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en 1930

 

 

Le texte ci-dessous a été écrit et publié en 1932. Il commence par une question... qu'on n'oserait plus poser de nos jours, tant "la magie des Noëls d'anta"n a disparu.

 

LES ANCIENS NOELS

 

Autrefois, la sublime poésie de Noël se gravait profondément dans le cœur des enfants ; aujourd’hui sauront-ils encore les anciens chants naïfs, les pieuses légendes contées autour de la bûche énorme, qui doit brûler toute la nuit et dont les crépitements sont symbole d’allégresse quand le feu d’artifice des étincelles s’envole dans la haute cheminée. Le calorifère moderne a tué le foyer. Dans certaines parties du midi de la France, on fêtait la nuit de Noël d’une manière un peu superstitieuse, peut-être, mais jolie et tout de même pieuse par la pensée d’amour et de charité qui présidait à tous les actes.

Comme chaque fête implique une idée de joie et chaque joie l’idée de bien-être, on en arrive à un bon repas. On dresse une table devant l’énorme tronc d’olivier conservé pour la nuit mémorable et allumé dès sept heures du soir, le 24 décembre. Sur la table, les bougies enguirlandées de bobèches en papier coupé artistement, remplacent l’ampoule électrique, le nougat roux se dresse flanqué d’oranges, de vin cuit, de pommes de Savonne et de morue bouillie au vin rouge. Avant de s’asseoir devant le festin, la cérémonie commence par une évocation tant soit peu païenne au feu. Le plus jeune enfant de la famille s’agenouille devant la cheminée et sous la dictée de son père répète les supplications au Feu pour qu’il réchauffe bien, pendant l’hiver, les orphelins, les vieillards, les infirmes, qu’il répande sa lumière et sa chaleur dans la chaudière et ne dévoile jamais les maisons ni les navires qui voguent sur les mers immenses. Puis il arrose le feu d’une coupe de vin cuit.

Après le repas, voici l’heure des libéralités, les pauvres passent dans la rue en chantant des cantiques, alors ceux qui ont un asile bien chaud, ouvrent leur fenêtre et jettent aux malheureux un don en nature ou en argent enveloppé dans un cornet de papier auquel on met le feu par un bout afin d’indiquer où il tombera. Sur la table, on n’omet jamais de laisser la part des morts et toute la nuit elle reste exposée. Au matin, si on la retrouve intacte, on l’offre au premier passant, plus souvent le "minet " goûte pendant la messe de minuit.

La journée s’achève en promenades, les beaux atours se montrent, il est chanceux de porter à Noël un objet de toilette neuf, puis vient l’heure de la dinde ! Chez les pauvres comme chez les riches, la dinde rôtie est l’obligatoire mets de Noël (en Angleterre et dans d’autres parties de la France, c’est l’oie). On en mange les restes le 28, avec le pain de Saint-Etienne. Ce pain a la forme d’une gourde et s’offre surmonté de laurier. Il renferme toutes sortes de vertus merveilleuses : il garde les chiens de la rage et les ânes de la colique.

Le 26, on inaugure les crèches. Cet usage s’accomplit aussi le 24 de l’autre côté des Pyrénées. Dans beaucoup de maisons particulières, les habitants ont décoré une pièce, ils y ont installé le divin petit bébé sur la paille avec la Vierge, les animaux, les bergers, les étoiles suspendues à la voûte, c’est à qui aura la plus emblématique étable. Tous les passants sont invités à venir voir et prier devant "la Pasebra", des chants, sorte de mélopée dialoguée, s’entendent. Les bergers, réveillés en sursaut disent : "Passe ton chemin, beau fils de Riche, on voit que tu as dormi sans travailler jusqu’à la douzième heure ". Mais l’Ange riposte : "Bientôt, un Dieu va naître, bergers, levez-vous". Alors les pâtres se lèvent et vont vers Bethléem, tandis qu’un vieux mendiant, qui représente l’opposition, reproche aux bergers de sacrifier leur sommeil : "Bergers, jouissez de l’heure qui passe, explique-t-il, la jeunesse est une espérance et la vieillesse un regret."

Le 6 janvier sonne, voici les Rois Mages, et leurs, chants sont les plus beaux. Qui a inventé les Noëls populaires ? Nul ne le sait. Ils se perdent dans la nuit des temps et reviennent presque semblables dans tous les pays. En Catalogne, Nadal est la fête des réconciliations. Ceux qui ont eu à se plaindre les uns des autres pendant l’année s’envoient des "torrons" (gâteaux d’amandes) comme gage d’oubli. Les portes des prisons s’ouvrent pendant la procession des fidèles qui accompagnent le prêtre portant la communion aux malades des hôpitaux et aux prisonniers. Cette cérémonie, à laquelle nous avons assisté à Gerona, il y a quelques années, est extrêmement touchante. A Rome, à l’église d’Araceli, au Capitole, le prêtre présente le "Bambino" aux fidèles du haut du large escalier où s’agenouille la foule. Il la bénit avec cette image à laquelle les femmes tendent les bras. Ensuite on la porte processionnellement par la ville, pendant que dans les "Precepi" (petits théâtres), on joue les mystères du Sanctissimo Bambino.

 

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LE NOËL DES BERGERS

 

Le Rédempteur vient de naître,

Plus doux qu'un petit agneau ;

Laisse-là les brebis paître,

Naulet, nau nau, nau,

Va-t-en le voir, pastoureau,

Naulet, nau nau, nau.

 

Il est né dans une étable,

Il n’a ni lit, ni berceau,

Sa mère, vierge admirable,

Naulet, nau nau, nau,

L’emmaillotte d’un drapeau,

Naulet, nau nau, nau.

 

A cette douce nouvelle,

Nous quittâmes le fuseau.

Pour voir l’humble jouvencelle,

Naulet, nau nau, nau,

Et le petit Messiau,

Naulet, nau nau, nau.

 

 

 

en 1930

 

 

en 1929

 

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