18 mai 1804 : proclamation de l'Empire

plus qu'un coup de force, la proclamation en France de l'Empire est le résultat d'une évolution vers la monarchie qui remonte bien au-delà de 1804. Vainqueur de l'Europe coalisée contre lui, Bonaparte, déjà premier consul à vie, n'avait plus qu 'à faire admettre le principe héréditaire. Certains membres de son entourage, comme Fouché et Talleyrand, autant compromis à l'égard des royalistes que des républicains, l'y poussaient.

Le comp lot royaliste de Cadoudal, en 1803, fournit le prétexte: le régime serait moins fragile si la succession était prévue dans les institutions. Au Sénat, seul Carnot eut le courage de s'élever contre le projet: 3Quelque service qu'un citoyen ait pu rendre à sa patrie, il est des bornes que la raison impose à la reconnaissance nationale".

La Constitution de l'an XII, promulguée le 28 floréal (18 mai 1804) prolongeait celle de l'an VIII, en conférant à Napoléon Bonaparte la dignité impériale "par la grâce de Dieu et la constitution de la République". L'Empire serait héréditaire mais l'Empereur gardait la possibilité d'adopter son successeur. Pour couper court aux accusations d'usurpation, Napoléon fit approuver la nouvelle constitution par un plébiscite dont les bulletins n 'étaient pas anonymes. Seules 2500 personnes inscrirent "non" sur plus de trois millions et demi de votants. Il restait à obtenir une seconde légitimation: celle du droit divin. Arguant du bien que l'Eglise de France, secouée par la Révolution, pourrait retirer de l'op ération, le nouvel empereur obtint du pape d'être sacré à Paris des mains du souverain pontife. Privilège dont il se passera finalement, Napoléon décidant au dernier moment de se couronner lui-même.