ACCUEIL | TELEVISION | DON QUICHOTTE (1964)

 

 

 

 

 

Le héros légendaire de l’Espagne, Don Quichotte de la Manche, représente à jamais le chevalier des temps modernes, dans un monde qui ne lutte pas pour les causes désintéressées et désespérées. Il a deux visages éternels, Don Quichotte : c’est tantôt le vieux toqué qui prend une auberge pour un château, une paysanne pour une princesse et des moulins à vent pour des géants, tantôt l’illuminé  génial qui transforme la laideur en beauté.  On commence par le railler comme un fou, on finit par louer son courage insensé. En 1965, vous  verrez sur le petit écran le tandem le plus extraordinaire de l’occident, le chevalier errant à la triste figure monté sur sa vieille jument Rossinante et escorté de son fidèle écuyer Sancho Pança sur son âne. En suivant les tribulations du grand maigre et du petit gros aux silhouettes légendaires, vous serez sans cesse partagés entre le rire et l’admiration. Le tournage de ce feuilleton en 13 épisodes vient de s’achever près de Madrid, sur les lieux mêmes où le romancier Cervantès a situé son épopée.


Réaliser et interpréter un tel film était une entreprise proprement Donquichottesque. Au début, les Espagnols boudaient et refusaient de prêter leur concours. Oser toucher à la légende ! Philippe Clay avait été pressenti. Sacrilège, un chanteur dans le rôle ! Josef Meinrat est  la vedette du Burger Theater de Vienne, l’équivalent de notre Comédie Française. Pour les Madrilènes, la référence était plus convenable. Alors commença le calvaire de Don Quichotte venu d’Autriche : les figurants espagnols de sceptiques devinrent fanatiques. Et quand selon le scénario l’hidalgo devait recevoir force horions, SANS ETRE DOUBLE, ils n’y allaient pas de main morte.

 

 

 

 

Don Quichotte et Sancho Pança.

 

Don Quichotte se fait armer chevalier dans la cour de l’auberge. A ses yeux, le tenancier est un noble châtelain et ses servantes les dames de sa cour. L’acteur a bien du mal à s’agenouiller pour cette cérémonie rituelle : les grossières articulations des cubitières et genouillères de son armure lui vaudront de sérieuses ankyloses. Le poids de la cuirasse était moins éprouvant que son inconfort. Il s’agit d’une armure rafistolée qui au XVI° siècle passait déjà pour démodé !

 

 

 

 

Sancho Pança qui espère en bon écuyer devenir pour sa retraite gouverneur d’une île - récompense traditionnellement accordée par les chevaliers à leurs fidèles compagnons - est plus courageux devant les ennemis de son maître que devant sa terrible épouse. Il fuit ici en chemise.


Les Espagnols n’ont pas voulu que Joseph Meinrat soit doublé même dans les scènes où le concours d’un cascadeur s’imposait. Par contre, son cheval Rossinante avait trois doublures, le soleil de la Sierra ou les feux des projecteurs fatiguant les pauvres montures de Don Quichotte.

 

Josef Don Quichotte va se battre pour de bon cotre ce moulin maudit. Il pique des deux, brandissant sa lance en plastique. L’aile du moulin l’arrache des étriers et l’enlève dans les airs. Ce n’est pas un mannequin de son qu’on voit ainsi suspendu mais l’acteur en chair et en os.

 

Don Quichotte va mourir d’épuisement à la suite d’un combat singulier contre le "chevalier des Miroirs" mais il ne s’agissait encore que d’une mystification et l’hidalgo succombe peut-être à la mort de ses illusions.

 

 

 

 

journal Pilote (1964)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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