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Le premier Avril est par tradition un jour de mystifications. Soyez donc sur vos gardes ! On vous enverra peut-être chercher une pelote de ficelle pour lier une sauce, un bâton n’ayant qu’un bout, un pistolet pour tirer dans les coins, … Réfléchissez  avant de courir les magasins. Et au premier frôlement suspect dans votre dos, vérifiez qu’on ne vous a pas accroché un poisson en papier !
Tout ça n’est pas méchant, bien qu’il soit toujours désagréable de faire rire à ses dépens.

 

 

 

 

QUAND L’ANNEE AVAIT DIX MOIS

 

Avant César, Avril (du verbe latin aperire, ouvrir) était le deuxième mois de l’année instituée par l’empereur Romulus. Une année qui ne comptait que dix mois. Janvier et Février ayant été ajoutés plus tard, Avril se trouva reporté au quatrième rang.


En France, ce même mois resta pendant un certain temps le premier de l’année. Celle-ci commençait alors à Pâques. Mais en 1564, au cours d’un séjour qu’il fit dans le Roussillon, le roi Charles IX révolutionna le calendrier en fixant au 1er Janvier le commencement de l’année en lieu et place du 1er Avril. Cette innovation fut loin de plaire à tout le monde ! C’est ainsi qu’en guise de protestation, on prit l’habitude d’offrir  au 1er Avril, non plus des étrennes, mais des messages de condoléances ou des cadeaux burlesques.


Le soleil se trouvant à cette époque dans la constellation des Poissons, nos aïeux mêlèrent à leurs plaisanteries toutes sortes de sucreries en forme de poissons. De là serait venue la joyeuse coutume qui s’est perpétuée jusqu’à nous. Un proverbe s’y rattache sous forme d’avertissement :
Au moment où commence Avril,
L’esprit doit se montrer subtil.


Autrement dit : soyez assez perspicaces pour déjouer les farces qu’on pourrait vous faire !

 

PAUVRES PECHEURS BREDOUILLES !

 

Autrefois, les gens commençaient à pêcher aux premiers jours d’Avril. On avait alors peu de respect pour ceux qui rentraient bredouilles. Ils se voyaient offrir, maigre consolation, des poissons en bois ou de carton. Pour éviter ce genre de mésaventure, nombre de pêcheurs au maigre butin prétendaient que leur bateau avait sombré. Comem personne n’était dupe, le mensonge était généralement accueilli  par ces cris :
- Oh ! Oh ! le beau poisson d’Avril !
Faut-il voir là la véritable origine du facétieux poisson ? Quelques-uns l’affirment.


UN POISSON S’ECHAPPE

 

Tout à fait différente est la version qu’on prête à certains écrivains. Un prince de lorraine, enfermé par Louis XIII dans le château de Nancy, réussit à s’évader un 1er Avril en traversant la Meuse à la nage. Aussitôt après cet exploit, un bruit étrange se répandait e Lorraine : on avait donné aux Français un poisson à garder !... Malgré son côté romanesque, cette source semble pour le moins douteuse. Nos ancêtres  pratiquaient, en effet, les farces du 1er Avril bien avant le XVII° siècle.

 

LA PASSION D’AVRIL

 

Faut-il voir dans «poisson une corruption du mot "passion" ?... On sait que Jésus Christ fut renvoyé, sous les insultes, d’un tribunal à l’autre, de Caïphe à Hérode, d’Hérode à Pilate. Or, cela se passait au commencement du mois d’Avril. Ce drame a-t-il servi de base à un divertissement ? Les gens du Moyen-Age ne reculaient pas, en effet, devant de telles manifestations d’irrévérence. Aux réjouissances du Carnaval figuraient aussi bien les épisodes les plus douloureux, les plus respectables   de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le tout pour la plus grande gloire de Dieu et pour l’édification des fidèles.
Notez qu’en dépit de ces faits, rien ne prouve que le mot "poisson" soit une altération de "passion". Malgré leur propension à se moquer de tout, nos pères n’allaient pas jusqu’à personnifier le Christ dans leurs mascarades ; on aurait donc pris le poisson en tant que symbole. Ce choix s’expliquerait d’autant mieux que les premiers chrétiens, redoutant les persécutions, désignaient le Fils de Dieu par le mot grec ICHTUS (poisson). Monogramme formé avec les initiales de cinq mots sacrés (Iésous, Christos, Théou, Uios, Sôter (Jésus, Christ, de Dieu, Fils, Sauveur).

 

L’ELECTEUR EN CHAIRE

 

Mais nous voilà bien loin du 1er Avril et de ses plaisanteries. A côté de mystifications parfois douteuses, souvent banales et répétées, il en est quelques-unes qui sont restées célèbres. C’est ainsi qu’un électeur de Cologne, de passage à Valenciennes, fit savoir qu’il s’adresserait aux fidèles le jour du 1er Avril. La nouvelle ayant fait le tour de la ville, il y avait foule dans l’église quand l’électeur monta en chaire. Il fit le signe de la croix, salua son auditoire, puis d’une voix tonitruante s’écria : Poisson d’Avril ! Après quoi, il repartit dans un grand déploiement de fanfares…


LA FAUSSE INVITATION

 

Le lundi 1er Avril 1805,M. Regnault, de St Jean d’Angély, recevait, en fin d’après-midi, une invitation à se rendre le jour même auprès de l’Empereur. Grâce aux courageux efforts de quatre chevaux de poste, le noble invité put se présenter à Fontainebleau juste avant minuit. La première personne rencontrée par Regnault fut un certain M. de Carrion à qui il expliqua hors d’haleine :
- Sa Majesté m’a convoqué pour ce soir…
- Ne vous pressez pas
, répondit Carrion, à qui venait d’arriver la même aventure.
Lorsque Duroc annonça l’arrivée de l’Empereur que M. Regnault prétendait, lui aussi, être reçu, Napoléon s’exclama :

- Encore un !... Pour le coup, c’est un poisson d’avril !

Regnault, vexé, repartit sans demander son reste. Et, le lendemain, tout Paris s’amusait de l’incident

 

LES ANES ET LES MOUCHES

 

Quant au sérieux Evening Star, voici ce qu’il annonçait le 31 mars 1846 : Demain, 1er Avril, une grande exposition d’ânes se tiendra au marché d’Islington. Tôt dans la matinée, la foule se pressait à l’endroit indiqué et les curieux s’aperçurent, mais un peu tard, que les ânes… c’étaient eux !
Rappelons enfin qu’il y a quelques années, la presse parisienne fut invitée à l’inauguration du buste de monsieur Mouche. On lui devait, parait-il, las bateaux du même nom qui naviguent sur la Seine. Inutile de préciser qu’il s’agissait d’un canular, ce monsieur n’ayant jamais existé.

 

UNE PIERRE POUR LE MOU

 

Un conseil pour finir à l’attention de ceux que guette le service militaire. Si vous êtes affectés aux cuisines et que le cuisinier en chef vous demande de chercher "la pierre à enfoncer le mou", ouvrez l’œil. C’est un vieux poisson d’avril qui a toujours cours dans les casernes et les innocents conscrits en font couramment les frais. Un détail : la pierre en question est destinée à empêcher le mou de bœuf de remonter à la surface de l’eau… Vous avez saisi l’astuce ?
En voici d’autres bien connues dans l’armée, mais qui font toujours des victimes : on demande aux "bleus" d’aller chercher du foin pour les chevaux de frise, un maillet pour enfoncer le piquet d’incendie ou la culasse mobile du L.R.A.C. !...*

 

d'après un article de S.-E. Peumery publié dans le journal Tintin (1964)

 

Notes personneles :

* le L.R.A.C. (lance-roquettes antichar) étant constitué principalement d'un tube creux.

Je me rappelle quelques autres blagues entendues lors de mon service militaire: aller chercher le piquet d'incendie, la ligne de mire, une boite d'impacts de balles...

 

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La nature en fleurs revit d'une bien touchante façon sur les cartes postales !

 

 

POISSON D'AVRIL

 

C'est une tradition bien amusante de se faire des attrapes le 1er avril ! D'autant plus que les victimes,, ce jour là, ne peuvent vraiment pas se fâcher. Pour ne pas être surprises, elles n'avaient qu'à regarder le calendrier ! Mais quelle est l'origine de cette coutume ? On pense rarement à le demander !

 

L'explication la plus ancienne nous est donnée par un auteur du XVII° siècle : d'après lui, un prince de Lorraine que Louis XIII avait fait enfermer dans le château de Nancy trouva le moyen de tromper ses gaardiens et se sauva la nuit du 1er avril en traversant un fossé à la nage. Les lorrains dirent alors que c'était un poisson que l'on avait donné à garder aux Français. Et pour se moquer de leurs ennemis, ils prirent l'habitude de crier "Poisson d'Avril !" À tous ceux qui étaient victimes de mauvaises surprises semblables à celle qu'avait dû éprouver le geôlier de Nancy en s’apercevant de la fuite de son détenu.

 

Certains érudits, pourtant, donnent à l'usage du poisson d'avril une origine différente : Il remonterait à la fin du XVI° siècle, à l'époque où l'année cesser de commencer

le 1er avril. C'est en effet en 1564 que le roi Charles IX qui se trouvait en Dauphiné, au château de Roussillon, rendit une ordonnance prescrivant que, dorénavant, le premier jour de l'année serait désormais le 1er janvier. A la suite de ce changement, les étrennes se donnèrent donc à cette nouvelle date et , à l'ancienne date du 1er avril, on en profita pour faire des farces aux personnes qui regrettaient ce changement. On s'amusa en particulier à les mystifier en leur faisant des cadeaux simulés ou en leur envoyant de faux messages. Comme, à cette époque, le soleil quitte le signe zodiacal des Poissons, on en serait tout naturellement venu à donner à ces plaisanteries, le nom de "poissons d'avril".

 

 

publié en 1953 dans le Journal de Mickey

 

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TOUTE UNE HISTOIRE

 

Le "poisson d’avril" remonterait au XVIe siècle, et on le devrait indirectement à Charles IX dont M. le duc d’Aumale ne manquait jamais de dire quatre fois en vous en montrant à Chantilly les quatre portraits : "Un mauvais roi !"

Pendant un séjour qu’il fit en Dauphiné, au château de Roussillon en 1564, ce jeune souverain rendit une ordonnance en vertu de laquelle était reporté au 1 er janvier, le premier jour de l’année qui, jusqu’alors avait commencé au 1er avril. Par suite de ce changement, les étrennes ne se donnèrent plus qu’au jour initial de janvier et, le 1 er avril, on se livra, en manière d ironie, à des félicitations moqueuses et à des plaisanteries envers les personnes qui ne s’accommodaient qu'avec humeur du nouveau régime. De là même à les mystifier par des cadeaux simulés ou de faux messages, la distance n’était pas grande, et, finalement, comme c’est en avril que le soleil quitte au Zodiaque le signe des Poissons, nos aïeux donnèrent à ces simulacres le nom de poissons d’avril qui leur est resté.

Quoi qu il en soit, l’habitude des poissons d’avril, qui consiste à faire, le premier jour de ce mois, des farces et des attrapes à ceux que l’on suppose assez bonasses pour s’y laisser prendre, n’est pas complètement abandonnée. Elle a connu, sous Louis-Philippe et au commencement du second Empire, une gloire d apogée, car on peut dire que la mystification qui se pratiquait alors couramment n’était pas autre chose qu’un poisson d’avril perpétuel et qui durait toute l’année.

A froid et à l’anglaise, ou bien cordiale, ronde, bourgeoise, ou encore bruyante, commis-voyageuse et s'accompagnant d’un charivari d’assiettes cassées... toutes ces différentes écoles de plaisanterie étaient à la mode et débordaient comme les diverses gourmes de l’esprit du jour. Romieu, Henri Monnier, Vivier, Cham, et bien d’autres, moins immortels, rentrés depuis dans l’oubli, en furent longtemps les intarissables héros. Qui ne connaît leurs exploits? Non? Vous en voulez? Tant pis si vous la savez?... Vous m’arrêterez.

C’est Henri Monnier se postant au départ de quelque omnibus à long trajet, jusqu’à Charonne ou Montrouge, et guettant une bonne tête de vieux monsieur... Alors, après que la victime choisie était montée, l’auteur des Bas-Fonds s’approchait du conducteur et, lui glissant une pièce de vingt sous, lui disait tout bas :

— Vous voyez, ce vieillard, là-bas?... au fond ? c est mon père. Il n’est pas fou... mais un peu (l’index allait faire toc toc au front).

— Je comprends, monsieur, opinait avec tristesse le conducteur. Eh bien ?

— Eh bien, on l’attend au point terminus, à Charonne... Jusque-là, il ne faut, à aucun prix, le laisser descendre ! Il voudra... oh ! il voudra tout le temps, c’est une de ses petites manies... il ne faut pas... A Charonne seulement !

— Vous pouvez compter sur moi, monsieur, affirmait le conducteur.

Et la voiture partait, suivie de l’œil par Henri Monnier faisant des signes d’adieu et agitant un mouchoir comme s’il venait d’embarquer un des siens au port du Havre. Et jamais le créateur de M. Prud’homme ne savait ce qu’il advenait dans la suite, mais là était justement pour lui — expliquait-il à ceux qui s en étonnaient — le piquant de la chose et le fin du fin, d’ignorer... de rester dans l’inconnu... On pouvait, de cette façon, tout imaginer, tout supposer... On était dans la nuit...

Je me rappelle aussi avoir entendu conter par Philippe Gille que son vieil et facétieux ami le comte de Noë, le dessinateur Cham, ayant été un des témoins de son mariage, s’approcha doucement du maire, aussitôt après la cérémonie, et lui dit avec gravité en le prenant à l’écart : "Compliments, monsieur, vous mariez très bien. Mon ami est enchanté... Il reviendra"... laissant l’officier public accablé de stupeur.

Plus tard, quand l’illustre Sapeck pêchait à la ligne dans le bassin du Luxembourg, ou bien qu’entrant chez un épicier, il demandait quelle était la meilleure bougie, et sur la réponse qu’il y avait l’Etoile, l’idéale, la Moscovite, la Polaire, celle du Berger, etc..., qu’il priait alors que l’on voulût bien avoir la bonté de lui en allumer une de chaque marque pour lui permettre de se rendre compte, et qu’après les avoir attentivement regardées brûler toutes ensemble un bon quart d’heure, il s’en allait en déclarant : "Merci, je vais réfléchir!" il ne commettait pas autre chose, même en décembre, qu’un poisson d’avril. Et c’était aussi, du temps que je servais si mollement sous les drapeaux, faire acte ininterrompu de ce même poisson que d’envoyer le bleu d'une semaine quérir le parapluie de l’escadron, la clef du terrain de manœuvres, ou les lettres de la femme de l’adjudant. La plupart de ces facéties ne sont pas, il faut l’avouer, d’un comique bien génial, et je ne vous les donne pas pour du Molière, mais quelques-unes pourtant furent d’une drôlerie à laquelle de grands esprits ne craignirent point d’accorder parfois, à condition de n’en avoir pas été dupes, la récompense d’un sourire. Elles restent, en tout cas, la caractéristique surannée d’une ère paisible et sans secousses où l’on avait du temps à perdre et à rire, et où les mœurs, sans être irréprochables, présentaient cependant plus de laisser-aller et de bonne grâce.

 

Henri Lavedan - publication de 1930

 

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