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Le mot chandeleur vient du mot chandelle en latin. Le 2 février on fêtait chez les chrétiens la présentation de Jésus au temple. C'était aussi une fête païenne.

 

CHANDELEUR ET TRADITION

 

Dans un article publié en 1979 dans un quotidien, on pouvait lire :


L'origine de la Chandeleur remonterait au V° siècle au temps où le pape Gélase remplaça les fêtes païennes des Lupercalés par des fêtes chrétiennes destinées à commémorer la présentation de Jésus au Temple. Des processions avec des cierges allumés donnèrent à ces fêtes le nom de Chandeleur. On dit qu'un jour une procession arriva en retard et affamée, le pape ordonna alors de rassembler toute la farine et les œufs nécessaires pour confectionner d'immenses galettes. Les  premières crêpes étaient nées.


De nombreuses coutumes s'y rattachèrent, comme celle qui consiste à faire les crêpes avec un louis d'or dans là main pour s'assurer la fortune dans l'année. Ainsi, dans certaines régions, on donnait la première crêpe aux poules pour qu'elles pondent beaucoup. Dans d'autres, on gardait cachée la crêpe "la part du pauvre" pour conjurer le mauvais sort.

 

 

 

 

 

crepes

 

 

UNE RECETTE PUBLIEE EN 1949

Pour une quinzaine de crêpes :

125 gr. de farine

4 œufs en entier

3 ou 4 cuillerées à soupe de lait

50 gr. de beurre

1 verre à liqueur de rhum ou kirsch

75 gr. de sucre.

Mélanger la farine et les œufs, ajouter le lait et le beurre, puis l'alcool (facultatif) et le sucre. Battre le tout au fouet. Laisser reposer une demi-heure, puis verser un peu de pâte dans une poêle préalablement graissée. Si vous graissez la poêle au beurre, ayez soin de n’ajouter pour chaque crêpe que du beurre déjà fondu dans un récipient distinct.

UNE RECETTE DE FORTUNE

De la farine, du beurre, du lait et un tas d'autres choses qui font les bonnes crêpes. Mais soyons discret : chaque recette est le secret de chaque ménagère.


Une confidence cependant : il parait que si, en ce jour de la Chandeleur, vous tenez une pièce d'argent dans la main alors que vous faites sauter la première crêpe, la fortune est promise. Essayez, vous verrez ce que vaut la recette.

 

 

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DIX FAÇONS DE MANGER DES CREPES

Si les manger avec du sucre (en poudre, cassonade) est le plus courant, on peut les consommer de bien d'autres façons. En voici dix autres "sucrées", mais il ya aussi les recttes salées.

— Au chocolat : tartinez la crêpe avecdu beurre. Saupoudrez de chocolat râpé. Parsemez de noisettes grossièrement hachées, roulez.
— Au citron : tartinez avec une noisette de beurre ; saupoudrez de sucre. Arrosez de jus de citron, pliez en quatre.
— Au miel : tartinez avec du miel,  saupoudrez de poudre d'amandes ; encore meilleur si vous parsemez de pistaches concassées.
— Au myrtilles : garnissez la crêpe de myrtilles surgelées, arrosez avec de la gelée de myrtilles fondue, roulez, nappez de crème.
— Aux bananes : posez au milieu de la crêpe des rondelles de bananes sautées au beurre, saupoudrez de caramel instantané. Roulez la crêpe, pour raffiner, flambez au rhum.
— En chaud-froid : disposez au milieu de la crêpe un peu de glace au café et un peu de glace au chocolat. Saupoudrez d'amandes effilées et grillées, roulez.
— A la noix de coco : saupoudrez la crêpe avec de la noix de coco râpée puis du chocolat râpé, repliez les bords de la crêpe, une boule de glace vanille sur le dessus.
— Au fromage blanc : mélangez du fromage blanc de campagne (très frais) avec des raisins de Smyrne et des noix grossièrement hachées, sucrez, farcissez les crêpes chaudes avec ce mélange.
— A l'ananas : tartinez la crêpe de purée d'ananas. Roulez, flambez au rhum.
— Aux marrons : tartinez la crêpe de crème de marrons, roulez, nappez de crème fraîche.

 

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A l'occasion de la Chandeleur, c'est la coutume de déguster des crêpes, ce qui porte bonheur, parait-il, et n'est, au surplus,pas désagréable du tout.

 

publié en 1937

 

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Notre-Dame des Crêpes

 

La Chandeleur, c'est la fête des chandelles, mais à Paris, comme dans le vieux Périgord de Georges Rocal, on la pourrait appeler "Nosto Damo Crespiliéro", Notre-Dame des Crêpes. Il ne faut pas trop déplorer que le fin péché de gourmandise mêle l'odeur du poêlon à l'encens de la liturgie ; c'est la faiblesse humaine qui fait souvent la force des traditions.

Il convient de rappeler que, quarante jours après la délivrance, la loi mosaïque exigeait que la mère fût purifiée et le nouveau-né présenté au temple. Les parents offraient un agnelet, deux tourterelles ou deux colombeaux. L'enfant (en mémoire d'Israël et de la servitude d'Egypte) était racheté aussitôt au prix d'une pièce d'argent.

Ainsi, la Vierge, Jésus et les hoocaustes entrèrent au matin dans le temple. Survint alors le vieillard Syméon. L'Esprit Saint lui avait prédit qu'avant de mourir il verrait le Sauveur. Syméon reconnut Jésus, le prit dans ses bras, prophétisant qu'il était le maître de la vie et de la mort et la lumière du monde. Déjà, en effet, "le vieillard portait l'Enfant, mais l'Enfant conduisait le vieillard". Et Syiméon put entonner son cantique célèbre : "Nunc dmiittis. Maintenant, Seigneur, vous laissez partir votre serviteur en paix se lon votre parol ."

Toute la liturgie du 2 février rappelle cçtte cérémonie première et déjà triple : présentation, rencontre, prophétie. Dans nos pays d' Oc, la Chandeleur est d'abord la fête de la lumière sacrée. Il n' est pas de famille qui ne fasse bénir son candélou dur, odorant, sonore, coulé selon le rite latin en cire d'abeille, et l' on imagine — le prêtre en -ornements violets — cette procession de prières dorées dans l'encens et sous l'aspersoir.

Son candélou, chacun l'emporte pieusement chez soi comme le rameau de Pâques fleuries.. On le couchera dans la grande armoire de noyer aux belles ferrures où sont rangés de vieux actes, des lettres chères, la glorieuse médaille du fils tombé au front, la croix d'or et le "Saint Esprit" des aïeules. Il dormira sur les draps en pile qu'embaument les fuseaux bleus de la lavande et de l'arnica. Que la foudre menace le toit et l'épi, que vienne, au son de la clochette, le desservant portant le via tique ou les saintes huiles, que la mort frappe au foyer, le cierge de la Chandeleur s'allume aussitôt, élève au-dessus de l'angoisse et du deuil son signe divin de protection et de salut. Et il est vrai que ces luminaires sont sanctifiés "pour l'utilité des hommes en leurs âmes et en leurs corps, sur terre comme sur les eaux". C'est pourquoi le pêcheur emporte son cierge sur la mer.

Cependant, au jour consacré, avant d'en fermer la chandelle bénite, la maîtresse de maison, docile aux usages, en coupe un petit bout qu' elle va brûler devant le rucher. Les colonies, dans une obscure et saur de fermentation, "espèrent" l'heure des fleurs. On leur rend , chargée de bienfaisance et de grâce, cette humble cire qu'elles "distillèrent" avant d' en lier les rayons avec la résine cueillie sur les bourgeons du saule. Que la flamme sacrée garde l' essaim des funè bres enchantements du sphinx tête de mort, qu'elle détourne les larves fatales au couvain, qu'elle écarte la musaraigne, la couleuvre, le pivert plantant son bec comme un clou dans le bois de l'apier, que mai bourdonnant double le nombre des essaims, que la couronne mèllifère du printemps bénisse de son plus fin nectar le plateau ensoleillé des ruches !

A cet instant, un c hant pur modulé sur la flûte d' argent a fusé comme un rayon. La fermière reconnaît le présage et sourit. C'est le premier appel du merle. Voici dans l'entre lacs des branchages, derrière les souples barreaux de la libre cage buissonniere, son habit noir, son bec jaune comme le mil, ses prunelles de jais cerclées d'or. Malgré les froids acerbes, les rameaux nus, les jours qui n avancent que d'un "pied de coq", il d éclare l'approche, il confirme la certitude du printemps. C'est la Chandel eur. Les sèves s'éveillent comme le feu des cierges. Ployant de la patte et du bec la racine qu'il vient d'extirper comnve un ver, il ébauche la coupe de son nid.

... Toutes ces petites chandelles dans le temple et au foyer, on pense bien qu'elle ont fait méditer les savants. Depuis (excusez-moi), depuis l'époque aurignacienne où l'ancêtre découvrit et apprivoisa la lumière, que de lampadéphories déroulées à travers les siècles humains ! Un divin enfant, une clarté nouvelle, un vieillard, la tourterelle du cantique. N'y a-t-il point là, avant le rite du cierge pascal et de son incrustation cruciale, l'éternel symbole de l'h iver, de la sève renaissante, du feu perpétuellement transmis ?

Les premiers évêques eux-mêmes ont décelé dans ces fêtes du luminaire — indépendamment de la crêpe lancée sur la cheminée ou l'armoire et de la pièce de monnaie serrée dans la main — d' antiques et suspectes pratiques. Quoi qu'en aint dit Renan et Gautier, les dieux ne meurent pas. Leurs sanctuaires ru i n é s; ils se blottissent - au fond des v i eux otages, ils se réfugient dans les contes, les âtres, les sources, les bois. Qui nous dit qu'il ne s'en trouve point parmi ces paroissiens serrant avec tant de ferveur ce candélou dont le reflet colore leur nez d'idole ? C' est un pape, çroit+on, qui le premier décela un luperque, un prêtre-loup dans la bergerie.

La force et le lien de l'ancienne France — laquelle était française — ce furent ces fêtes, ces dizaines d'or du chapelet des jours, ces solennités religieuses et domestiques — s'y mêlât-il quelque divinité indigète — qui, sous le couvert d'emblèmes familiérs, assuraient les plus nobles et les plus saintes maintenances. Plutôt que de savourer la crêpe et de faire tinter les pièces d'argent, souhaitons à chacun de ranger parmi ses chères réliques le petit cierge bénit de la Chandeleur. Sous les coups de l'orage comme dans les scènes glacées de la mort, rien ne vaut cette espérance d'or des yeux et des âmes; cette petite clarté d'un instant qui est une lumière d'éternité.

 

Leon Lafage - publié en 1935

 

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L'heure de la Vierge Noire a sonné. Enfin elle va sortir de sa crypte. C'est un événement que les Marseillais ne manquent pas de célébrer. La journée commence par la vénération de la Vierge Noire de l’abbaye Saint-Victor. Puis, de retour dei la procession, sur le Vieux-Port, chacun suspend au chevet de son lit le cierge vert qu’il allumera en temps d’orage pour se préserver de la foudre. Ou bien au moment d’un accouchement pour que le ciel vienne en aide à la jeune mère. Enfin, en famille, on mange les navettes bénies, une pâtisserie de pâte à brioche à l’huile, qui rappelle par sa forme le navire des saintes. Un délice...

— Quelle avalanche, articule Marie-Claude (la jeune fille de la maison) la bouche pleine. Noël, le jour de l’An, l’Epiphanie et la Chandeleur.

— Tu sais petite, lui dit son grand-père, un vieux félibre, que les superstitions qui se rattachent à la Chandeleur ne le cèdent en rien à celles de Noël ou de la Saint-Jean d’été. Pour le pronostic du temps, elle bat l’O. N. M.* La Chandeleur porte quarantaine... grâce à son ours.

Les vieux Marseillais en ont gardé un vivant souvenir dans leurs proverbes :

Quand la Chandeleur est claire

L’ours sort de sa tanière

Il fait trois saut, lèche sa patte

Et s'enferma quarante jours encore.

Un autre précise que si le temps est nuageux, l’ours au contraire s’en va en chasse. Ce qui veut dirçe que lorsque la Chandeleur s’ensoleille, l’hiver se tient encore par derrière, et pendant quarante jours, le froid va régner. Mais si la Chandeleur se barbouille de gris, de neige ou de pluie, tu peux dire que l’hiver est passé, et que dans les quarante jours qui suivant, le printemps va commencer.

Le plus curieux est que la même tradition proverbiale existe dans les Alpes, les Basses-Alpes, le Languedoc, les Pyrénées, le Béarn, le Gard, autour du même ours. Les paysans de Haute-Corbière, par lexemple, escaladent les cimes ce jour de la Chandeleur et vont observer si la litière de l’ours est étendue sur le seuil de la grotte, où il hiverne-

Maintenant, ma belle si, non contente du beau temps, tu veux avoir du bonheur, tu n’as qu’à faire comme en Ariège. Au matin de la Chandeleur, avant que sonne la messe, fais brûler du gui. Recueille les cendres dans un morceau de papier et fais-les bénir à la messe. Tu tiehs un porte-bonheur. Quant à l'argent, la recette est encore plus... succulente. Au même moment du matin, tu commences à faire sauter des crêpes, et tu lances la première au-dessus de l’armoire en y joignant une pièce de monnaie. Tu n’as plus qu’à les laisser toutes les deux sur le meuble, jusqu’à la Chandeleur prochaine et tu peux être sûre de ne pas manquer d’argent de l’année. Bonne chance, petite.

 

publié en 1948

 

* Office national météorologique

 

 

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LA CHANDELEUR

 

Le mois de février nous incite à manger des crêpes. Crêpes blondes de pur froment, ou crêpes de blé noir ; crêpes de légère dentelle croustillante ou lourdes de confitures et de crème, dans toutes les poêles, elles crépitent, pour la plus grande joie des grands et des petits.

D’où vient la croyance populaire que, de toute l’année on ne manquera pas d’argent, si l’on mange des crêpes à la Chandeleur ? Il est certain que dans beaucoup de familles, on n’oubliera jamais de préparer des crêpes le 2 février, et d’inviter ses amis à venir en manger. A la campagne, et surtout en Bretagne et en Bourgogne, cet usage est encore très répandu, et chaque membre de la famille, comme chaque invité, doit se rendre près du fourneau, ou de la grande cheminée, prendre la poêle en main, et faire sauter sa crêpe. Il est naturellement des maladroits qui la réussissent plus ou moins bien, et cela ne va pas sans rires et moqueries.

Dans l’assistance, il se trouve toujours un "ancien" pour raconter quelque plaisante aventure à ce sujet :

— De mon temps, dira-t-il, en prenant une prise de tabac, j’en ai fait sauter des crêpes, par-dessus mon épaule gauche, et je les rattrapais toutes au vol, comme je ne le ferai plus bien sûr, à cette heure, ma Doué !

— Et moi, ajoutera la grand’mère, je croyais dur comme fer, qu’il fallait en plier une dans du papier, et la déposer sur une armoire jusqu’à l’année suivante... pour conjurer le mauvais sort.

Et tout le monde de rire, dans l’assistance, tandis que chacun déguste les bonnes crêpes bien chaudes, que l’on fait en Bretagne avec un art tout particulier, tantôt avec du blé noir, tantôt avec du blanc froment, où l’on mêle un peu de gingembre, ce qui leur donne un goût très particulier et fort agréable. Mais à l’issue du repas où l’on déguste les crêpes, on n’oubliera point d’en faire une pour le premier pauvre qui passera et quelqu’un ne manquera point de rappeler les prédictions bien connues, qui prouvent que la Chandeleur se relie au souvenir de la Nativité.

"Ton blé de semaille, veux-tu que les oiseaux l'épargnent ? Conserve-le dans la nappe qui a servi le jour de Noël. Sème-le, le jour de la Sainte-Barbe, dans deux petites assiettes de porcelaine ; les grains germeront et formeront un ensemble de petites tiges vertes. La nuit de Noël, tu déposeras tes assiettes, sur un tapis de mousse près de la crèche. Quarante jours durant, tes enfants ne leur ménageront l’eau et le soleil. Le jour de la Chandeleur, le plus jeune ira les enfouir dans la partie d’un sillon, que tu auras laissée vide ; à la Saint-Jean ce blé de Noël sera le plus lourd. Nul n’y touchera que ton fils, le plus jeune encore, qui le coupera tige par tige. Dans ton grenier cette gerbe occupera la place d’honneur..." et sur ta maison et ta famille attirera la bénédiction divine.

Tels sont les usages qui se pratiquent encore, sous les plus humbles chaumes, comme ils se pratiquaient jadis, dans les intérieurs confortables de nos aïeux, ainsi que nous le rapportent les vieilles gravures de l’époque. Et ces traditions n’ont rien abandonné de leur attrait pittoresque et se sont conservées intactes, alors que bien des anciens usages ont complètement disparu. Est-ce parce que ces coutumes ont trait à la gastronomie, qu’elles sont restées le plus vivaces ? Et aurions-nous, mieux que toute autre, la reconnaissance de l’estomac ?

 

publié en 1933

 

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