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Un conte de Noël par L. Leconte. publié en décembre 1926.
Comme tous les ans à pareille date, Dieu le père donna, au Paradis, une grande soirée de famille. Cette fête prend au ciel une importance exceptionnelle. Le Père éternel y reçoit d'abord les nouveaux pensionnaires (les vedettes), les cardinaux, les rois, les princes et tous les saints morts dans l'année. Le dernier venu cette année, J. Richepin, y fit sensation. Saint Pierre, du reste, ne le laissa entrer que par suite de l'intervention d'une liste d'union nationale, qui demanda respectueusement son admission au céleste séjour. Il y fit une sensationnelle entrée : "Sur de noirs chevaux sans mors, sans selle et sans étrier". Et comme Richepin, hésitant, demandait... si l'on était heureux au Paradis : "Tous les morts ont répondu : Oui."
Une autre entrée fit sensation, celle du fameux Rudolph Valentino, star cinématographique, qui mourut beau, pauvre, aimé des femmes et producteur égal de films inégalables. Le Seigneur, curieux comme S. Em. le cardinal de Paris, voulut se faire expliquer en détail ce qu'était le cinéma, ses appareils, ses studios, ses productions, son influence et... saint Pierre demanda les prix des différents appareils. (On se croirait, dans un autre monde, au congrès du ciné éducateur.)
Rudolph Valentino, artiste dans l'âme, ébloui d'un bonheur sans pareil, étonné d'avoir autour de lui des anges sans fard et sans projecteur, et voyant devant lui la divine réalisation de la plus grandiose des superproductions, ne put prononcer une parole. (Les hommes beaux gagnent à ne pas causer.)
Le Seigneur fit alors mander saint Nicolas qui, fourbu, harassé de sa dernière tournée... j'allais dire électorale, dormait encore sur le dernier névus d'un ciel paisiblement moutonné. Il arriva, tel un vieux grognard... ayant un peu perdu sur la terre de sa distinction céleste. (Je n’insiste pas, j’aime trop notre bon saint Nicolas.)
Le Seigneur lui dit alors : "Saint Nicolas, vous revenez de la terre. Pourriez- vous me dire ce que vous pensez du cinéma ?" Et tandis que les anges prêtaient au zéphyr l'aigrette de leurs ailes pour qu'il en fît sortir des mélodies divines, saint- Nicolas se recueillait pour ne point se compromettre.
Car... saint Nicolas va partout. Et s'il racontait au Seigneur certain sermon prononcé par lui à Bellevue, Lille serait bien prêt de réaliser "les derniers jours de Pompéï".
Et tandis que les anges prêtaient au zéphyr l'aigrette de leurs ailes, saint Nicolas se recueillait de plus en plus.
Le Seigneur se fâcha : "Saint Nicolas, dites-nous ce que vous avez vu au cinéma." Les anges avaient fermé leurs ailes. Le vent grondait... Saint Nicolas dut parler.
"Seigneur, excusez votre serviteur. Mais mon silence n'était dû qu'à mon émotion. Durant ma charmante tournée, je ne vis que de charmantes choses. Et puisque vous me demandez mon avis sur le cinéma, c'est, tout simplement... céleste. (Je crois que le mot "épatant" était dessous la langue.) Oh ! Seigneur, je ne me Suis pas perdu dans ces bouges obscurs dont parlent si exactement nos réputées gloires de la chaire (je parle, Seigneur, de la chaire chrétienne), mais de ces tableaux imprévus que je vis le soir, sans être vu, dans la chambre de mes protégés. Une petite manivelle tournait et sur l'écran de jolies têtes d'enfants, de jolies parties de plaisir, de ravissantes fêtes de famille... Seigneur, je n'ai pu résister à l'envie de vous apporter un appareil complet. Je me suis fait expliquer la manipulation, c'est enfantin. Tenez, Seigneur, voulez-vous que je filme votre ravissant cortège de séraphins ?..." Le Seigneur interrompit saint Nicolas, maintenant trop bavard, et les anges, à nouveau, prêtèrent au zéphyr l'aigrette de leurs ailes pour qu'il en fît sortir des mélodies divines... Mais saint Nicolas triomphait. Et, avant de se reposer à nouveau sur son nuage, il remit, à saint Pierre, les tarifs concernant ce petit appareil qui était... vous l'avez deviné... la Caméra et le Projecteur Baby.
Je conclus avec saint Pierre un marché avantageux. Et le petit Noël doit apporter, à tous les enfants sages, ce qu'ils désirent le plus : la Caméra et le Projecteur Pathé-Baby.
Ainsi finit ce conte tiré d'un évangile ...très apocryphe. Le petit Noël a déposé chez Photo-Luxe, 89, rue Nationale à Lille, tous les Pathé-Baby qui doivent être distribués ce 25 décembre 1926.
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Note personnelle : Si ce n'est-pas une publicité pour le matériel cinématographique Pathé-Baby, j'en perds mon latin.
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