Note perso : cet article a été écrit en1964. On s'apperçoit que certaines choses sont encore valables de nos jours (rediffusions,...) Malgré les moyens techniques, les moyens financiers, la multiplication des chaines, la créativité n'y est plus.

 

 

La TV est un outil merveilleux. Quand on évoque ses applications privées, industrielles, son avenir planétaire, on est tenté de se dire que la production artistique est en retard sur la technique. A l’heure de la Mondovision, à la veille de la planétovision, le téléspectateur s’étonne de voir encore des secondes et des troisièmes diffusions, des vieux films qu’il valait mieux oublier, des dessins animés non doublés, des tribunes qui auraient leur place dans un programme radio. Nous aurons un jour une 3ème Chaîne, Elle pourrait inaugurer cette formule de choc : Les feuilletons-débats ». Grâce à un truquage électronique enfantin, l’image du feuilleton passionnant n’apparaîtrait plus que dans une fenêtre à gauche cependant qu’une tribune de messieurs vêtus de noir improviseraient un débat sur le film même. Quand à Bonnes Nuit les Petits, il serait programmé à 15 h 30. Ainsi économiserait-on sur les émissions de la jeunesse. La 3ème Chaîne idéal ? Vite, un carré blanc !

 

 

Techniquement, nos réseaux hertziens pourraient supporter 4 chaînes nationales. Mais pour l’instant, la seconde chaîne n’est encore que la chaînette 1bis et pour meubler les deux programmes, il faut avoir recours, entre deux bonnes émissions à des bouche-trous, à de la vieille pellicule. Un jeune réalisateur, René Blanchard, a conçu un interlude dans lequel on voit un petit homme écrire ligne par ligne le texte d’un panneau d’excuses pour interruption de programme. Puis il attend sous nos yeux, la reprise de l’émission. Il s’impatiente, va prendre l’air, revient, repart sous la pluie, revient à nouveau, enfin décidé à abattre le panneau d’excuses à coups de revolver. Cet interlude est symbolique : il a été réalisé pour le Service de la recherche de l’ORTF que dirige Pierre Schaeffer*. La mission de ce centre pilote : constituer un banc d’essai permanent pour découvrir de nouvelles formules qui permettent un plus grand public à la TV de demain, encourager les initiatives de jeunes réalisateurs. Les programmes des deux chaînes doivent être de telle qualité que tous les Français aient envie d’acquérir un récepteur.

 

adapté de l'article publié dans le journal Pilote (1964)

 

 

* le plus grand succès de Centre sera, bien sûr, les Shadocks