"La 25e heure" porte bien son nom. Comme le mouton à cinq pattes ou la semaine des quatre jeudis, elle évoque un univers étrange et décalé, ce qui tombe bien, car l'émission y embarque une fois par semaine les couche-tard curieux.

 

Depuis sa création, en septembre 1991, l'émission de Valentine et Jacques Perrin, a pour principale vocation de présenter des œuvres de création - courts-métrages de fiction ou d'animation, téléfilms - inhabituelles et des documentaires dérangeants. "Il n'y a aucun a priori sur les genres, nous n'avons pas de ligne éditoriale et nous tenons à ne pas en avoir", explique Jacques Perrin. Ainsi, chaque programation est-elle différente, alternant les styles et les atmosphères. Si, à l'occasion de sa 200e édition, "La 25e heure" propose ce soir* une rétrospective du cinéaste Frédéric Back, présenté comme le Monet du dessin animé, elle annonce pour les semaines à venir un documentaire sur le procès retentissant d'O.J. Simpson, un film suisse "Les Apprentis Sorciers", sur les premiers essais nucléaires français, et un film sur le fils du bandit de grand chemin Jacques Mesrine. Le comble, dans un paysage audiovisuel timide et échaudé par les échecs audimatiques, c'est que cet éclectisme marche. Et a réussi à fidéliser le public depuis les cinq ans et demi que l'émission existe. "Jamais de la vie nous n'aurions cru que cela durerait aussi longtemps. On a commencé en 1991, pour trois mois, jusqu 'à Noël, et puis l'émission a été reconduite jusqu' en juin», précise Jacques Perrin. "Et depuis, chaque année, sans que ce soit formel, on se retrouve reconduit. On ne met pas en doute l'intérêt de la chaîne pour l'émission, mais "La 25e heure" est une chose tellement atypique". Malgré leur succès, les producteurs gardent la tête froide... Heureusement, d'ailleurs! Sinon comment feraient-ils pour dénicher leurs perles parmi les cinquante à soixante cassettes qui leur parviennent chaque jour? "Il est vrai que cinq ans d'existence, c 'est rare pour une émission de télévision et cela ne peut que nous rendre contents. Mais elle appartient davantage à ceux qui font les films qu'a nous-mêmes", relève Jacques Perrin. "Cette émission est une petite fenêtre , une antenne ouverte à d'autres qui font des films; c'est une notion essentielle à laquelle nous tenons".

Pour les numéros à venir,Jacques Perrin souhaite présenter davantage de courts-métrages, notamment des films étrangers, ainsi que ceux du répertoire. "Ce serait bien que "La 25e heure" ne soit pas que l'expression de documents graves, comme c'est un peu trop le cas actuellement. Le documentaire, qui est le reflet de notre société, traduit toujours un souci et un discours certes intéressants et fascinants, mais rarement gais. On ne voit pas souvent des reportages sur le bonheur et ce serait bien qu'on ait une note de sourire et de charme". Autrement dit, les aficionados du samedi soir n'ont pas fini de se coucher tard.

 

* ce soir à 0h35 sur France 2.

 

____________________________

article de Véronique Chatel du samedi 8 février 1997