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Tous contre le Sida a été l'émission qui en 1994 a lancé la collecte de dons pour la lutte contre le Sida en france. 7 chaînes de télévision (TF1, France 2, France 3, Canal+, Arte, M6, RFO) diffusèrent en direct du Zénith, le jeudi 7 avril 1994 de 20h50 à 3h00 du matin, un programme d'information sur cette terrible maladie apparue à la fin des années 1970. Information et aussi la  lutte pour une meilleure insertion sociale des personnes contaminées étaient associées à une collecte de fonds.

 

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lors de la conférence de presse (10 mars 1994)

 

 

 

SIDACTION 1994  

 

Il paraît que c'est une première mondiale, le fait que les chaînesde télévision d'un même pays s'unissent pour proposer un programme commun. Unique aussi qu'elles renoncent, une soirée durant, à diffuser de la publicité. Pourtant, en annonçant leur généreuse croisade contre le sida, le 10 mars dernier lors d'une conférence de presse, elles (TF1, France 2, France 3, Canal+, Arte, M6 et RFO) ont eu du mal à convaincre les journalistes, militants anti-sida de la première heure et représentants du monde socio-sanitaire. Une méfiance généralisée émanait de toute l'assistance. Parfois quelques pointes agressives en ont jailli. Comme si la télé était trop souvent démagogique pour pouvoir être honnête. Même la gravité des visages de Christine Ockrent, Michel Denizot, Anne Sinclair, Daniel Leconte, Claire Chazal, Jean-Marie Cavada et de toutes les autres stars du petit écran, déclamant leur bout de phrase sur la bande-annonce de cette charitable soirée, sonne un peu faux. Ne sont-ils pas en train de se servir du sida pour replâtrer leur popularité?

 

Bah, mais après tout, contre la trêve d'audimat, nous pouvons bien observer une trêve d'à priori négatifs, Et puis, on ne parle jamais trop de cette pandémie, dont l'amplitude a augmenté de plus de 100 fois depuis que le sida a été découvert en 1981. En 1992, au moins 12,9 millions de personnes étaient infectées par le VIH dans le monde, soit cent fois plus qu'en 1981. Et le pire est encore à venir. Selon le professeur W. Rozenbaum, de l'hôpital Rothschild de Paris, "d'ici l'an 2000, entre 38 et 110 millions d'adultes et plus de 10 millions d'enfants seront infectés par le VIH à travers le monde et 24 millions d'entre eux développeront un sida." Preuve qu'il y a encore beaucoup à dire en matière de prévention.

 

Pendant longtemps, le sida a été associé à populations à risque. Qui n'était pas toxicomane, hémophile, homosexuel ou habitant l'Afrique pouvait ne pas se sentir concerné. Aujourd'hui, les chiffres nous prouvent que l'infection VIH concerne tout le monde. En Afrique, par exemple, la maladie a d'abord touché les populations hétérosexuelles. En Europe, le nombre d'hétérosexuels contaminés est en augmentation alarmante. Alors comment éviter ce fléau quand on est hétéro? Si l'on en croit les campagnes de prévention contre le sida, c'est simple, il suffit d'adopter le préservatif masculin. D'accord, mais si on ne résume pas l'acte sexuel à la pénétration de l'homme dans la femme? Le discours de la prévention est flou à ce propos. Le "safer sex" (la sexualité sans risques) serait selon l'une des définitions fréquemment citées, "toute activité sexuelle au cours de laquelle il n'y a pas d'échange de fluides corporels". Ainsi que le constate Brenda Spencer dans un article de "Sociétés"(1 ), "cette définition est trop étroite. Comment classifier toutes les pratiques qui, même si elles évitent une pénétration du pénis, comprennent quand même un échange quelconque des fluides corporels? Et les baisers profonds avec échange de salive? Et les rapports bucco-génitaux, dont le cunnilingus ou la fellation?" En outre, comme le relève encore Brenda Spencer, la prévention ne parle pas des rapports vaginaux et des rapports anaux de la même façon. L'abandon de la pénétration anale est souvent recommandée aux homosexuels. Par contre, il est rare, du moins en Europe, que l'abandon de la pénétration vaginale soit proposée aux hétérosexuels. L'observation d'une hausse de la pratique des rapports anaux dans certaines enquêtes auprès des homosexuels a même donné naissance au terme "Relapse" (rechute). Les hommes hétérosexuels envisageraient-ils l'utilisation d'un tel terme pour parler de leur pratique de la pénétration vaginale? L'ère du sida montre à quel point nous sommes encore pétris de conventions concernant la sexualité. Comme le dit Greer (militant américain anti-sida), "malgré la sophistication de la sexologie du XXe siècle, l'homme continue de faire l'amour comme s'il avait pour première intention de peupler l'univers." Plus affligeant que ce constat, le fait que les campagnes de prévention sida soient tributaires de ces archaïsmes. Et les amants, qui soient-ils, homosexuels ou hétérosexuels, mais à l'érotisme plus imaginatif, d'en faire les frais.

 

La soirée "Tous contre le sida",outre un hommage rendu aux morts du sida, anonymes ou célèbres, et les témoignages de solidarité que viendront apporter des personnalités du show-biz, sera consacrée au développement de six thèmes: Le sida, c'estquoi? Le sida, comment ca s'attrape? Le sida, comment en parler et comment le dire? Le sida, comment le vivre, comment tenir? Le sida, où en est la recherche? Vivre l'amour au temps du sida. Espérons que ce sixième thème sera approfondi comme il se doit.

 

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(1 ) Sociétés, revue des sciences humaines et sociales, no 39, Paris, 1993

 

article de Véronique Châte publié en avril 1994 

 

 

 

 

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SIDACTION 1996

 

Après le "Tous contre le sida" du 7avril 1994, huit chaînes de télévision et de nombreuses stations de radio se sont mobilisées jeudi soir contre le sida, diffusant un programme d'information unique destiné à mieux informer le public sur la maladie et favoriser la recherche, en recueillant des fonds destinés aux équipes de recherche et aux associations.

 

Ce Sidaction 96 était retransmis en direct du Zénith à Paris, de 20h50 à 1h30 du matin - sans coupures publicitaires - par TF1, France 2, France 3, Canal+, La Cinquième, Arte, M6 et RFO, en métropole et dans les DOM-TOM. Le programme était également relayé, en direct, par la télévision belge RTBF, RTLTV1, la Télévision suisse romande, TV5 et Canal France International.

Europe 1, France Inter, RMC, RTL et Sud-Radio ont de leur côté proposé une émission commune en direct de l'hôpital de la Pitié Salpétrière, RFI et RFO ont diffusé plusieurs reportages tandis que Fun Radio et Skyrock ont repris sur leurs antennes les moment forts du Sidaction, articulé autour de trois grands thèmes: "Vivre avec le sida", "Vivre et se soigner", "Vivre et prévenir".

Reportages et témoignages sur le plateau -sur lequel était tendu un grand ruban rouge, symbole de la lutte contre le sida - ont alterné pour faire le point sur les progrès de la recherche médicale et les nouveaux traitements. De très nombreux invités étaient présents, malades, chercheurs, scientifiques, médecins, infirmières, membres des associations, comédiens comme Michel Boujenah, Gérard Depardieu, ainsi que le tennisman Henri Leconte, le saxophoniste Manu Dibango, le couturier Jean-Paul Gaultier, des hommes politiques comme le ministre de la culture Philippe Douste-Blazy. 1996, a-t-il estimé, est "la première année où l'espoir peut être raisonnablement envisagé".

Accompagnée d'un chœur, l'actrice Catherine Deneuve a ouvert l'émission avec la chanson "aimer à en perdre la raison". Puis l'un des organisateurs de la soirée, le président de la Cinquième Jean-Marie Cavada, a noté que "cinquante personnes ont été contaminées dans le monde depuis le début de l'émission".

 

Le Sidaction se caractérisait également par un appel à la charité publique, précédé de reportages sur les réalisations financées par Sidaction 94, qui a rapporté plus de 300 millions de francs français provenant de 1.428.000 donateurs.

Les organisateurs ont revendiqué "rigueur" et "transparence" concernant l'utilisation des fonds collectés. Seuls 7,6% des sommes collectées vont au budget de fonctionnement, a-t-il ajouté. Les sommes recueillies seront affectées à des programmes de recherche fondamentale et clinique, aux différentes associations d'aide aux malades et de prévention, sous la surveillance d'un commissaire aux comptes de la Fondation de France. Répondant aux critiques émises à l'encontre de cette soirée imposée sur toutes les chaînes, Jean-Marie Cavada avait noté sur Europe 1 qu'en cas d'urgence comme celui du sida, "il n'ya pas à hésiter, même si on contraint un peu l'opinion et si on force les choix. Quand il y a le feu, personne ne se demande s'il faut ou non aller chercher de l 'eau".

La première édition du Sidaction, en 1994, avait par ailleurs suscité des débats sur la répartition des fonds et le caractère médiatique de l'opération. François d'Aubert, secrétaire d'Etat à la recherche, tout en félicitant les organisateurs de Sidaction 96 pour leur "dévouement", a tenu à rappeler que "la recherche médicale est une des priorités de mon département ministériel (...) Le gouvernement consacre près de 800 millions de francs français, permettant à notre recherche de mobiliser plus de 600 chercheurs et enseignants".

 

article publié en juin 1996

 

 

la colère de Christophe Martet, président d'Act Up

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