Dans le film Les Cracks* qui retrace les péripéties d'une course cycliste Paris - San Remo de la Belle époque, l'amateur d'anciennes automobiles est servi grâce à la collaboration de l'association des  Vieux tacots. Il y est également présenté une scène ferroviaire style 1910  où apparaît un train à voie étroite avec une locomotive à vapeur repeinte pour la circonstance en des teintes un peu fantaisistes...
Les producteurs ont eu la chance de trouver ce train d'époque sur les chemins de fer départementaux du Vivarais. Ce réseau de 162 km est situé dans la région comprise entre Valence, Saint-Etienne et le Puy, sans toutefois pénétrer dans l'une ou l'autre de ces villes. Son centre en est Le Cheylard (Ardèche) d'où deux lignes descendent jusqu'à la vallée du Rhône : à Tournon (en face de Tain l'Ermitage) et à La Voulte-sur-Rhône. Une troisième section très tourmentée gravit les hauts-plateaux des Cévennes et redescend dans le bassin de la Loire à Dunières. C'est l'exemple typique d'un réseau de montagne où l'établissement de lignes à voie normale eût été trop coûteux. Les altitudes extrêmes sont de 100 mètres dans la vallée du Rhône et de 1060  mètres sur les hauts-plateaux. La région, peu peuplée, ne connaît guère d'industrie et le chemin de fer transporte principalement du bois de mine qui est généralement chargé en pleine voie en des lieux inaccessibles aux camions.
Depuis 1937, les services de voyageurs sont assurés par des autorails diesel qui circulent à 55 km/h sur des voies d'une qualité plus que douteuse. La traction à vapeur intervient encore lors des fortes chutes de neige ; en été on a recours à elle lors d'affluence, pour le transport des colonies de vacances ainsi que pour les trains « de plaisir » particulièrement appréciés des touristes. Les locomotives 403 et 404 encore utilisées sont les survivantes d'une série de 14 machines du type Mallet à 6 essieux. Ce sont des compatriotes, ayant été construites à Winterthour en 1902/1903.
Malheureusement, le chemin de fer est menacé de suppression pour le 1er novembre 1968. Cette menace est douloureusement ressentie par la population qui manifeste énergiquement pour le maintien du rail. On comprend qu'un tel réseau ne soit pas rentable financièrement, mais il symbolise un souffle de vie primordial pour la survie de ces populations isolées.

 

Article paru dans un quotidien suisse en 1968

 

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* film français réalisé par Alex Joffé en 1967 et sorti en 1968 dont le principal acteur est Bourvil