ACCUEIL | L'HISTOIRE | LE 11 NOVEMBRE 1918

 

 

 

 

 

 

Le traité d'armistice est lu à la Chambre des Députés...

 

 


Ayant enlevé ses éternels gants gris - qui désormais font partie de son personnage comme la casquette de laine dont il se coiffe dans son cabinet, ou son chapeau cabossé des vistes sur le front - Clemenceau tire de sa poche le texte de l'armistice. Long cahier plié en deux et protégé d'une couverture en papier vert: l'espérance, l'avenir ! Et le voici qui, lentement, se dirige vers la tribune.
Malgré son incomparable maîtrise de lui-même il est trés ému. Son lorgnon ajusté, la couverture verte rabattue, il commence d'une voix nette, sous la sécheresse énergétique de laquelle on sent gronder l'émotion contenue, le défilé des articles prévoyants et nécessaires qui, par leur sévérité, nous garantissent pour plus tard la paix que nos soldats nous ont conquise et dont la France a besoin pour préserver son pacifique bonheur.
Chaque clause de ce traité d'armistice est fermement applaudie. Et toute l'assistance, soulevée par l'enthousiasme, le bonheur et la reconnaissance, se met dix fois debout pour mieux saluer au passage les articles qui nous assurent les meilleures satisfactions, et les plus précieuses garanties:
"Le feu a cessé ce matin sur tout le front à 11 heures", déclare M. Clemenceau comme l'on pousse un cri de délivrance.
Désormais plus de morts, de mutilations, de deuils nouveaux ! C'est la fin du cauchemar.
Alors, le cahier vert refermé et le lorgnon abattu, M. Clemenceau ajoute simplement, de toute son âme qu'on devine brisée par la sublimité de tels événements et de telles heures, comme si d'autres paroles étaient superflues, ces quatre phrases que scande l'impérieuse voix du canon.

 

(Les coups de canon annoncent l'armistice).

- Au nom du Peuple français, au nom du Gouvernement de la République française, j'envoie le salut de la France une et indivisible à l'Alsace et à la Lorraine retrouvées !
Et, avec un grand geste des bras qui porte son pieux hommage vers toutes les tombes éparses sur la terre de France, il s'écrie :
- Et puis... honneur à nos grands morts, qui nous ont fait cette victoire !
A cette minute un nouveau coup de canon leur sonne dans le silence le plus glorieux des glas. Et les applaudissements se font chaleureux encore.
Quand nos vivants, poursuit M. Clemenceau, de retour sur nos boulevards, passeront devant nous, en marche vers l'Arc de Triomphe, nous les acclamerons. Qu'ils soient salués d'avance pour la grande oeuvre de reconstitution sociale !
Puis, dans un magnifique élan où pourtant il contient encore l'éloquence qui jaillit de son coeur si français et de son émotion profonde, il jette, les bras levés au-dessus de la tête, cette constation qui raccorde entre elles et unit dans la gloire toutes les étapes de l'histoire de notre pays :
Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd'hui soldat de l'Humanité, sera toujours le soldat de l'Idéal !

 

Georges Lecomte - L'Illustration.

 

 

 

_____________________________________________________________

 

 

A VOIR EGALEMENT :

La fin de la Grande Guerre (novembre 1918)

 

_____________________________________________________________

 

 

rébus publié en 1933

 

_____________________________________________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  ACCUEIL | L'HISTOIRE | LE 11 NOVEMBRE 1918

 

 

bachybouzouk.free.fr