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publié en décembre 1944
Une salle de classes au Pays de Rêves. Maître Lucien Lustucru, coiffé d’un grand bonnet vert, fait la lecture à ses élèves qui l’écoutent en croquant des bonbons.
Lustucru (lisant). — Le Prince Charmant et la Belle au Bois Dormant se marièrent dans le Palais Enchanté et eurent deux beaux enfants qui se nommaient... Eh bien, comment se nommaient-ils, Colin-Tampon ?
Colin-Tampon (la bouche pleine). — Euh... Meuh...
Lustucru. — Et toi, Papillon ?
Papillon (la bouche' pleine). — Ils se nommaient... Ils se nommaient...
Lustucru (indigné). — Et vous appelez ça une leçon d’histoire bien apprise ? C’est une honte ! Croyez-vous donc que le Père Noël donnera des jouets à de petits loirs, à de petits baille-toujours, à de petits paresseux comme vous ? Il ne vous donnera rien, rien du tout !
Bernique (faisant claquer ses doigts). — Moi, je sais, M’sieur ! Ils se nommaient Jour, et puis Aurore !
Lustucru (apaisé). — Enfin !... Tiens, voici une sucette, pour ta peine !... (On frappe à la porte). Entrez !
(Le Père Noël entre, tout habillé de rouge, les brus chargés de paquets).
Le Père Noël (joyeusement). — Bonjour, mes amis !
Les Elèves. — Vive le Père Noël ! Bonjour, Père Noël !
Lustucru (tapant sur sa chaire). — Assez !'... Et votre chanson ? Une, deux... trois ! Les Elèves (en chœur, sur l’air du "Bon Tabac") :
Bonjour, oui bonjour, petit Père Noël,
Nous sommes bien contents de te voir venir,
Tu nous donn’ras des patinettes,
Et puis, des patins à roulettes.
Des autos, des trains, de beaux ballons ronges
Et des sucres d’orge à n’en plus finir !
Le Père Noël (riant aux éclats). — Très bien, très bien, mais vous m’écorchez les oreilles !... Donnez-moi plutôt une chaise, je n’en peux plus ! (Il s’assied près du poêle). Eh bien, il fait meilleur ici que dehors... Quel froid ! Quelle neige ! C’est encore pis que l’année dernière, d’autant plus que, forcément, j’en ai perdu l’habitude, depuis trois cent soixante-quatre jours que je suis enfermé chez moi !... Oh, que ce feu brûle bien !... (Il se frotte les mains).
Lustucru. — Que diriez-vous d’un bon grog de pruni-prunette pour vous réchauffer ?
Le Père Noël ( tout réjoui). — Eh, bien volontiers !
Lustucru. — Bernique, va le préparer, vite ! (Bernique disparaît).
Le Père Noël. — Qu’y a-t-il de nouveau, depuis l’an dernier ? Tous les enfants sont là ? Mais non, je ne vois plus ce grand rouquin qui chantait si faux, vous savez ?
Lustucru. — Mistigri ? Hé, il a passé brillamment son certificat de faridondaine et il travaille maintenant chez Cadet-Roussel : il refait les toits de ses trois maisons. Oh, c’est un habile ouvrier, il ira loin !
Le Père Noël. — Et le gros brun qui pleurait tant ?
Lustucru. — Moustique ? Il est apprenti bûcheron chez le père du petit Poucet, très mal nourri, d’ailleurs, paraît-il !... (Bernique revient). Mais voici votre grog !... Combien voulez-vous de morceaux de sucre ?
Le Père Noël. — Dlx-sept, s’il vous plaît ! (Il déguste son grog en souriant d'aise). Ouh, cela va mieux !... Parlons un peu d’affaires sérieuses. Etes-vous eontpnt de vos écoliers, maître Lustucru ? Si vous les interrogiez un peu, pour que je me rende compte de leurs progrès ?
Lustucru, — Mais, certainement ; nous en étions à la leçon d’histoire... Voyons, Colin-Tampon, finis d’avaler ton bonbon et dis-moi comment s’appelait la belle-soeur de Barbe-Bleue ?
Colin-Tampon (bafouillant ). — Cen... Cen... Cendrillon !
Les Elèves (criant). — Non, non, c’est Sœur Anne !
Lustucru. — Bien. Et le frère d’Ali-Baba ?
Les Elèves. — Cassim !
Lustucru. — Et où est parti monsieur Dumollet ?
Les Elèves. — A Saint-Malo ! Lustucru. — Et le petit navire ?
Les Elèves. — Sur la mer Mé... Mé... Mé...
Le Père Noèl (d'une voix, tonitruante). — ...Méditerranée ! Et vive la marine !... J’ai justement là un joli bateau pour celui qui est le premier en géographie ! Qui est-ce ?
Lutstucru. — Bernique. Il dessine de mémoire la carte du Pays des Rêves, sans faire une seule faute !
Le Père Noël (sortant un bateau d’un paquet).— Voici pour Bernique !... Et quel est le meilleur en leçons de choses ?
Lustucru: — Papillon. Voulez-vous qu’il vous énumère tous les arbres du Pays de Cocagne ?
Le Père Noei. (gaiement). — Non, non, pas aujourd’hui, il y en a trop ! Mais voici un beau train pour toi, Papillon le savant !... Et le calcul... ah... le calcul ?
Lustucru. — Oh, là, c’est encore Bernique qui l’emporte ! Il sait sa table de gesticulation sur le bout du doigt, et quant à scs preuves à la 6-4-2 !...
Le Père Noèl. — C’est un as, ce Bernique !... Eh bien, il aura cette belle paire de patins... Mais pour Colin-Tampon... pour Colin-Tampon... (Il sort les verges et chante sur l’air de "Meunier, tu dors) :
Des verges, morbleu, j’en ai plus de huit cents
Pour bien fouetter les petits fainéants.
Et pan pan,, et j>un pan sur Colin,
Et pan pan, et pan pan sur Tampon.
Et pan pan, et pan pan sur Colin,
Et pan pan, et pan pan sur Tampon !
Colin-Tampon (fondant en larmes). — J’en veux pas ! J'en veux pas !
Le Père Noei. (riant). — Console-toi, nigaud, elles sont en chocolat ! ( Colin-Tampon prend les verges en reniflant et commence à les croquer). Quant au reste des paquets, partagez-les entre vous, mes enfants !
Les Elèves (se bousculant). — Oh, merci. Père Noël, merci !
Le Père Noël (soupirant). — Allons, il est grand temps que je me remette en route... Songez que je n’ai même pas encore été chez les sept filles de l’Ogre, ni chez Chaperon Rouge, ni chez les Petits Nains ! Oh, je suis en retard, en retard !... (Il se lève à regret). Au revoir, mes amis, au revoir. Maître Lustucru, et merci pour votre pruni-prunette, elle était excellente !
Les Elèves. — Au revoir. Père Noël ! {ils chantent, pendant qu’il sort, sur l'air de "Monsieur Dumollet") :
Bon voyage, petit Père Noël,
Reviens bien vite au beau Pays des Rêves.
Bon voyage, petit Père Noël,
Reviens bien vite avant l'année nouvelle !
Rideau
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