article publié en avril 1989

Du haut de son rocher de mousse,un Astérix géant contemple la forêt de Plailly. A ses pieds, dix-huit hectares d'attractions, de lacs, de salles de spectacles, de restaurants, de boutiques, prêtes à ouvrir leurs portes aux deux millions de visiteurs attendus dès cette année. A trente-cinq kilomètres au nord de Paris, à quelques encablures de l'aéroport de Roissy, le Parc Astérix ouvre ses portes à la fin du mois.

La conception n'est pas originale en soi: quiconque est allé à Disneyland reconnaîtra la formule. Mélange d'attractions modernes et d'habillage féerique, d'esprit bon enfant et d'incitation débridée à l'achat-souvenir. "Nous nous sommes inspirés des Américains pour l'efficacité, admet le directeur du parc Olivier de Bosredon, mais nous avons également affirmé notre spécificité:l e monde d'Astérix et le caractère français des animations".

Le lecteur assidu n'aura donc aucune peine à se sentir chez lui. Dès l'entrée, il emprunte la "Via Antiqua" bordée de maisons-boutiques inspirées par les différents pays que traverse Astérix dans ses albums. Il débouche ensuite sur la cité romaine, avec ses chars-choc (auto-tamponneuses), avec son carrousel de César, avec son village d'attractions miniature pour les bambins, retranché dans le camp de Petit-bonum.

Au centre du circuit, orgueil des responsables, on trouve le village gaulois. Père du projt , le dessinateur Uderzo s'y promène avec une fierté de papa couvant son bébé: soixante automates font revivre la petite cohorte de ses personnages dans des huttes en pierre de taille et toits de chaume. Quant à l'ambiance, elle évoque celle des émissions télévisées de Pierre Tchernia, responsable artistique du parc: un humour populaire mais sans vulgarité, parfaitement adapté au public amilial.

Restent les attractions. En tête: un monumental Grand Huit, le Goudurix,qui vous met sept fois la tête en bas; le plus grand delphinarium d'Europe, avec six animaux virtuoses évoluant sur fond sonore de "Grand Bleu": un rafting sur le Styx et quelques autres babioles à vous retourner le cœur, peintes au couleurs de l'antique. On trouve encore des théâtres d'effets spéciaux, des spectacles de cascadeurs, et la rue de Paris, longue enfilade d'architectures reconstituant l'histoire française du Moyen âge au début de notre siècle. Partout, des comédiens et des musiciens parcourent le circuit, paradent, haranguent les visiteurs: "Nous avons cherché à donner à l'ensemble un esprit vivant, désautomatisé, gaulois", explique Pierre Tchernia.

C'est qu'il faudra bientôt compter avec la concurrence d'Eurodisneyland, qui se construit à l'est de Paris. "Mais nous n'avons aucun complexe vis-à-vis de Mickey", jurent les responsables. Il est vrai qu'on a vu grand et que la qualité d'exécution de l'ensemble distance nettement les tentatives précédentes des Français dans ce domaine.

Quant aux perspectives commerciales, elles sont bonnes: 250.000 billets ont déj à été vendus aux "tour operators", et la demande étrangère s'annonce très forte. Ouvert sept jours sur sept de 10 à 18 heures, avec nocturnes le samedi et les veilles de fêtes, pour120 F le forfait journalier (90 F jusqu'à douze ans), le Parc Astérix compte fonctionner jusqu'au mois d'octobre, et de Pâques à la Toussaint à partir de l'année prochaine. Si le ciel, d'ici là, ne lui est pas tombé sur la tête...