Grande vedette de la télévision, le rébus-express a tout juste deux ans d’existence. Plusieurs fois par semaine, dix millions de téléspectateurs  prennent ce petit train d’évasion qui, comme son nom l’indique, propose un rébus à longueur des wagons avant de rentrer dans une gare astucieusement baptisée la solution.

Ce train lilliputien, qui a pourtant l’allure de ses ancêtres du Far-West, a lui aussi son histoire. Il est né de la fantaisie de Maurice Brunot, sculpteur, statuaire, décorateur… et cinéaste.  Son enfant mécanique a pris une telle place au tableau d’honneur des réussites qu’i en est devenu l’esclave. Il ne travaille plus que pour lui et court la campagne à la recherche de nouveaux décors de perspectives qui lui permettent de filmer son sujet de manière  à donner l’illusion d’un convoi grandeur nature. Il a appris les mille et une recettes du truquage et, amoureux de la perfection, travaille au millimètre près.

A chacune de ses apparitions sur l’écran, le petit train se promène six minutes au plus. Six minutes qui ont demandé 25 décors, 75 mètres de pellicule 16 mm et une dizaine de jours de travail à un monsieur qui fait tout, tout seul. Dans un studio de la rue Orfila à Paris, on trouve des dizaines de mètres de pellicule qui attendent d’être montées. C’est le laboratoire de son invention, où l’ordre règne, où le maître des lieux, en gants blancs pour ne pas rayer les films, travaille en silence devant sa machine à couper et à "souder" les séquences.

Sur une table voisine, comme sur un trône, il y a une maquette du rébus- express, à l’échelle dix fois supérieure. Elle est là pour les gros plans, comme on fait dans les vrais studios de cinéma. C’est un accessoire immobile alors que le train d’Interlude est mû , on devrait dire tiré par une ficelle reliée à u moteur d’essuie-glaces à deux vitesses branché comme la caméra électrique sur une batterie.

Brunot, c’est un peu, le La Fontaine en blouson noir, qui est sans cesse à la recherche de gags, qui bricole à longueur de journées sur un matériel que son frère, tourneur de profession, réalise en acier, dans la masse.

 

Jean Sales - journal Pilote (1962)

 

 

 

Au col du Galibier, dans les Hautes Alpes : plus de 2.600 mètres d'altitude - Maurice Brunot, sa femme et leur céloèbre petit train - Au retour des vacances de neige, le petit train arrive... en gare de l'Est !

Le journal Pilote publia en 1963 une série de rébus, dont un exemple ci-dessus (solution en bas de cette page).

 

SOLUTION DU REBUS

Lô va toue jour os moule ain / L'eau va toujours au moulin.

 

 

un mot était trés difficile à trouver : la toue (petit bateau plat pouvant faire fonction de bac)