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La bonne fête des anciens temps, où chaque village de France allumait et dansait autour de son feu sous la nuit de juin! Des anciens temps! Oui, car la coutume remonte bien haut, si haut que maintes régions en ont perdu le sens et ont laissé tomber la flamme. Le feu de joie est le "feu de la Saint-Jean". Il est dit dans l'Evangile qu'à la naissance de Jean-Baptiste, il y eut une grande joie sur toutes les collines de Judée. Or la joie, c'est la ronde naïve, ce sont les chants, c'est le feu...

Le feu, c'est aussi la guerre et le carnage. Autrefois, à l'approche des légions romaines, des feux s'allumaient de colline en colline sur tout le sol gaulois pour alerter les combattants. C'était la mobilisation.

Le 24 juin 1928, le souvenir guerrier s'est joint au souvenir chrétien. D'Alésia (Côte d'Or) à Gergovie (Clermond-Ferrand), une ligne ininterrompue de feux a relié les deux capitales gauloises, en passant par le Mont Beuvray, l'antique Bitracte.

 

hebdomadaire Le Pélerin (1928)

 

 

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On vient d’allumer un grand brasier sur la place du hameau. Dans la nuit chaude, le bois crépite, les flammes se tordent et font passer des éclairs blonds sur les visages des paysans. La main dans la main, garçons et filles dansent une farandole autour du feu en chantant des rondes centenaires. Tout à l’heure, les plus hardis d’entre eux s’élanceront vers le brasier et sauteront par-dessus. Car c’est aujourd’hui le 23 juin, veille de la Saint-Jean.


EN SOUVENIR D’UN SACRILEGE

 

Dans les temps les plus reculés, les peuples primitifs adoraient le feu parce qu’ils voyaient en lui la représentation du soleil sur la terre. Ils célébraient cet astre au solstice d’été, c’est-à-dire pendant la période de l’année où les jours sont les plus longs, en allumant de grands feux de joie. Les Chrétiens firent leur cette fête ; voici comment. Le 23 juin de l’an 362 après Jésus-Christ, sous l’empereur romain Julien l’Apostat, les païens profanèrent la sépulture de Saint-Jean-Baptiste à Sébaste où les disciples l’avaient enseveli après qu’il eut été décapité. Ils brulèrent ses os et dispersèrent ses cendres au vent. Bouleversés par ce sacrilège, les fidèles décidèrent de rappeler ce fait par des feux commémoratifs qu’ils allumeraient chaque année le 23 juin. C’est ainsi qu’une fête chrétienne succéda à une fête païenne sans que rien ne fut modifié à son déroulement apparent.

 

EXECUTES EN PLACE DE GREVE

 

Les feux de la Saint-Jean n’étaient point l’apanage exclusif des campagnes. On les célébrait aussi dans les villes. A Paris, au moyen âge, on prit l’habitude d’allumer tous les ans un grand brasier en place de Grève. Le gouverneur de la ville, le prévôt des marchands et tout le corps de la cité, escortés de gardes s’y rendaient en grande pompe, drapeaux et tambours en tête. Au milieu de la place, s’élevait un mât de 25 mètres de hauteur hérissé de traverses de bois auxquelles on attachait des branchages et de la paille. On plaçait même dans le bucher des fusées et des pétards. Quand la cavalcade des officiels avait fait trois fois le tour de la Grève, le prévôt mettait le feu à la pile et les échevins, suivant son exemple, y jetaient aussitôt des torches enflammées. Alors de grands cris d’allégresse montaient de la foule dont les archers et les arquebusiers avaient grand peine à contenir leur ardeur.

Malheureusement, la Saint-Jean était alors l’occasion d’un acte d’authentique barbarie. On suspendait au mat une cape contenant quelques douzaines de chats noirs, symboles du diable, qui étés condamnés à être grillés vifs. Les miaulements effroyables de ces pauvres bêtes formaient avec l’éclatement des pétards et le crépitement du feu une symphonie infernale.

 

LES ARTIFICIERS ENTRENT EN SCENE

 

Lorsque l’usage de la poudre fut devenu général, le feu de la Saint-Jean dans les villes fut changé en feu d’artifice. ; à paris spécialement où ne subsista bientôt plus que celui de la place de Grève. Mais ce dernier conserva longtemps une grande solennité. Certains rois comme Louis XI, François 1er et Henri II daignèrent même l’allumer de leur propre main. Le 23 juin était alors l’occasion pour les souverains, de faire des largesses au peuple.
Le dernier feu officiel que connût Paris fut celui de 1789. Il fut allumé sur l’ordre du gouverneur de la Bastille. Ce digne homme était sans doute fort loin de se douter qu’il devrait rendre, trois semaines plus tard, sa forteresse aux révolutionnaires.
Mais si elle est tombée en désuétude dans les villes, la coutume d’allumer des feux de joie à la Saint-Jean est restée très vivace à la campagne. De nos jours encore, chaque année, la nuit du 23 juin est pour les paysans de France, d’Allemagne et d’ailleurs l’occasion de danses et de chansons autour d’un brasier. Il est bon de conserver certaines traditions.

 

Journal Tintin (1951)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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