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texte publié en décembre 1905

 

CHRISTMAS

 

Pour la plupart des Français, le mot de Christmas évoque seulement l’idée de repas plantureux, de roastbeefs saigiants, de gigantesques puddings — une sorte de noce de Gamache avec vingt-deux milliohs de convives,dans des salles décorées de houx et de gui.

Celte idée du Noël anglais n’est pas fausse, sans doute, mais elle est incomplète. Dans certaines parties de l’Angleterre, les réjouissances gastronomiques sont compliquées de maintes coutumes — quelques-unes charmantes,quelques-unes bizarres — qu’il n’est pas sans intérêt de rappeler à un moment oùla France et l'Angleterre fraternisent et s’efforcent de se connaître mieux l’une l'autre.

Ce qui se passe à Londres ne donne qu’une faible idée du vrai Christmas. L’exiguité des appartements, la vie hâtive et compliquée, empêchent les Londoniens de se livrer à toutes les minutieuses observances du vieux temps. Même la branche de gui, le fameux "mistletoe bough" qui confère à la jeunesse masculine des privilèges si enviables, tombe peu à peu en désuétude, s’il faut en croire les marchands de Covent-Garden Market. Souvent il est suppléé par un simple brin placé à la boutonnière, et. si quelque attrayant minois vient à passer, on élève le brin au-dessus de la charmante tête... le tour est joué.

Mais en province, dans ces vastes halls où le temps ni la place ne sont mesurés, alors Christmas est vraiment une chose charmante et originale. Pendant la quinzaine précédente, les jeunes garçons des villages vont de maison en maison, chantant les "Christmas Carols" dont quelques-uns sont vieux de plusieurs siècles, et terminant par la requête d’une " Christmas box" car tous les cadeaux de Noël portent le nom de "Christmas boxes" (boîtes de Noël) de même que le lendemain de Noël, jour férié, est appelé "boxing-day".

Dans le comté de Cornouailles, pendant la veillée de Noël, les enfants dansent autour de caisses de bois pleines de sable où des bougies de diverses couleurs sont plantées, figurant la crèche contenant "la Lumière du Monde". Des caisses semblables sont placées aux quatre coins du clocher, à l’extérieur, toutes les fois que la disposition architecturale le permet.

A Dewsbury (Yorkshire), la population se réunit autour de l’église dans la nuit de Noël et, au moment où l'horloge sonne minuit, la cloche tinte le glas. C'est, ce qu’on appelle"the Old Lad's Toll" (le glas du Vieux Garçon) entendant par ce nom le diable et ses œuvres perverses.

Le roi et la famille royale passent presque toujours les fêtes de Christmas dans leur paisible résidence de Sandringham, mais comme les cuisines seraient trop exiguës pour les pantagruéliques préparatifs du dîner qui ne comprend pas moins d’un bœuf rôti tout entier, des troupeaux de volailles de toute sorte, des montagnes de puddings et de mince-pies, etc., etc., toutes les préparations culinaires sont faites à Windsor et transportées par chariots à Sandringham.

La reine Victoria passait toujours les fêtes de Noël soit à Osborne, soit à Balmoral, et distribuait de sa main les "Christmas boxes" à tous les employés de sa maison, du plus petit au plus grand.

A Queen's College, Oxford, le jour de Noël est, célébré par le "Boar’s Head Banquet" (le Banquet de la Tète du Sanglier). Selon une légende fantaisiste, ce banquet a lieu en souvenir d’un étudiant qui, se promenant dans les bois voisins en lisant Aristote, fut attaqué par un sanglier et, faute d’autre arme, s’en défit en lui enfonçant le docte volume dans la gorge. En réalité, lo cérémonial du banquet prouve qu’il est un reste des coutumes du moyen âge. La hure, pesant 30 à 35 kilogrammes,est apportée en triomphe par trois hommes, couronnée de laurier, de gui et de romarin, enlourée de bannières et précédée par des sonneurs de trompe, tandis que les dignitaires du Collège et de l'Univorsité suivent en procession.

A côté dé ces réjouissances officielles, Christmas est célébré chez les particuliers, du plus petit au plus grand, par des réunions de famille, échanges de cadeaux et de cartes coloriées et festins où la place d’honneur est occupée par ces pâtisseries spéciales fabriquées seulement au momenl de Noël : plum-puddings, pork-pies, mince-pies qui, pour donner une heureuse chance pendant, les douze mois suivants, doivent être non pas ronds, mais ovales, afin de rappeler la forme de la crèche. Il faut qu'une famille soit bien pauvre vraiment réduite à la dernière misère, pour n’avoir pas, le 25 décembre, au moins un Christmas-puddiiig sur sa table.

Et, à ce propos, sait-on que le fameux plum-pudding qui, pour les étrangers, semble une tradition séculaire, presque un symbole de l'Angleterre, est en réalité d’introduction récente? Il fut importé d'Allemagne par la famille de Hanovre, à son avènement au trône d’Angleterre, en 1714.

Et maintenant, tes cloches de Noël carillonnent : des deux côtés de la Manche, les oies rôties et le boudin grillé fument sur les tables entourées de joyeuses ligures enfantines. Disons, comme nos voisins :

 

Je vous souhaite un joyeux Noël,

Et une lionne année,

Une poche pleine d’argent,

Et un cellier plein de bière,

Et un porc bien gras,

Qui vous dure toute l’année.

 

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publié en 1949

 

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