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Près du pont Alexandre III, à Paris, la foule des visiteurs de l'Exposition Internationale s'étire en une longue file d'attente devant le pavillon de la Radio qui porte sur sa façade en caractères beaucoup plus petits "pavillon de la télévision". A l'intérieur, sur des écrans d'un mètre carré qui réfléchissent les images des récepteurs, les spectateurs suivent les mimiques des parisiens endimanchés qui se bousculent au dehors, et au milieu desquels émerge un reporter planté devant un micro haut sur pied. Le journaliste interviewe au passage des jeunes gens, la caméra filme tantôt leurs visages, tantôt les bateaux-mouches glissant sur la Seine. "Regarde, s'exclame un des visiteurs, ce n'est pas du cinéma. Nous suivons sur l'écran tout ce qui se passe à l'extérieur, à la seconde même !" A l'entrée, Jacques Donot - il est aujourd'hui le producteur du Magazine de l'Aviation - se sent très fier : il est le preùier téléreporter en direct. Dans le studio aménagé sur les quais de la Seine, le technicien chargé de la synchronisation son-image, s'écrie devant le gros plan d'un touriste qui a une cigarette aux lèvres : "Oh, les volutes, on les distingue bien, c'est formidable !" Les opérateurs eux-mêmes sont stupéfaits de la fidélité de l'image.
Cinq ans auparavant, dans un amphithéâtre, des invités du Tout Paris découvraient avec une stupeur plus vive encore la première image télévisée d'une personne allumant une cigarette. Le même geste en direct ! Entre ces deux images, la première, d'une trame grossière de 30 lignes, la seconde, pour l'expo de 1937, nette et fine avec une définition de 455 lignes, toute l'épopée de l'épopée de l'inventeur de la télévision française, René Barthélémy.
14 avril 1931. Quatre cents personnes ont envahi le hall de l'amphithéâtre de l'Ecole Supérieure d'Electricité.La séance commence. Un étrange appareil constitué d'une grosse lentille, d'un disque et d'une lampe au néon, le "récepteur-vision, réfléchit l'image sur une glace fixée au mur. Sur l'écran, une jeune femme se poudre, joue de l'éventail et fait des ronds avec la fumée de sa cigarette. Elle sourit mais à 2 km de distance, Suzanne Bridoux, secrétaire du directeur de la Cie des Comptoirs de Montrouge, qui sert bénévolement de cobaye, endure un supplice. Assise dans un fauteuil de dentiste, le dos meurtri par une planche qui surmonte le dossier, elle est enfermée dans une petite cellule bétonnée et ne peut que tourner la tête en fixant une vitre carrée minuscule. De l'autre côté de la cloison, sdans un studio de 4 m sur 4, est sur la "malheureuse victime" l'analyseur à miroirs. Ce n'est qu'un prototype de laboratoire, on on ne dit pas encore une "caméra". Il régne une chaleur tropicale dans cette chambre de torture et Suzanne est aveuglée par des projecteurs puissants. "On a mis longtemps à découvrir qu'il fallait moins de lumière pour la télévision que pour le cinéma. Nous, au contraire, nous croyions que pour améliorer l'image, il fallait augmenter la lumière !" raconte l'assistant de l'inventeur à René Blanckeman qui a reconstitué le "roman vécu de la télévision française". Cette première scéance publique est un triomphe et l'inventeur peut installer, rue de Grenelle, dans un immeuble des PTT, le studio de "Paris Télévision", première station expérimentale. Les émissionsont lieu chaque jeudi de 15 à 16 h. On convie des musiciens, des chanteurs, des comédiens. Mais par 55 degrés, le vernis du piano fond, le bois des vilons craque; seul l'accordéon résiste. Les artistes oublient leur texte. "L'analyseur à miroirs produisait de tels éclairs que j'avais l'impression que la foudr s'abattait sur moi", raconte le bonGabriello qui après l'émission, avait toutes les peines du monde à s'extirper du fauteuil de torture. En 1935, on pose une antenne au sommet de la Tour Eiffel. La télévision d'Etat qui balaye une image de 180 lignes dans la région parisienne, est née. Un jour, haletants, les premiers téléspectateurs regardent une charmeuse de serpent à moitié étouffée par un énorme boa. Sous la chaleur des projecteurs, le charme n'opère plus. On délivre de justesse l'artiste. Le lendemain, René Barthélémy décide de conditionner le studio.
Suzanne, secrétaire du directeur de la Société pour laquelle travaille l'inventeur de la TV française, rené Barthélémy, accepte d'être la première speakerine expérimentale. La voici enfermée dans une cabine appelée "la chambre de torture". Il y régne une douce température de 55 degrés. Le sourire qui apparait sur le récepteur-vision n'en a que plus de prix.
Le premier studio officiel installé dans un immeuble des PTT. Pour conditionner l'air, on a installé des buses mobiles qui ont la forme des manches à air qu'on voit sur les ponts des paquebots. La temérature est ramenée de 55 degrés à 28 degrés mais l'éclat des projecteurs fait encore fondre le rimmel.
Le premier récepteur de télévision : deux ans après l'invention, les bricoleurs l'achétaient en pièces détachées dans des magasins spécialisés : 1 lentille, 1 lampe au néon appelée "cratère", un disque analyseur d'ondes. L'image sautillait et donnait le mal de mer mais il y avait déjà des téléspectateurs mordus. L'ancêtre de votre poste TV moderne. Mais on est encore loin du récepteur extra-plat. Le tube cathodique est si long qu'il faut le placer en travers à l'intérieur d'un boitier massif. L'appareil coûtait en 1936 le prix d'une automobile. Pour le grand public, ce n'était encore qu'un "ecombrant gadget".
Publié en 1964
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article publié en 1935
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article publié au début des années 1930
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