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A l’origine, le jour de l’An des Romains était très variable. Il tombait généralement au printemps. C’est Jules César qui mit fin à ce chaos, en instituant l’année de douze mois. On s’offrait des brins de verveine, cueillis dans les bois consacrés à la déesse Stréna (d’où le nom d’étrennes) et l’on en faisait de la tisane. Plus tard, les citoyens  prirent l’habitude d’offrir de l’argent aux Empereurs, chaque année à cette occasion.

 

A l’époque des Gaulois, les druides cueillaient, avec des serpes d’or, le gui qu’ils offraient aux jeunes filles et que l’on conservait l’année durant.

Jour de l’an baladeur, pendant tout le Moyen-Age et jusqu’à Charles IX. C’est ce roi, qui amputant l’année 1563 d’un trimestre, le fixa immuablement au 1er janvier à partir de 1564. Nouvelle amputation un peu plus tard, par le pape Grégoire XIII, où pour corriger le retard pris par le calendrier sur le soleil, on passa dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582.


Jusqu’au XVIII° siècle, on offrait en cadeau aux enfants des soldats de plomb, ou des pantins, vendus à la Foire aux Etrennes dressée sur les quais. Mazarin, malgré sa ladrerie tirait, le jour de l’an, une loterie pour les dames de la cour. Les lots étaient des pierreries dont certaines valaient des millions.
En 1610, Louis XIII enfant reçut en étrennes une galère mécanique. Le futur Louis XIV se vit offrir une armée de petits soldats d’argent valant 100 millions de nos anciens francs.
Le XVIII° siècle est l’époque des almanachs. Il y en avait même en bois, à l’usage des illétrés. C’étaient des cubes dont chaque face latérale représentait un trimestre. Des signes symboliques figuraient les mois et les fêtes.


Les Japonais, aujourd’hui encore, s’offrent des éventails et font voler des cerfs-volants de papier bariolé. En Chine*, on fait éclater des pétards pour chasser les mauvais esprits et l’on promène dans les rues des dragons articulés et menaçants.

 

* pour le nouvel an chinois

 

 

 

 

photos : couverture du catalogue des Grands Magasins du Louvre à Paris; en Cochinchine, on jouait avec un grand jeu d'éhecs vivant; la tradition des boutiques en plein vent remonte au Moyen-Age.

 

adapté d'un article du journal Pilote

 

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gravure publiée en janvier 1895

 

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La mode des étrennes n’est pas une invention moderne, elle remonte à la plus haute antiquité, et, pour en trouver l’origine, il faut l’aller chercher aux premiers temps de la ville de Rome. Un philosophe de Tibur, Nonius Marcellus, nous apprend qu’en l’an 7 de la fondation de Rome, c’est-à-dire sept cent quarante-cinq ans avant notre ère, les Romains offrirent, au premier jour de l’an, un présent à leur roi Tatius. Quel était ce présent? Un objet précieux artistement travaillé, me direz-vous? Non, c’était simplement quelques branches de chêne, coupées dans un bois consacré à la déesse de la Force qu’on appelait, en latin, Strenna. Cette année-là, tout prospéra dans la maison du prince, et il attribua son bonheur à l’influence du rustique cadeau; aussi recommanda-t-il l’usage des mêmes présents à la même époque.

Dans la suite, à ces branches de chêe qu’avait choisies la simplicité patriarcale des anciens, succédèrent d’autres présents. On offrait aux magistrats et aux chefs de la république du miel et des dattes. Bien que le chêne de la déesse Strenna n’en fît plus les frais, ces cadeaux n’en conservèrent pas moins le titre de Strenna, d’où nous avons fait étrennes. L’idolâtrie a été renversée, l’empire romain a disparu, la mode des étrennes a survécu.

 

article publié en 1911

 

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gravure publiée en 1911

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CADEAUX DU NOUVEL AN

 

L’origine des cadeaux du jour de l'an est si vieux que, sans doute, il date d’avant le déluge... Nos ancêtres les Gaulois fêtaient le gui ; les Romains, la verveine, qu’on s’offrait sans grande dépense, la nature en faisant les frais. Mais, un jour, le poète Ovide , s’avisa de proclamer : "Le miel est moins doux que l’argent." Et les jolis produits de la terre se transformèrent en riches dons. Auguste en achetait des dieux d’or et d’argent ; Tibère, moins épris de faste, refusait les présents le plus possible et fuyait à la campagne. Galigula, en revanche, publia un édit ordonnant aux Romains de lui apporter ce que négligeait son prédécesseur, et, comme notre actuel chef d’Etat reçoit dans le salon d’Hercule, il se tenait debout dans le vestibule de son palais pour accueillir les visiteurs.

 

Sous les rois, les étrennes étaient magnifiques; les décorations du château devenaient une splendeur ; les courtisans, vêtus de superbes habits, venaient apporter leurs souhaits au roi. Celui-ci donnait et recevait. Ainsi que de notre temps, les gens qui avaient rendu quelques services au cours de l’année débitaient leurs souhaits à leurs supérieurs, ce qui valut au cardinal Dubois l’occasion d’interrompre son valet de chambre par cette boutade : "Assez, mon garçon; je vous donne pour étrennes ce que vous m’avez volé dans l’année !"

Le cardinal de Richelieu, qui, en 1636, fit publier l'Almanach royal (le mot almanach vient de l’arabe et veut dire : temps, soleil), l’offrait en cadeau. Le roi suivit cet exemple ; il donnait ce volume, presque un in-folio, encyclopédie où se trouvaient les titres, dignités, offices de chacun, à tous ses fidèles. Mme de Maintenon en reçut un qui ne valait pas moins de seize cents livres comme reliure et enluminures. Cet almanach, supprimé sous la Révolution, reparut en 1813, sous le titre d'Almanach impérial, d’où on avait élagué les grands noms de la monarchie. Pendant la second Empire, on en faisait ample distribution à la cour. Depuis 1870, ce don ne se fait plus ; il est resté le "moyen" qui se transforme en pièces d’argent dans la main de nos facteurs.

 

Les étrennes varient selon les pays. En Russie, à l’époque où nous y allâmes, — à présent, que fait-on ? — un énorme gâteau, apte à se conserver un mois, était entamé au réveillon de Noël. L’usage voulait que, en rentrant de l’église, cierge en main, — ce cierge ne devait surtout pas s’éteindre, — on s’attablât avec les parents et amis pour fraterniser gaiment.

En Allemagne, c’est Noël qui représente la joie. Dans la grande salle de la maison, on élève l’arbre, le "Tanen-Baum", et, si un des membres de la famille est absent, on suspend son portrait à une branche. Puis, à minuit, tout le monde s’embrasse.

En Espagne, c’est, encore "Nadal" qui amène la réjouissance. Ce sont les victuailles, les fruits, les "torrons de Jicon", qui ont toutes les faveurs avec les "caramelos". L’usage des cadeaux, si minimes soient-ils, est charmant; il entretient l’amitié, il perpétue le souvenir. Donner est un véritable bonheur, et aussi un devoir, car ce sont les dons faits sans compter qui constituent au donateur le capital de l’avenir... payable au paradis. Les dons varient selon la sphère où l’on se trouve et selon les ressources. Depuis le bébé souriant qui répète à sa mère :

Mon embarras est extrême,

Je ne possède rien,

Et t’offrir un cœur qui t’aime,

C’est te redonner ton bien.

jusqu’à l’époux heureux et riche qui dépose perles et diamants dans la pantoufle de l’aiméè, là réside toute la gamme des harmonies du cœur.

A Washington, le président régnant à la Maison-Blanche n’embrasse pas les visiteurs comme cela se fait en Russie, mais le dernier citoyen a droit à une poignée de main du Premier américain. On raconte que ce geste amical monte jusqu’aux environs de 9000 et qu’il dure trois heures quarante. Le chef dit aux uns : "Enchanté," et aux autres : "Très heureux", » fût-ce le plus noir des-nègres qui serre cordialement ses doigts blancs. Pendant le défilé, la musique joue une marche accélérée. Ce jour-là, les dames restent chez elles pour recevoir, depuis le matin jusqu’à minuit, en grande toilette, les visiteurs empressés. Un abondant buffet est dressé, et chacun doit y faire honneur. L’hospitalité est si accueillante que les étrangers de passage sont reçus, aussitôt présentés. Les enfants se livrent au petit jeu des bougies pour y lire leur destin. Ce jeu consiste à faire nager dans un baquet plein d’eau une petite bougie collée sur une mince planchette. La première lumière éteinte est gage de bonheur pour son propriétaire.

En Orient,au lieu d’être heureux, on pleure pour commencer l’année. Les pays de l’Islam veulent la mortification ; les adorateurs d’Allah gémissent et jeûnent.

En revanche, sous le ciel lumineux de l’Inde, les fleurs embaumées célèbrent, l’année nouvelle. Les brahmines, dès l’aube, parcourent les -rues, en irappant sur le bronze pour réveiller les habitants. Chaque maison est nettoyée, ornée, brillante. Les marmites, au ventre rebondi, sont placées sur un feu clair allumé au dehors. Il y en a cinq par maison; elles sont emplies de lait, dans lequel cuit du riz. Aussitôt que le liquide bout, les serviteurs crient "Pangoul !" la joie éclate à l’entour et les jeunes gens s’élancent de maison en maison, chez les amis, pour leur offrir le riz au lait placé sur une feuille de figuier. C’est un porte-bonheur. Pendant ce temps, le maître du logis se rend à l’étable et présente le même hommage aux bonnes vaches. Celles-ci sont en honneur ; l’Hindou est persuadé qu’en elles réside une puissance et qu’il faut mériter leur protection. Le soir, dernier hommage à la nouvelle année. Sur les rivières, les fleuves, les canaux, flottent de petites lampes abritées dans des coquilles qui vont au fil du courant, minuscules étoiles terrestres.

En Chine, quand minuit sonne, le 24 janvier, de tous côtés partent pétards et fusées dans le but de chasser les esprits du mal. Le repas qui termine l’année-est plantureux, dressé devant le bouddha. Il est accompagné de tasses d’eau-de-vie. À trois heures, on allume dehors un feu de cyprès et, dans la fumée, on lit l’horoscope de l’année. Pendant le mois suivant, jusqu’au 24 février, chacun se repose, distribue des cartes de visite fleuries, peintes,-qui sont de vrais tableaux symboliques. Le treizième jour de l’an, c’est la fête des lanternes ; la Chine s’illumine pendant trois nuits fantastiques ; sur l’eau, dans les arbres, sur les toits, brillent les lanternes figurant des oiseaux, des fleurs, des chimères ; celles des mandarins coûtent jusqu’à, trois mille francs ; celles de l’empereur coûtaient parfois cinq à six cent mille francs.

Et, au pays des chrysanthèmes, que se passe-t-il ? Tout le monde trépide. Deux amis se rencontrent dans la rue. Ils s’arrêtent en face l’un de l’autre, courbés, les deux mains aux genoux : "Omedeto" (bonne année), puis ils se redressent et filent recommencer plus loin le même souhait. A la maison, la fête est délicieuse, intime. La célèste Madame a disposé sur des nattes ses présents pour son mari, devant lequel elle se courbe très bas à trois reprises et lui présente un tendre compliment, appuyée sur les mains. L’époux l’imite aussitôt ; ses doigts touchent le sol ; il écoute, soupire et riposte amoureusement. Les enfants sont comblés de jouets et de friandises. L’autel des ancêtres, toujours vénéré, est couvert d’offrandes.

 

Ces usages de douceur, de caresses et de générosité ont-ils survécu à l’emprise des révolutions modernes ?

 

 

article publié en 1924

 

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publié en 1950

 

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publicité de décembre 1935

 

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