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C'est la veille de Noël. Le bûcheron Anthelme Duchêne doit rapporter à la fin de sa journée de travail, une dinde que l'on mangera en famille et des jouets pour les enfants. Pernette attend son mari; elle cachera ce qu'il apporte pour ménager une surprise heureuse à Annette et à Philibert.
- Anthelme, c'est toi ? Ne fais pas de bruit. Les enfants sont là. Passe moi la dinde.
- Moi foi, Pernette, je n'ai pas le moindre dindon sur moi.
- Tu l'as oublié ? Pourtant c'est Noël. Enfin, cette année, on s'en passera. Où sont les jouets que je les cache bien vite ? Cette nuit, nous en remplirons les sabots d'Annette et les sabots de Philibert.
- Je vais t'expliquer... En deux mots ou en quatre.
- Pas besoin de quatre ni de deux. Anthelme, tu as oublié les enfants.
- Je ne les ai pas oubliés.
- Alors, passe-moi les jouets sans tant de façons.
- Je ne les pas oubliés, Pernette, je te le jure. Mais j'ai rencontré Péronne, que son homme a quittée pour s'en aller en Italie... Il a laissé quatre gosses la bouche ouverte.
- Nous n'avons pas à les nourrir.
- Ils étaient là tous les cinq, les quatre gosses et la mère devant le marchand de volailles. Ils regardaient les belles dindes, luisantes et dodues, alignées en rang de bataille, et grasses à faire craquer leur peau. Ils regardaient et ils sentaient. Ils sentaient et ils reniflaient comme si elles étaient déjà rôties.
- Allons, Péronne, décide toi.
- Nous n'avons rien à manger chez nous.
- Rien à manger ? Pas possible !
- Rien depuis hier, mon pauvre Anthelme.
- Tout le monde mange le jour de Noël.
- Tout le monde peut être bien, excepté nous".
Alors j'ai pris tout mon argent, mon argent et le tien, Pernette, mon argent et le tien qui n'en font qu'un, et je l'ai donné à la femme. Mais ce n'est pas une dinde qu'elle a achetée, c'est du pain et des pâtes parce que ça bourre et c'est moins cher. Et me voilà, Pernette, un peu honteux et vergogneux.
Qu'est ce que tu veux ? Quoi ! Pas d'injures, pas de gros mots, pas de plaintes ! Tu n'es pas bavarde, ce soir. Allons bon ! Vas-tu pleurer ? Pour des joujoux et pour un dindon ?
- Ce n'est pas pour ça que je pleure.
- Alors pourquoi ? Le diras-tu ?
- C'est pour ta bonté, grande bête, et pour la misère de Péronne."
Extrait de La nouvelle croisade des enfants par H. Bordeaux
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