. Enorme succès (également immérité). On a failli avoir une grande dernière : la fin du monde. Le 18 mai, la Terre passe dans la queue de la comète de Halley. Effet nul. On respire. |
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8 MARS 1910
Le milliard des Congrégations ! Il s’est liquéfié dans les mains des liquidateurs des biens religieux. On en arrête un, Duez. Scandale. Politiciens compromis. Interpellations. Nomination d'une commission d’enquête. Duez attrapera douze ans de bagne. Le milliard restera perdu (pas pour tout le monde). On arrête aussi sœur Candide, supérieure des religieuses d'Ormesson. Pour alimenter ses bonnes œuvres, elle commettait des escroqueries ! On se bat à l’exécution de Liabeuf. condamné à mort pour avoir tué un agent de police. Ses partisans tirent sur la troupe, qui chargera. Il y a des blessés. En octobre, grève générale des chemins de fer. Briand la jugule en mobilisant les cheminots pour vingt et un jours. "S’il avait fallu recourir à l’illégalité, je l’aurais fait !", déclare à la Chambre cet ancien révolutionnaire. |
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27 AVRIL 1910
Effarants progrès de l’aviation. Le Français Paulhan, sur biplan Farman, vole de Londres à Manchester, à 83 kilomètres à l’heure, gagnant un prix de 250.000 francs (or) offert par le "Daily Mail". En août, première course d’aéroplanes (beaucoup de gens prononcent aréoplane et le mot "avion" est encore inconnu) : le "Circuit de l’Est". Sur dix-huit partants, deux arrivants : Leblanc, ier ; Aubrun, 2e (tous deux sur Blériot). Paris leur fait une réception triomphale. Le 23 septembre, Géo Chavez (sur Blériot) survole le Simplon (altitude : 2.000 mètres) et se tue en atterrissant à Domodossola. |
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19 AOUT 1910
Contre la vie chère, grand meeting de protestation. Sans raison apparente, depuis un an, le pain de quatre livres est passé de 0 fr. 80 à 0 fr. 85 ; le bœuf, de 0 fr. 75 à 1 fr. 05 ; le sucre, de 0 fr. 75 à 0 fr. 90 ; les légumes secs, de 0 fr. 60 à 0 fr. 75 ; les pommes de terre, de 0 fr. 15 à 0 fr. 25 le kilo. Et les restaurants ont supprimé la "demi- portion". On aura tout vu ! Où allons-nous ? |
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12 AVRIL 1911
Nouvelle crise viticole avec refus de l’impôt, démission massive des élus, émeutes, comme en 1907 dans le Midi. Cette fois, c’est l'Est qui s’agite. Une loi délimitant la Champagne viticole en a exclu l’Aube. Ce département se révolte. Le 11 avril, le Sénat émet un vote en sa faveur. Aussitôt, c’est la Marne qui entre en insurrection. On pille, on incendie, on casse des millions de bouteilles. Il faudra faire occuper la région par un corps d’armée pour rétablir le calme. Et, surtout, il faudra laisser aux vignerons le soin de faire eux-mêmes leurs délimitations. |
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21 MAI 1911
Course d’aéroplanes Paris-Madrid. Tout le gouvernement est au départ de cette première grande épreuve de capitale à capitale. Un des concurrents, Train, tombe peu après le départ et vient faucher le groupe des officiels. M. Eugène Berteaux. ministre de la Guerre, est tué net. M. Monis, qui, en février, a remplacé Aristide Briand (démissionnaire) à la présidence du Conseil, est grièvement blessé. La course est gagnée par Jules Vedrines, sur monoplan Morane. Le 28 mai, départ de la course Paris-Rome. L’aviateur Beaumont (l’enseigne de vaisseau Conneau), sur Blériot, est vainqueur, précédant Roland Garros qui, quelques semaines plus tard, sur Blériot lui aussi, battra le record d’altitude en montant à 4.200 mètres. M. Monis, retenu au lit par ses blessures, sera battu le 23 juin sur la question du haut commandement. M. Joseph Caillaux lui succède et nomme Joffre généralissime. |
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22 JUIN 1911
Couronnement, à Westminster, du nouveau roi de Grande-Bretagne, George V, qui a succédé à son père, Edouard VII, décédé quelques mois plus tôt. Le roi George sera couronné empereur des Indes le 12 décembre, à Delhi. Le 28 décembre, la Chine, qui a renversé l’Empire, élit son premier président de la République : Sun Yat Sen. |
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1ER JUILLET 1911
Le coup d’Agadir. Guillaume envoie la canonnière "Panther" mouiller devant Agadir, au Maroc. Enorme émotion. Cette fois, à n’en pas douter, c’est la guerre avec l’Allemagne. Mais Caillaux n’en veux à aucun pris. A l’insu de M. de Selves, son ministre des Affaires étrangères, il engage des négociations avec les Allemands : elles aboutiront à un accord par lequel nous cédons une partie du Congo à l’Allemagne, qui nous donne une portion du Cameroun appelée "le bec de canard" et, surtout, renonce à toute prétention sur le Maroc. La paix est sauvée. Une guerre éclate néanmoins, en 1911, le 29 septembre : la guerre italo-turque, qui permet à l’Italie de conquérir la Tripolitaine et les îles du Dodécanèse. |
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23 AOUT 1911
Vol de la Joconde. La célèbre Monna Lisa, de Léonard de Vinci, est dérobée, au nez et à la barbe des gardiens du Louvre. Le tableau sera retrouvé le 12 décembre 1913, à Florence, Le voleur était un peintre (en bâtiments), nommé Vincenzo Peruggia. |
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21 AVRIL 1913
On guillotine, boulevard Arago , les anarchistes Raymond Callemin, dit Raymond la Science, Soudy et Monnier, dit Simentoff. Callemin crie à la foule : "C’est beau, hein ? la mort d’un homme !" C’est la réplique finale du drame qui, depuis plus d’un an, bouleversait la France : l’affaire de la bande à Bonnot.
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LA BANDE A BONNOT (SUITE)
Cela, avait commencé le 21 décembre 1911. Le garçon de recette Gaby rapportait à la Société Générale, rue Ordener, 318.000 francs de "titres" et 25.000 francs en espèces. Deux,hommes l’attaquent ; l’un lui tire deux balles de revolver, l’autre lui arrache sa sacoche. Puis les bandits sautent dans une auto et, protégeant leur fuite à coups de revolver, prennent le large. C’est, quinze ans avant que le mot existe, le premier crime de "gangsters". |
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LA BANDE A BONNOT (SUITE)
Gaby avait survécu à ses ses blessures. Sur des photos, il reconnut ses agresseurs : deux anarchiste, Garnier et Dieudonné (il se trompait pour ce dernier). La police arrêta, au siège du journal "L’Anarchie", plusieurs "anars", dont le jeune Russe Kilbatchiche (qui devait devenir l’écrivain connu Victor Serge, mort récemment) et la jolie Rirette Maitrejean. Dieudonné fut appréhendé peu après, bien qu’il fournit un alibi. Le 28 février, place du Havre, un agent veut verbaliser contre des automobilistes indisciplinés. Ils l’abattent à coups de revolver et s’enfuient. |
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LA BANDE A BONNOT (SUITE)
Le 28 mars, six bandits à pied attaquent, dans la forêt de Sénart, trois voyageurs en auto, tuent l'un d'eux, blessent les autres et leur prennent leur voiture, avec laquelle ils vont à Chantilly. Là, ils entrent dans l’agence de la Société Générale, tuent un employé, en blessent plusieurs autres, s'emparent de 45.000 francs et, tenant la foule en respect à coups de carabine, réussissent à s’enfuir. L’indignation du public est à son comble. Des députés veulent interpeller le gouvernement. La police réussit à arrêter Soudy, Carouy, Callemin. Puis, le sous-chef de la Sûreté va à Ivry arrêter trois autres bandits. Il met la main au collet de Gauzy et de Cardy... et se fait "descendre" par le troisième qui, sous les balles des compagnons de M. Jouin, fera le mort. On emporte le cadavre de M. Jouin ; quand on revient pour prendre celui du bandit, il a disparu. L'homme, indemne, avait sauté par la fenêtre. C’est le chef de la bande, c’est Bonnot. |
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LA BANDE A BONNOT (FIN)
On l'aura quand même, le 29 août, mais dans quelles conditions : mort, au milieu des décombres d’une maisonnette de Choisy-le- Roi, dans laquelle il s’est défendu farouchement, et qu’il a fallu faire sauter à la dynamite, après un siege en règle, mais infructueux, suivi de loin par trente mille curieux. Le 14 mai, on aura Garnier et Valet (morts, eux aussi), dans les débris d’une villa de Nogent-sur-Marne, dominée par un viaduc, et qu'ils auront défendue six heures contre un bataillon de zouaves munis de mitrailleuses et d'explosifs. Aux assises, Callemin, soudy, Simentoff et Dieudonné sont condamnés à mort. Dieudonné, gracié, ira au bagne, d'où il reviendra, complètement innocenté, vingt ans plus tard. |
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6 JUILLET 1913
19 km. 021 dans une heure par un coureur à pied ! Jean Bouin établit ce record du monde, à Stockholm, dans une course qui réunissait trente-deux partants. Bouin sera tué le 28 septembre 1914, au front. Mais son record durera jusqu’en 1928, où il sera battu par Nurmi. Les grands champions sportifs, en 1913-1914, sont : en cyclisme, les sprinters Friol, Hourlier, les routiers Egg, Ph. Thys, Henri Pélissier, Alavoine, Cruppelandt, Garrigou ; en tennis, Max Decugis et Suzanne Lenglen ; en boxe, Georges Carpentier, Jack Johnson. |
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30 DECEMBRE 1913
La grande vedette de la chanson, le rival souvent heureux de Mayol, le diseur au piano Harry Fragson, qui détaille avec un inimitable accent anglais (bien qu’il soit Belge) ses succès : "Les Jaloux", "L’Amour boiteux", "A la Martinique", "Reviens, veux-tu ?" et tant d’autres, est tué par son père à coups de revolver. Le "comique excentrique" Maurice Chevalier paraît pour la première fois en jeune premier élégant dans la revue "Non, mais..." à la Cigale, où il danse un "rag time" (les rythmes américains apparaissent). |
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1ER JANVIER 1914
Article la dans "Nouvelle Revue Française", signalant la publication de "Du côté de chez Swann", d’un "amateur" riche et mondain, Marcel Proust. Le manuscrit, refusé à la N.R.F. (par André Gide), au Mercure, chez Fasquelle, chez Ollendorf, a été publié par Grasset à compte d’auteur. Cette même saison 1913-1914 paraissent "La Colline inspirée", de Barrés ; "Les Copains", de Jules Romains ; "A la manière de...", de Reboux et Muller ; "L’Envers du Music- Hall", de Colette ; "Toi et Moi", de P. Géraldy ; "Jésus la Caille", de Carco" ; "Les Caves du Vatican", d’André Gide ; "Alcools", de G. Apollinaire, qui publie également une étude sur cette nouveauté : la peinture cubiste. Au théâtre, on joue "La Belle Aventure" et "Monsieur Bretonneau", de Fiers et Caillavet ; "Le Secret", de H. Bernstein ; "Le Phalène", de Bataille. Au cinéma, triomphe de Maciste dans le colossal film italien "Cabiria ". Deux comiques font rire le monde entier : Max Linder et Prince Rigadin. Et tout l’univers danse, malgré les protestations du pape, le lascif tango argentin. |
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22 JANVIER 1914
Le journaliste Paul Birault convie les parlementaires à patronner l'inauguration d’un prétendu monument élevé à la mémoire d’Hégésippe Simon, imaginaire "apôtre de la démocratie". La plupart des parlementaires envoient néanmoins leur adhésion enthousiaste. Autre faree fameuse : Roland Dorgelès et André Warnod, dans le jardin du "Lapin Agile", attachent un pinceau chargé de couleurs à la queue d’un âne. L’animal, en agitant son appendice caudal sur la toile, compose un tableau ; "Coucher de soleil sur l’Adriatique". On le signe Boronali (anagramme d’aliboron). On l’expose au Salon des Indépendants. Gros succès auprès du public d’avant- garde, féru de peinture non descriptive. Gros succès d’hilarité dans le public quand la vérité est révélée. |
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16 MARS 1914
Mme Caillaux, femme du ministre des Finances, tue de six coups de revolver le directeur du "Figaro", Gaston Calmette, qui menait une vive campagne contre son mari. Elle sera acquittée le 29 juillet. |
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28 JUIN 1914
Tandis que "Sardanapale"‘ gagne le Grand Prix de Paris, à Sarajevo (Bosnie) l’étudiant serbe Garilo Prinzip tue l'archiduc François-Ferdinand, héritier de la double couronne d’Autriche-Hongrie, et son épouse. duchesse de Hohenberg. C’est le prétexte que saisiront les Empires centraux qui, selon les paroles de Guillaume II, tenaient "leur poudre sèche et leur épée aiguisée" pour se lancer dans la guerre "fraîche et joyeuse". |
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23 JUILLET 1914
Ultimatum de l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Celle-ci en accepte tous les points, sauf un. Le 28, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, Les dés de fer sont jetés. Cortèges patriotiques dans Paris. Le 30, la Russie mobilise partiellement. Le 31, mobilisation générale en Allemagne et en Autriche-Hongrie. L’engrenage est en mouvement : la Russie décrète à son tour la mobilisation générale. Le soir même, le tribun socialiste Jean Jaurès, qui faisait des efforts désespérés pour sauver la paix, est tué, au café du Croissant, par un exalté, Raoul Villain. Notre gouvernement, pour souligner la volonté de paix de la France, replie ses troupes de couverture à dix kilomètres de la frontière. |
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2 AOUT 1914
Mobilisation générale en France. "La Mobilisation n’est pas la guerre", explique Poincaré. Mais, le jour même, le caporal Peugeot est tué, en territoire français, par un uhlan. Le premier mort de la &uerre. L’Allemagne déclare la guerre à la Russie ; le 3, à la France ; le 4, à la Belgique. (Le traité signé par le Reich, garantissant la neutralité de la Belgique ? Un "chiffon de papier", dit le chancelier allemand Bethmann-Holweg.) La Grande-Bretagne déclare aussitôt la guerre à l’Allemagne, l’Autriche la déclare à la Russie. L’Italie reste neutre. Les acteurs sont en place. La tragédie commence. Poincaré demande aux Français de faire l'Union sacrée. Ils la feront. |
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25-26 AOUT 1914
Les Russes entrent Prusse orientale. "Le rouleau compresseur est en marche", "Les Cosaques à cinq étapes de Berlin", lit-on dans certains journaux. Dans les marécages de Tannenberg, le général Hindenburg taille en pièces l'armée russe. On le fait maréchal ; Berlin lui élève une statue de bois, où les patriotes vont enfoncer des clous ! |
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29 AOUT 1914
Communiqué historique : "De la Somme aux Vosges..."» La Somme ? quand nous nous croyions encore sur la Sambre ! La bataille des frontières est perdue. Toute la gauche de l’armée française bat en retraite. Les Allemands se ruent vers Paris. Le gouvernement se réfugie à Bordeaux (les politiciens, au "Chapon fin"). Mais l’aile droite marchante des Allemands (von Kluck) se détourne de Paris, marche vers le sud, exposant son flanc droit. Gallieni et Joffre y jettent la VIe armée (Maunoury), transportée en partie par taxis, et l’armée anglaise. Kluck chancelle. Offensive générale de Meaux à Verdun : Franchet d'Esperey, Foch, de Langle de Cary, Sarrail. contre von Bulow, von Hausen, duc de Wurtemberg, Kronprinz. Combats acharnés. Le 12 septembre, bulletin de victoire de Joffre : les "invincibles" Allemands ont reculé de cent kilomètres. C'est. le "miracle de la Marne". Un des sommets de l’Histoire. |
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SEPTEMBRE - NOVEMBRE 1914
La course à la mer ! Chevaux fourbus, munitions épuisées, l'armée française, victorieuse à la Marne, n’a pu chasser les Allemands jusqu’à la frontière. Leur gros s’est retranché ; leur aile droite essaie d'atteindre les ports de la Manche. Notre aile gauche et les Anglais de French (la "méprisable petite armée britannique", disait le Kaiser) y arrivent avant eux et font la liaison avec l’armée belge. Exploits légendaires des fusiliers-marins de l’amiral Ronarc’h à Dixmude. Inondations de l’Yser. Le front Se stabilise partout. La guerre des tranchées commence. |
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25 AVRIL 1915
La guerre stagnait. Anglais et Français débérquent ausx Dardanelles. Les Turcs, après avoir donné asile aux croiseurs allemands "Goeben" et "Breslau", étaient entrés en guerre contre nous. Il fallait forcer les Détroits pour entrer en liaison directe avec les Russes, aux prises avec de puissantes armées allemandes et austro-hongroises. Les escadres ont essayé. Echec coûteux. Les troupes franco-britanniques, débarquées sur une langue de sable, sous les canons des forts turcs, s’accrocheront neuf mois au terrain. Le général Gouraud sera grièvement blessé. Le 16 juillet 1916, il faudra se rembarquer. L’armée des Dardanelles sera envoyée à Salonique où viendra se regrouper l'armée du roi Pierre Ier , quand il aura fallu évacuer la Serbie sous la pression de l'armée allemande (Mackensen) et de l'armée bulgare (la Bulgarie s'est jointe aux Empires centraux le 11 octobre 1915). Le 23 mai 1915, l'Italie a déclaré la guerre à l’Autriche-Hongrie. |
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7 MAI 1915
Le "Lusitania", transatlantique anglais faisant le service Liverpool-New-York, est coulé, au large de l’Irlande, sans avertissement, par un sous-marin allemand. 1.547 passagers anglais et américains. dont beaucoup de femmes et d’enfants, périssent. La guerre sous-marine sans discrimination est commencée. Le 26 avril, les Allemands avaient inauguré, sur le front d’Ypres, la guerre des gaz. |
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12 OCTOBRE 1915
L’héroïque infirmière anglaise Edith Cavell, accusée d’espionnage, est fusillée par les Allemands, |
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NOVEMBRE 1915
La vie théâtrale commence à reprendre à Paris, Un modeste marchand de programmes, nommé Léon Volterra, a rouvert l'Olympia et les Folies-Bergère, loués pour une bouchée de pain. Grâce aux permissionnaires, il y gagne en quelques mois ses premiers millions (il mourra, en 1949, grand propriétaire de chevaux de course). Sur les écrans des cinémas on voit surgir, dans de petits films comiques, un minable vagabond aux yeux mélancoliques. Il s’appelle Charlot. Il fait beaucoup rire. C'est la première apparition de Charlie Chaplin... |
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31 JANVIER 1916
Raid nocturne, le vingt-quarrième de zeppelins sur plusieurs villes anglaises. 300 bombes ; 61 tués, 101 blessés. Il y aura beaucoup d’autres raids de ce genre Il y en aura aussi sur Paris. Les Allemands accentuent la guerre sous-marine. Le 5 juin, le croiseur britannique "Hampshire"coule au nord de l’Ecosse. Le ministre anglais de la Guerre, lord Kitchener, qui allait en Russie, périt dans le naufrage. |
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22 FEVRIER 1916
Verdun ! Joffre, en 1915, avait essayé (Artois, Champagne) de percer le front allemand. Double échec. Les Allemands vont s’efforcer de faire sauter la charnière du front français : Verdun. Ils avancent irrésistiblement. Le colonel Driant, député (le capitaine Driant, auteur de "La Guerre de demain) est tué en défendant le bois des Caures. Castelnau, envoyé par Joffre, confie, le 25, la défense de Verdun au général Pétain. Six mille camions ravitailleront en munitions le secteur, par une route médiocre dont on fera la "Voie Sacrée". Encerclée, la garnison du fort de Vaux, sous les ordres du commandant Raynal, ne se rendra que le 7 juin, avec les honneurs de la guerre. La bataille fait rage. C’est "l’enfer de Verdun". Mais le mot d’ordre est : "Ils ne passeront pas !... On les aura". Ils ne passent pas. En décembre, on les a. En quelques jours, Mangin et Nivelle reprendront tout le terrain conquis par l’ennemi en dix mois. Un million d’hommes (des deux camps) étaient tombés devant Verdun. |
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31 MAI 1916
La bataille du Jutland ! Le seul grand " i ivmi combat naval de cette guerre (les autres sont celui des îles Falkland et celui du Dogger Bank). Dans la mer du Nord, s’affrontent 150 navires britanniques (amiraux Jellicoe et Beatty) et 100 navires allemands (amiraux von Scheer et von Hipper). Les Allemands finissent par se replier sur leurs bases. Ils ont perdu 11 navires (60.000 tonnes) ; les Anglais 13 navires (115.000 tonnes). Jusqu’à la fin de la guerre, la flotte allemande ne se risquera plus en haute mer. |
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9 JUIN 1916
A l’instigation du sénateur André Honnorat, le gouvernement avance les pendules d’une heure. C’est — à titre d’essai — l’ "heure d’été." Le Parlement finit par adopter cette loi le 19 mars 1917 ! |
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1ER DECEMBRE 1916
Grande offensive franco-anglaise sur la Somme (Douglas Haig et Foch). On manque de peu la percée. Sur le front oriental, victoires russes sur les Autrichiens ; la Roumanie entre en guerre contre les Empires centraux. Mais le roi de Grèce Constantin, beau-frère du Kaiser, nous est hostile. Venizelos crée à Salonique un gouvernement grec dissident. Constantin fait attaquer les marins français installés au Zappeion, près d’Athènes. Les Alliés finiront par chasser Constantin. Il sera remplacé par son second fils, Alexandre qui, quelques mois plus tard, mourra d’une morsure de singe. Mais, grâce a Venizelos. la Grèce finira par combattre elle aussi, à nos côtés. |
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