On parle souvent de "Conte de Noël". Voici ce qu'on pourrait appeler un "Conte de Saint Nicolas" publié dans le journal Tintin en 1957.

 

Mon ami Henri m’a raconté un rêve qu’il a fait l’autre nuit. Comme j’ai trouvé ce rêve fort étrange, je lui laisse la parole :
- J’étais dans mon li. Et voici qu’au matin, très tôt, je me réveille, je cours tout de suite vers la cheminée et qu’est-ce que je vois ? Des jouets, de beaux joutes que je désirais depuis longtemps ! J’étais heureux, vous n’avez pas idée à quel point.
Mais je ne sais pas pourquoi, je pensai tout de suite à mon ami Pierre qui ne recevait jamais la visite de Saint-Nicolas, le six décembre. Cette année encore, ce serait bernique*, bien sûr. Et il désirait tellement le Meccano n° 3 qui, justement, se trouvait là dans le  creux de ma cheminée. Ma résolution était prise, j’irai lui porter.
Oui, mais il fallait bien faire les choses : entrer dans sa maison sans être entendu, déposer le précieux objet dans la cheminée, se retirer à pas de loup et lui laisser, à son réveil, la joie de la découverte. Ce que je fis sans trop de mal.
Où mon histoire devient extraordinaire, c’est en ceci : alors que je regagnais ma chambre, une grosse vois m’interpella sur le chemin du retour. Une grosse voix que je ne connaissais pas et qui me fit peur. Je me retournai. Non, je n’en pouvais croire mes yeux ; c’était saint Nicolas lui-même qui était devant moi !
- C’est bien ce que tu fais là Henri, me dit-il.
- Mais, saint Nicolas…
- C’est très bien. Rentre vite chez toi et n’oublie pas ceci : je suis l’ami des enfants tels que toi. Va . Va vite…
Je décampais sans en entendre davantage : j’avais bien trop peur ! On aime Saint Nicolas, bien sûr, mais de le vioir là, devant soi, je vous jure que ça fait quelque chose.
Rentré chez moi, quelle surprise de découvrir, dans la cheminée, identique à celui emporté, le Meccano de mes rêves. En mon absence, Saint Nicolas était repassé par là !

 

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* rien (expression populaire)