| ACCUEIL | LE TOURISME | LA FRANCE EUROPÉENNE (1941) |
Le 31 mai, à dix-sept heures, les trompettes de la Garde Républicaine faisaient résonner le Grand-Palais de leurs sonneries. M. de Brinon, Ambassadeur de France pour les territoires occupés, venait inaugurer l'Exposition de la France Européenne en présence de M. le Général Von Stulpnagel, de M. Pierre Laval, de M. l'Ambassadeur Seapini, et de nombreuses personnalités allemandes et françaises. M. Jacques de Lesdain, dans une courte allocution, remercia les autorités occupantes d'avoir bien voulu mettre le Grand-Palais à sa disposition pour la réalisation de son projet. Il dit toute sa gratitude envers ceux qui travaillèrent à la construction de cette exposition ! Patrons et ouvriers collaborèrent dans un esprit parfait et, cinquante-trois jours après le premier coup de marteau, au jour dit et à l'heure prévue, tout était prêt. Il dit ensuite le but de cette exposition. Réunir, en des images précises, les possibilités françaises et leur développement réalisable. L'industrie, l'artisanat, l'art, la mode, le tourisme, toutes les branches de nos activités sont représentées, et l'agriculture occupe. une place de choix. C'est une démonstration de ce que pourrait être le tribut de la France à l'économie d'une Europe nouvelle.

Quand on pénètre dans le Grand-Palais, par l'entrée principale, on est agréablement impressionné par la façade du théâtre. C'est une construction blanche, aux lignes simples et élégantes. Devant cette façade, et masquant les escaliers, une fontaine monumentale d'où s'élèvent de cristallins jets d'eau. A l'intérieur, la salle de spectacle, très vaste, forme un demi-cercle. Tout est gris et blanc. Seules, de grandes lignes courbes soulignent l'élégance des proportions. Les fêtes qui seront données là ne pouvaient trouver un cadre plus charmant.
Nous revenons sur les marches du théâtre. A chaque extrémité de la verrière, sont suspendus de grands panneaux. L'un représente la carte agricole de l'Europe. L'autre, séparé en deux parties, illustre la devise de cette exposition : "Hier - Demain". Hier, c'est une carte de l'Europe dont chaque pays est séparé de ses voisins.par des murs crénelés. C'est l'économie étouffée par les barrières douanières. Demain, c'est une Europe dont tous les pays, au contraire, sont reliés les uns aux autres par d'immenses ponts. Toutes les matières premières, tous les produits circulent sans aucune contrainte.
Tout le rez-de-chaussée du Grand-Palais est réservé à l'agriculture. Une ferme modèle a été édifiée. Les bâtiments sont coquets, pratiques et confortables. Cette ferme est habitée par une famille de cultivateurs ardennais : la famille Pignolet. Il y a quelques jours encore Maurice et Serge Pignolet étaient prisonniers en Allemagne. La femme de Maurice était réfugiée près de Paris, chez des parents. M. Bréband, qui les connaissait, a pensé à eux pour tenir cette ferme. Grâce à la compréhension des autorités militaires allemandes, il a pu faire revenir les deux frères. Et, le jour de l'inauguration de la France Européenne, une famille française se trouvait réunie, dans un bonheur que l'on imagine. La famille Pignolet, avec Jean Delet, sorti moniteur de l'Ecole des bergers de Rambouillet, et le vacher Marcel Duthil prennent soin du bétail sélectionné qui leur est confié. De magnifiques vaches hollandaises dans une étable moderne, des porcs, race Large White, dont dix porcelets de quelques jours, des moutons Ile-de-France, des lapins Géants Normands, des poules Faverolles, des pigeons Carneau et Petits Mondains, et jusqu'à des abeilles qui butinent les fleurs d'un parterre.
Tous les mois, ces animaux seroni remplacés par des spécimens d'autres races représentatives de l'élevage français. Le pourtour du rez-de-thaussée est occupé par une série de dioramas. Ces dioramas établissent, à l'aide de chiffres combien éloquents, la situation de notre agriculture dans le passé et dans le présent. Faisons rapidement le tour de cette galerie et citons quelques chiffres.
Les moutons : en 1872 : 32.000.000 de têtes. En 1937 : 9.000.000.
Les fruits : exportations en 1913 : 3.290.000 quintaux. En 1937 : 814.000.
Les plantes textiles : le lin, en 1860 : 105.000 hectares cultivés, en 1937 : 28.000.
La soie : en 1880 la France comptait 170.000 producteurs ; en 1937 : 12.000, etc...
Ce tableau de la France agricole est saisissant et montre bien la place que la France pourrait tenir dans l'économie européenne. Mais ce n'est pas tout.

Au premier étage se tiennent de nombreuses expositions. La France textile, le Comité d'organisation du vêtement, la Presse, l'Industrie du livre, organe de la pensée française dans les domaines de l'art, de la littérature et des sciences.
Une exposition de l'Art "français".
Puis, l'Artisanat.
Broderie, dentelle, vannerie, le verre file; la sculpture sur bois, la ganterie, les tissus, la tapisserie, la poterie, l'ébénisterie. De véritables artistes travaillent sous les yeux des visiteurs. L'un d'eux fait de la sculpture au jet de sable sur toutes matières : faïences, porcelaines, et même sur des briques. C'est un travail d'une exceptionnelle originalité. Un autre artiste grave sur cristaux et pierres fines. C'est un art d'une délicatesse raffinée.
Continuons notre visite : nous voyons une réduction du fameux barrage de Sarrans. Œuvre gigantesque avec son réservoir d'eau de 300 millions de mètres cubes. Puis, l'exposition de la S.N.C.F., avec ses réductions animées des plus modernes locomotives à vapeur et électriques, et la plus récente de toutes, la 232 Nord 1940/1941.
Après la récupération industrielle, voici le poumon artificiel français. Il n'a rien à envier aux poumons d'acier étrangers.
Puis, la télévision, invention du siècle, appelée à des applications multiples et prodigieuses.
Et enfin, la photographie en relief, un des clous de l'exposition. Nous devons cette découverte à un jeune Français de 34 ans, M. Maurice Bonnet. Depuis dix-sept ans, il y travaille, il cherche nuit et jour. Ses efforts ont été couronnés de succès. Il nous présente, non pas un progrès qui fait prévoir une réalisation. Il nous présente une chose nouvelle et tout à fait au point. Devant une de ses photographies, on reste confondu. C'est une troisième dimension sur un plan. C'est même mieux que cela. Il n'y a plus de plan. On contemple un visage "réel". C'est une main qui s'avance vers vous. C'est une pipe que l'on croit pouvoir saisir. C'est une fleur, sous les pétales de laquelle vous passez votre doigt. C'est hallucinant de vérité.
Nous aurons terminé notre visite quand nous aurons vu le cinéma d'actualités, le théâtre folklorique, et les marionnettes de Temporal, joie des petits.
La France doit revivre, et la France peut revivre. Elle doit et elle peut surmonter les difficultés et vaincre les conséquences de sa défaite. Il faut que tous les Français le comprennent, s'unissent dans ùn même effort vers la réalisation d'un même espoir, d'un même but : une France forte et prospère, dans une Europe pacifiée.
article publié en 1941
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On ne peut s'empêcher de penser à "la propagande de Vichy" !
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