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Si tous les chrétiens célèbrent Pâques avec solennité parce que c’est la plus grande fête de l’année, ils ne la célèbrent pas nécessairement de la même façon. Certaines coutumes locales peuvent même paraître étranges. Elles n’en sont pas moins dictées par le désir de rendre honneur à Jésus et de fêter sa résurrection.  

 

EN ITALIE


LES Italiens célèbrent la Passion de Jésus par des manifestations dramatiques, propres à leur tempérament. A Grassina (petit village près de Florence), par exemple, la population toute entière poursuit un homme habillé en rouge représentant Judas et harcèle de paroles haineuses le désespéré qui gravit péniblement une colline. Et tandis que des femmes pleurent et gémissent au pied de la Croix, Judas se pend, au milieu des vociférations de la foule.

 

EN SICILE


A Caltanisetta, en Sicile, une procession d’hommes habillés en noir, sort le Mercredi-Saint. Elle est conduite par un capitaine choisi à tour de rôle  dans chacun des corps de métiers du village. Jusqu’en 1882, le capitaine avait le droit de libérer, ce jour-là, un condamné à une peine légère.
Dans d’autres villages siciliens, les mères de famille jettent par la fenêtre, le jour de Pâques, les ustensiles de ménage qui ne leur plaisent plus afin de chasser le diable du foyer, puis elles frappent les jambes des enfants en bas âge en ordonnant : Marche seul !, dans l’espoir… d’accélérer leur éducation.

 

EN POLOGNE


Le lundi de Pâques, chaque maitre de maison polonais est tenu par la tradition d’offrir un œuf dur à tous ses visiteurs. Il doit l’ouvrir en deux avec ses doigts, en manger lui-même la moitié et offrir l’autre à son invité. L’ennuyeux c’est qu’on invite généralement beaucoup de monde chez-soi ce jour là. Pour chaque nouveau venu, cela ne fait qu’in demi-œuf, mais pour l’amphitryon… cela peut faire une solde indigestion !


EN BAVIERE


Vous connaissez tous ces courses amusantes où il s’agit d’atteindre un but le plus rapidement possible sans laisser tomber l’œuf que l’on porte devant soi, dans une cuiller. Les Bavarois eux, pour leurs jeux de Pâques ont encore compliqué la chose ! La course se pratique par couples. Un jeune homme et une jeune fille doivent porter horizontalement une roue de charrette sur laquelle ont été posés deux œufs, en deux points de la jante diamétralement opposés. Difficulté supplémentaire : on leur demande non seulement de courir mais aussi de franchir une barrière sans laisser choir les œufs ! Il s’agit, pour les concurrents d’avancer au même pas, sinon, c’est la catastrophe !

 

EN ESPAGNE


Les processions de Pâques à Séville sont célèbres dans le monde entier et amènent chaque année une foule de pèlerins et de curieux. Il faut dire qu’elles sont extrêmement pittoresques et impressionnantes. La longue file des pénitents s’avance, à la tombée du jour, à travers la ville ; ils portent des cierges à la main, sont vêtus de robes blanches et d’un haut capuchon pointu d’un rouge sang. Leur visage est entièrement caché : seuls deux trous ont été prévus dans le capuchon à hauteur des yeux. Certains portent une lourde croix. Derrière eux suivent des statues de bois richement habillées de velours, de brocart, de dentelle, et couvertes de bijoux de grande valeur. Mais ce qui est le plus étrange, c’est l’allure à laquelle circulent ces statues. Leurs porteurs sont entièrement dissimulés sous de longues draperies ; ils avancent au pas militaire, s’arrêtent et se mettent en marche avec une telle brusquerie que les pieuses et vénérables statues semblent être animées par des ressorts, comme des jouets d’enfants…

 

adapté du journal Tintin (1955)

 

 

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LES FEUX DE PAQUES


Il n’y a pas que feux de la Saint-Jean et ceux de la Saint-Martin. En Flandre* et au Tyrol, la tradition s’est perpétuée d’allumer de grands feux de joie dans les villages, le jour de Pâques. Symbole chrétien et païen à la fois, le feu purificateur efface le passé et les flammes montent vers le ciel en signe d’espérance.

 

LES PROCESSIONS DE PAQUES

 

Un peu partout, des processions sortent des églises pendant le temps pascal. En Scandinavie, les fidèles quittent le village, pénètrent dans les bois et font de grandes incisions dans les troncs des bouleaux. Puis, quand la sève commence à couler, ils en remplissent les écuelles et la boivent solennellement. C’est leur façon de commémorer le retour du printemps et de faire couler la vie nouvelle dans leurs veines.
A Hakendover, en Brabant*, les jeunes gens suivent la procession à cheval. Sans cesse, à travers champs et prairies ; ils galopent en décrivant de grands cercles autour du Saint-Sacrement et des fidèles de la procession.
A Oberammergau, en Autriche, la procession se termine par la représentation en plein air du jeu de la Passion. Les rôles sont tenus par les villageois. Mais les costumes sont si beaux, les acteurs bénévoles si doués que le spectacle atteint chaque année un très haut degré d’émotion. Aussi, une foule énorme se dérange-t-elle, des quatre coins du monde pour y assister.

 

LA FLEUR DE PAQUES


La passiflore (fleur de la Passion) a ainsi été baptisée parce que, dit-on, sa corolle rappelle la couronne d’épines du Christ. De plus, les cinq sétales et les pétales de la fleur symbolisent les dix apôtres (Pierre, qui a renié Jésus et Judas, qui l’a trahi, étant rejetés du compte).

 

LES BAINS DE PAQUES


Une très ancienne croyance attribue à l’eau le pouvoir de conférer la jeunesse éternelle pendant les fêtes de Pâques. Aussi, dans certaines régions, les jeunes gens se baignent-ils dans les sources et les fontaines afin de garder leur force et leur beauté. En Europe Centrale, les villageois se contentent de jeter des seaux d’eau à la tête… de ceux auxquels ils veulent du bien !

 

ET LES ŒUFS DE PAQUES


L’œuf, depuis l’Antiquité, a toujours été vénéré comme l’emblème de la vie et ce serait, pour certains, l’origine des œufs de Pâques. Pour d’autres, cette tradition s’expliquerait par le fait que les poules se remettent à pondre abondamment dès les premiers beaux jours et que l’œuf est un primeur au moment de Pâques. Toujours est-il qu’en France, où le nouvel an débutait à Pâques jusque sous Charles VI, les œufs étaient le cadeau d’étrennes le plus apprécié.
Louis XV distribuait, le jour de Pâques, à ses courtisans, des œufs peints par les meilleurs artistes de France.
Un œuf dont on parla beaucoup fut offert au pape Léon XIII. Sa coquille était en ivoire sculpté doublé de satin et s’ouvrait en quatre morceaux. Le jaune était un écrin d’or pur contenant un superbe rubis entouré de diamants.
Ceux que les cloches nous apportent le dimanche de Pâques sont moins originaux, mais combien plus délectables, puisqu’ils seront en sucre ou en chocolat.

 

*en Belgique

 

adapté du journal Tintin (1954)

 

 

 

 

 

 

 

 

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