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Jean-Paul Ollivier raconte le Tour de France
Dans l'art de rester à l'arrière, de subir toutes les cassures, de ne jamais sauter dans la roue des belligérants, Jean-Paul Ollivier est devenu un grand spécialiste. C'est la mission que lui a confiée France 2, son employeur. Le journaliste promène donc, micro en main, ses connaissances en queue de peloton et en fait profiter les téléspectateurs. "On ne me laisse pas trop le choix, sourit-il. Mais j'aime ça. Je peux parler de ce qui se passe à l 'arrière de la course, tout en pouvant toucher un mot sur les régions que nous traversons." Assis à l'arrière de sa moto, le commentateur et historien conte la France et 1'évolution de la course avec enthousiasme. Histoire de France, histoire du cyclisme? "Tout cela fait partie d'une même histoire, celle des hommes".
L'histoire est la branche d'Ollivier. "Le Tour a un passé riche. Cela donne des références, on peut voir ainsi comment les choses évoluent" expose-t-il. Le cyclisme moderne a perdu ses repères, mais le passé se charge de lui offrir un point d'ancrage indestructible. Pourtant, lorsqu'il s'agit de parler de dopage, on a tendance à oublier les spécialistes de la mémoire. Jean-Paul Ollivier rappelle que le cyclisme, ne vit pas sa première crise: "Après la guerre, ce fut laborieux. Il a fallu trois ou quatre ans pour que l'org anisations oit à nouveau bien vissée. Le Tour s'en était remis. En 1947, Vietto, qui courait déjà en 1939, a pris le maillot jaune lors de la deuxième étape . Les gens se sont alors dit que ça recommençait comme avant" expose "Paulo-la-science", qui estime toutefois qu'il a fallu attendre 1953 pour assister à un véritable renouveau: "Jusque-là, les anciens assuraient l'intérim. Puis, des jeunes se sont révélés, à l 'image de Louison Bobet en 1953. Ce coureur a d'ailleurs eu du mal à venir au premier plan. Il a souffert de malnutrition pendant la guerre et il souffrait de sérieux problèmes de selle."
Combien de temps faudra-t-il au cyclisme moderne pour sortir de sa guerre à lui? Jean-Paul Ollivier ne désespère pas: "Je suis peut-être naïf, mais je n'ai rien perdu de mon enthousiasme. Bien sûr, les affaires actuelles me font beaucoup souffrir. Je ne pensais pas que ça avait pris une telle ampleur."
A son avis, le Tour de France a connu sa première sortie de virage en 1962: "Cette année-là, les équipes nationales ont disparu pour faire place aux équipes de sponsors. 1963 fut marquée par le début des retransmissions télévisées. On vivait les prémisses d'une nouvelle ère, avec l'arrivée de l'argent et de toutes les dérives qui en ont résulté." Pour l'historien, l'arrivée des gros sous correspond une évolution sociale inéluctable: "Pour le dopage, c'est la même chose. La société suit un mouvement et le cyclisme n'y échappe pas. Les "progrès" scientifiques ont été considérables. En sport - et pas seulement en vélo - on a glissé d'un produit à l'autre, on a commencé par les fortifiants, on a continué par autre chose, etc, etc. Bref , on a louvoyé entre dopage et pas dopage et voilà le résultat. Les pays de l'Est ont fait beaucoup de tort au sport; ils ont provoqué une sorte d'inflation de la performance."
aricle de Jérôme Cachet publié dans un quotidien suisse (1999)
Jean-Paul Ollivier
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Jean-Paul Ollivier, né le 22 mai 1944, est un journaliste sportif français spécialiste du cyclisme. Il a écrit de nombreux livres sur le sujet.
Le Tour de France - Un beau roman, une belle histoire
Robert Laffont (2018)
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