C'est après la seconde guerre mondaiale que la télévsion commença "lentement" à arriver dans nos foyers, le prix élevé des téléviseurs et le volume réduit des programmes ainsi que le nombre restreint d'émetteurs étant un frein au développement.

L'extrait ci-dessous a été publié en 1946.

Sagement assis devant le poste de radio, mon neveu Gérard écoute la retransmission d’un match de football. Il entend un speaker intarissable décrire rapidement le comportement des joueurs sur le stade. Parfois, quand le jeu devient serré, le speaker bredouille obligatoirement et Gérard trépigne :

— Ah ! si ce n’est pas malheureux ! Quel dommage qu’on ne puisse rien voir. Ah ! vivement la télévision...

Et à brûle-pourpoint, il m’interpelle :

— Au fait, tu m’as promis de m’expliquer la télévision.

Comme le match est terminé, Gérard n’a de cesse que je quitte ma table de travail pour venir lui faire comprendre les mystères de la télévision.

— Va chercher la carafe dans le placard de la salle à manger. Gérard, ébahi, lance un regard interrogateur; devant mon air sérieux, il s’exécute et ramène, visiblement intrigué, l’objet :

— Un des éléments principaux d’un appareil de prise de vue de télévision ressemble à cette carafe. C’est une grosse ampoule de verre à fond plat. Elle porte le nom de "tube cathodique".

— Catholique !...

— Non, j’ai bien dit : cathodique. L’image à transmettre est reçue à l’intérieur sur le fond de l’ampoule de verre.

— Ensuite que se passe-t-il ?

— Attends une seconde. As-tu une idée de ce que peut être une cellule photo-électrique ?

— Oui, Beaugency, le photographe, en a une. Il me l’a montrée ; il s’en sert pour mesurer la lumière afin de régler l’ouverture de l’objectif de son appareil de photo. Elle est constituée, je crois, par un élément sensible à la lumière, quand il est frappé par un rayon lumineux, il "fabrique" un faible courant électrique que l’on peut mesurer et dont la puissance est proportionnelle à l’éclairement.

— Je vois que tu es calé. Tu vas comprendre rapidement le principe de la télévision. Sur le fond de l’ampoule de verre, des milliers de minuscules grains d’argent sensibilisés sont fixés. Chacun d’entre eux joue le rôle d’une microscopique cellule électrique.

Tu vas saisir leur fonction :

Premier temps : l’image se pose sur cette mosaïque de petites cellules sensibles. Chaque microcellule se charge plus ou moins d’électricité.

Deuxième temps : un commutateur spécial, ultra rapide, agit comme le ferait un tube d’aspirateur ménager. Il explore. ligne par ligne, les rangées de points d’argent et recueille au cours de ce balayage, une par une, les infimes charges électriques. Inutile de te dire que ces deux opérations se font en une fraction de seconde, puisque le commutateur, en une seconde, a balayé 25 fois l’image permanente qu’il traduit en une suite d'impulsions électriques, une sorte de signal morse extrêmement rapide. Ce "message électrique" parcourt un câble qui le transmet à une antenne. L'antenne, par les procédés ordinaires de la T.S.F., transforme, a son tour, les impulsions électriques en ondes que les récepteurs vont capter. Bien entendu, le son qui accompagne les images est transmis dans le même temps. Est-ce clair ?

— Je saisis. Mais ensuite comment ces ondes sont-elles traduites en image sur l'écran des postes récepteurs ?

— Grâce au même tube cathodique. Tu sais que la transmission est instantanée. A peine l’image est-elle formée sur le fond du tube de l’appareil de prise de vues qu’elle s’inscrit devant l’auditeur-spectateur. je t’ai dit que dans les postes de réception se trouve un tube cathodique analogue à celui de la caméra de prises de vues. C’est le fond extérieur du tube qui joue le rôle d’écran. Sa surface est recouverte d’une substance jaunâtre. L’onde captée par l’antenne réceptrice produit à l’arrivée une suite d’impulsions électriques analogues à celles qui sont émises par la caméra. Un commutateur identique à celui de l’appareil de prises de vues l’image lumineuse.

Il me reste à t'emmener dans un studio de prise de vues...

On répète une émission de télévision éducative. Des étudiants anglais jouent une petite scène, parlée en anglais. Il s’agit d’une jeune Française reçue dans un collège britannique. Elle apprend à connaître les usages anglais. Un professeur d’anglais (sur la gauche) est là en qualité de conseiller technique. Grâce à cette émission, les étudiants français apprendront à parler un anglais correct.

Ici, il s’agit d’une émission scientifique. Un jeune professeur fait une conférence sur l’air liquide. L’exposé est très vivant, car il est accompagné d’expériences spectaculaires.

Le cameraman, les yeux dans le viseur, suit la scène. D’une main, il règle le cadrage, de l’autre, il modifie l’orientation de l’appareil. Lui et son aide reçoivent des ordres venus de la cabine de régie par les écouteurs qu’ils ont aux oreilles.