L'Exposition coloniale, moyen de propagande touristique

La France s'apprête à donner au monde un spectacle des plus inédits et d'un grand enseignement moral qui associera les merveilles de l'exotisme aux derniers progrès de la civilisation, en même temps qu'il concrétisera l'effort de ses enfants pour la mise en valeur de ses possessions les plus lointaines. Son génie créateur et son amour de la paix se refléteront une fois de plus dans les richesses qu'elle a su faire jaillir de ses terres d'outre-mer et dans le bien-être matériel et moral qu'elle y a prodigué.

L'Exposition coloniale n'aurait-elle que ce résultat qu'elle serait déjà une manifestation de grande envergure. Or, sa portée sera encore plus vaste. C'est la France tout entière que des milliers d'étrangers découvriront après avoir apprécié notre œuvre coloniale et pacificatrice. Notre sol si fécond, nos vignobles de choix, l'infinie variété de nos paysages, nos richesses hydrominérales, notre patrimoine artistique, nos cathédrales, véritables poèmes de pierre, nos châteaux chargés d'histoire et de légendes, nos industries de luxe et nos grandes cités s'offriront à nos visiteurs comme un autre spectacle, non moins grandiose que celui de Vincennes, et, en même temps, plein de mesure, de clarté et d'harmonie.

Suivant leur pays d'origine, leurs préoccupations et leurs goûts, ils pourront s'attarder aux tendres paysages de l'Ile-de-France ou aux terres émouvantes et laborieuses de l'Artois et de la Flandre, s'abandonner à la mélancolie de la lande bretonne ou goûter les plaisirs de la côte normande. Les plaines d'Alsace, les villégiatures de l'Est et du Massif Central, les cimes sauvages des Alpes et des Pyrénées, ainsi que les rivages de l'Océan et de la Méditerranée les appelleront aussi. Enfin, sur tous, Paris exercera la séduction de ses quartiers de luxe, l'attrait de ses monuments séculaires et de ses souvenirs, sans oublier le charme de sa vie littéraire, artistique et mondaine.

C'est pour permettre aux visiteurs de l'Exposition coloniale de répondre plus aisément à l'appel du tourisme français, que des mesures viennent d'être prises par le sous-secrétariat d'Etat au tourisme, le Conseil municipal de Paris et les compagnies de chemins de fer : remplacement du passeport par une simple carte d'identité, suppression de taxes sur l'hôtellerie parisienne et délivrance de cartes forfaitaires de chemins de fer.

Ces mesures ont, par elles-mêmes, une action de propagande indiscutable. On peut en dire autant des "semaines" qui seront consacrées au théâtre, au cinéma, à la peinture, à la musique, au commerce de luxe, etc., et qui donneront à Paris un air de fête, auquel nos visiteurs seront certainement très sensibles. II faudra que tous les ans Paris soit en fête comme cette année. Nos ressources artistiques, aussi inépuisables que nos richesses thermales et climatiques, nous en fourniront les moyens.

La France coloniale et métropolitaine est strictement "une" ; elle est liée à sa capitale de la manière la plus intime et la plus passionnée. Paris et l'ensemble du territoire se complètent et s'expliquent l'un par l'autre. Pour connaître notre pays, il faut le parcourir en entier et cheminer même au delà des mers jusqu'au vaste empire que forme la France d'aujourd'hui, au même titre que la France d'autrefois s'est constituée par l'absorption des grands féodaux.

Aussi les étrangers, attirés cette année vers Paris par cette splendide manifestation qu'est l'Exposition coloniale, se doivent-ils de rayonner à travers tout le pays Les efforts de tous doivent tendre vers ce but. C'est dans cet esprit que le tourisme national tout entier, répondant à l'appel de son ministre, s'attache aujourd'hui à faire à la fois connaître et aimer Paris et la plus grande France.

Paul Vallat, administrateur-directeur de l'Office national du tourisme.