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Sur la nationale 12, aux environs de Rambouillet, un auto-stoppeur, à la hauteur d'un panneau de direction indiquant: "Lanson 30 km", fait de grands signes. Un poids-lourd s'arrête. Ah, la solidarité des routiers, elle existe vraiment. Ils vous dépannent eux au moins. L'homme monte dans la cabine du chauffeur. Le mastodonte démarre et prend de la vitesse. Mais voici que deux motards actionnant leurs sirènes lui ouvrent la route. Qu'est-ce qui lui vaut cet honneur? Ce n'est pas une ambulance ni une voiture officielle. A l'avant du camion, il se passe quelque chose d'étrange. Sur une plate-forme adaptée au capot, deux hommes braquent une caméra contre le pare-brise. Le routier complaisant et son compagnon, sont des acteurs de cinéma, Bernard Charlan et Michel Barbey et celui qui joue les figures de proue sur le capot, c'est le réalisateur Jean-Pierre Desagnat. Quant au panneau, il est faux. Lanson est une ville de province purement imaginaire.

 

Vous venez de "voir" les premières images du feuilleton qui succédera en décembre 1962 au Temps des Copains: Janique Aimée. Son héroïne est une jeune fille moderne, simple, sportive, sans complexe. Elle a l'âme d'un garçon manqué. Il faut la voir défendre son indépendance, sauter par dessus les murs, enfourcher son vélomoteur (Vélo Solex). Janique est une charmante infirmière qui travaille à l'hôpital de Lanson, dans le service du docteur Pierre Laurent. Elle est fiancée à un jeune ingénieur chimiste, Bernard Talon (Michel Bardinet). L'arrivée de l'auto-stoppeur dans la petite ville déclenche le drame. On ne sait pas si cet homme qui se nomme Dajou et qui joue un peu le rôle du destin, est un maître-chanteur ou un détective. A la suite d'un coup de téléphone, le fiancé de Janique disparaît et au cours des 52 épisodes du feuilleton, la jeune infirmière le recherchera.

Vous connaîtrez d'abord sa famille. Son père, Henri Gauthier, directeur d'un cabinet d'assurances, est un homme foncièrement bon, sa mère est une parfaite maîtresse de maison qui ne pense qu'au bonheur de ses enfants.

 

Vous la suivrez dans l'usine de plastiques où travaillait son fiancé, dans la fabrique concurrente et surtout elle vous fera visiter un étrange château où vit Alice, son amie d'enfance, une fille trop gâtée et couvée par sa gouvernante, Mathilde, qui est peut-être une sorcière.

 

Tout disposait Janine Vila à devenir à 21 ans Janique Aimée. Cette petite espagnole de paris, née près des carrés de choux des Halles, le 2 juin 1942, et qui vient d'opter définitivement pour la nationalité française est dans la vie elle aussi une jeune fille très indépendante qui aime rire et danser, tout en étant intrépide, bricoleuse, astucieuse comme un garçon. elle est fiancée à un ingénieur qui comme le Bernard du feuilleton, a fait également la guerre d'Indochine.

 

Elle n'est pas inconnue à la Télévision. Souvenez-vous de Rose, cette jeune fille qui donne asile à Oliver Twist poursuivi par des malfaiteurs. C'était Janique... pardon, Janine. Cet été 1962, elle a joué en Provence le rôle d'une indienne aux côtés d'Henri Tisot dans Mon Oncle au Texas, un film pour le grand écran.

 

 

 

JANIQUE AIMEE

 

 

JANIQUE AIMEE : UNE INTRIGUE TRES COMPLIQUEE DANS UNE FAMILLE TOUTE SIMPLE


C’est dans un  studio de l’avenue de Saxe à Paris, où un appartement a été entièrement reconstitué pour les besoins du nouveau feuilleton, que j’ai rencontré Jean-Pierre Desagnat, réalisateur :
- Jean-Pierre Desagnat, où sommes-nous exactement ?
- Nous sommes dans la salle à manger de la famille Gauthier, qui comprend : M. Gauthier (Maxime Fabert), sa femme (Paulette Dubost) et ses deux enfants (François Nocher et Janine Vila, qui incarne l’héroïne, Janique, jeune fille moderne, sympathique et aimée de tous. Janique a également deux oncles : Antoine, pittoresque colonel en retraite (Edmond Beauchamp) et François, son parrain (Max Anyl). Dans le décor de gauche,  qui représente une jolie cuisine rustique, Paulette Dubost et en grande discussion avec la gouvernante de la maison (Hélène Dieudonné).

Janique Aimée, c’est avant tout la vie de tous les jours d’une famille provinciale. L’histoire se passe dans une petite ville et un petit village aux noms imaginaires : Lanson et Chimot*. Il y aura des vues du château de Mesnil-Saint-Denis où habite la famille Molivant, dont la fille Alice est l’amie d’enfance de Janique. Le film débute le soir des fiançailles de Janique avec Bernard (Michel Bardinet) qui à la suite d’un coup de téléphone mystérieux, devra quitter la maison et demeurera introuvable. Apparaitront ensuite un journaliste (J.P. Jaubert) et un certain Emile Dajou (Michel Barbey). Toute cette intrigue est d’ailleurs trop compliquée  pour être racontée… Et puis, il n’y aurait plus de surprise…
- Quand débutera l’émission ?
- Le 4 février, cinq fois par semaine ; il y aura 52 épisodes de 15 minutes chacun. C’est Jacques Siclier qui a écrit l’adaptation et les dialogues et nous avons commencé le tournage le 9 août 1962.

 

extrait du journal Tintin (1963)

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* les extérieurs ont été tournés à Rambouillet et à Saint-Léger-en-Yvelines.

 

 

 

 

MAINTENANT, JE NE REVE PLUS QUE DE JOUER UN ROLE COMPLETEMENT DIFFERENT DE CELUI DE JANIQUE

 

Jamais elle n'oubliera avec quelle joie, l'an dernier, alors qu'elle s'apprêtait à boucler ses valises, elle apprit qu'elle devrait renoncer à ses vacances.

- Ce fut merveilleux, déclare-t-elle, je ne m'attendais pas du tout à cette chance là !
Une chance c'était le mot qui convenait. La petite comédienne inconnue qu'était Janine Vila se voyait condamnée à rester à Paris, mais pour y gagner ses galons de vedette de la télévision. A cette époque, en effet, on établissait à la R.T.F. la distribution définitive du Feuilleton qui allait remplacer le Temps des Copains. Le rôle de l'héroïne était déjà pratiquement réservé à Michèle Girardon, quand, in extremis, Jean-Pierre Desagnat, le réalisateur, découvrit que Janine représentait bien mieux la Janique du scénario.

- Voila pourquoi je défis mes valises, le cœur en fête et me plongeai dans l'étude du texte qu'on me proposait. Le tournage allait commencer aussitôt et se poursuivre pendant plus de six mois. Je remis donc à une date indéterminée mon projet d'aller me dorer au Soleil, en Espagne...

Comme chaque année, elle devait retourner au pays où se trouve le berceau de sa famille, dans cette région de Valence qu'elle adore, bien qu'elle se considère comme Parisienne. Elle n'avait que six mois quand ses parents, qui font commerce des agrumes, sont venus s'installer à Paris.

A l'école, elle parlait le français; en famille, l'espagnol. Petite fille rieuse, bavarde, de celles que l'on qualifie de "garçons manqués", elle dévorait des contes de fées, s'en inventait d'autres. Mais jamais on ne l'entendait déclarer qu'elle voulait, plus tard, devenir comédienne.

Aujourd'hui, quand elle doit, ce qui lui arrive plusieurs fois par jour, raconter une histoire, elle prévient tout de suite:

- Très franchement, je dois le dire, je n'ai pas eu ce qu'on appelle la vocation. Ma sœur Anita avait choisi comme profession la danse typique, espagnole, bien entendu. Mais moi, c'est seulement pour m'amuser que je suivis des cours de danse classique. A la fin de mes études, j'appris la sténo et la dactylo; un emploi de bureau ne m'enchantait que modérément...

C'est par l'intermédiaire d'Anita que Janine rencontra un jour Jacques Pils. Il lui conseilla de songer sérieusement à tenter sa chance au théâtre, et, pour commencer, de s'inscrire à un cours de diction. Pas très convaincue encore, elle alla chez Maurice Escande, puis chez Madame Dussane, et enfin, chez René Simon.

- Quels emplois vous faisait-on travailler ?
- Toujours les jeunes premières, classiques parfois, mais plus souvent celles de Marivaux ou de Musset, parce que, paraît-il, cela correspondait à mon physique. En réalité, je mourais d'envie de jouer les fantaisistes, les comiques même... Je n'ai pas changé depuis, j'adore les gens qui me font rire, et je voudrais faire rire les autres.

Pour deviner l'ambiance dans laquelle Janine aime vivre, il suffit de jeter un coup d'œil dans sa chambre. Tout un petit monde de poupées et d'animaux en peluche, dont beaucoup sont contemporains de son enfance, font la ronde autour des meubles. Dans un coin, sa guitare, des disques, des quantités de bibelots étranges et drôles.

- La monotonie, la banalité me font peur, avoue-t-elle, et c'est pourquoi j'entreprends d'incessantes expéditions chez les antiquaires et les brocanteurs.

Parmi les avantages du métier de comédienne, il en est que tout de suite elle apprécia: les voyages. On l'engagea pour jouer des pièces de Molière en tournée au Danemark. Pour ses dix-huit ans, elle eut son premier rôle cinématographique dans Les Nouveaux Aristocrates. Un rôle modeste, mais qui permettait d'en espérer d'autres. Le suivant, on le lui donna dans L'Oncle du Texas.

- Là, il régnait une fantaisie débordante qui me ravissait. Pendant les mois de tournage, j'ai souvent entendu Henri Tisot parler du Temps des Copains. Je ne me doutais pas que j'allais avoir à mon tour une chance du même genre à la télévision.

Elle était déjà passée sur le petit écran, elle avait été la petite Rose dans Oliver Twist. Mais du jour au lendemain, devenir le personnage principal d'un feuilleton en cinquante-deux épisodes, cela dépassait toutes ses ambitions.

- Quand on vous a fait prendre connaissance du scénario, quelle a été votre impression à propos de Janique ?
- D'emblée, je l'ai trouvée sympathique, intéressante. Je suis tout de suite entrée dans le jeu, j'ai réagi comme si j'avais été vraiment Janique. C'est seulement par la suite que j'ai moins bien compris son comportement vis-à-vis de Bernard...
- Vous êtes donc d'accord avec la fin de l'histoire ? Janique ne pouvait épouser Bernard ?
- Je crois qu'il n'y avait pas d'autre solution que celle là. Si le cas s'était présenté pour moi dans la réalité, je ne l'aurais pas épousé non plus. Il m'est difficile de rester objective, mais j'avoue que Bernard ne représente pas du tout mon idéal masculin.
- Vous rangez-vous aussi du côté des téléspectateurs qui ont inondé la R.T.F. de lettres de protestation ? Ils prétendaient qu'en épousant le docteur Laurent pour qui elle a seulement de l'estime, Janique ne serait pas plus heureuse. C'est votre avis ? Il est évident qu'à la place de Janique, Janine aurait trouvé assez cruel d'avoir à résoudre le problème, mais, tout compte fait, ce dilemme dont elle a été l'objet par personne interposée ne l'a pas trop bouleversée. C'est que, contrairement au sort de Janique, le sien se trouve déjà réglé selon son cœur.

Tout en prêtant son visage à cette héroïne déchirée, elle rêvait au jeune ingénieur chimiste qu'elle doit épouser bientôt.

- Où je me sentais bien des points communs avec Janique, dit-elle, c'était lorsqu'elle faisait des projets pour l'installation de son foyer futur. Tout laissait prévoir qu'une fois mariée, elle deviendrait une excellente femme d'intérieur, et c'est mon cas.
J'adore aménager une pièce, transformer un meuble, bricoler. Plutôt que de sortir le soir, je préfère recevoir mes amis chez moi, en faisant la cuisine pour eux... Lire, écouter des disques.
Une vie très calme, très simple, très bourgeoise en somme...
Mais, à mon avis, c'est la seule manière de bâtir un bonheur stable, surtout quand on fait, d'autre part, le métier de comédienne.

En ce qui concerne sa profession, Janine, maintenant, peut se permettre de choisir. Elle tente, avec la chanson, une expérience qui l'amuse, mais en revanche, elle a déjà refusé plusieurs rôles.

- Ils ressemblent trop à Janique, déclare-t-elle, et ce que je veux dès à présent, c'est faire mes preuves dans un personnage complètement opposé. J'aimerais jouer une pièce à Paris, le contact avec le public me manque depuis longtemps... J'attends avec impatience qu'on me le donne, ce rôle de fantaisie dont j'ai la nostalgie.

Mais, elle n'en perd pas de vue pour cela son avenir sentimental.

- Je sais que c'est très ambitieux de vouloir maintenir l'équilibre pour réussir à la fois une carrière et une vie de femme. Pour moi, la seconde a plus d'importance...

Telle est cette Janine Vila que, longtemps, les téléspectateurs continueront d'appeler Janique.

 

Femmes d'Aujourd'hui - interview de Claude Obernai (1963)

 

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On pouvait lire en 1963 :

Lundi 27 mai 1963 - Demandez le programme, une émission de variétés : Janine Villa (Janique aimée) et Michel Barbey (Dajou) interpréteront un duo.

 

 

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En 1963, BARCLAY sort sous la réfèrence 70550 un 45 tours EP Janine Vila chante Janique Aimée. Ce disque comprend 4 titres : Janique Aimée , Il M'a Donné La Main, Janique, Les Filles C'Est Comme Ça - Elle était acocompagnée par Jacques Loussier et Son Orchestre

 

 

 

 

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Ici prochainement : un nouvel article sur ce feuilleton de 1963

 

 

 

 

 

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publicité de 1963

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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