ACCUEIL | LE SPORT | 1ER JUILLET 1903 : LE TOUR DE FRANCE VIENT DE NAITRE

 

 

 

 

Faubourg Montmartre, le 29 juin 1903. Nous sommes dans les bureaux du journal l'Auto. Barbe en bataille et sourcils  frondeurs, Henri Desgranges, le Directeur, conclut sa quotidienne crise de colère : Le p'tit Geo a des idées de grandeur ! Il croit avoir inventé la lune. Le p'tit Geo n'a qu'à se débrouiller... Puis presque calmé : ... Je l'appuierai quand même !
Le p'tit Geo, c'est Geo Lefevre, rédacteur sportif comme il se doit dans un tel journal et brasseur d'idées. Il a, en effet, inventé le Tour de France cycliste dont le premier départ doit être donné dans les 48 heures. Il n'ignore pas que son organisation est faible. Il a improvisé. C'est pourquoi Desgranges a peur, lui risque dans cette entreprise la réputation de son journal.
1er juillet 1903 : nous sommes à quelques kilomètres de Montgeron, devant un bistrot à l'enseigne du Réveil Matin. Soixante concurrents sont à l'appel des dossards. Le Tout-Paris des grandes premières est là. Capelines fleuries et crinolines finement brodées côtoient les survêtements d laine dont se sont affublés les coureurs qui tous (ou presque) portent moustache. Il y a là les vedettes d'alors qui s'appellent Maurice Garin, Aucouturier, Georget, Angereau et Chatellerault.
Le départ est donné dans un brouhaha et un concours d'embrassades.
Première étape : Paris-Lyon soit cinq cents kilomètres au petit bonheur la chance. Sans ravitailleur, sans contrôleur, sans commissaire, sans juge d'arrivée. Pas de liaison entre la tête et la queue du peloton. Des efforts désordonnés. Aucun esprit d'équipe. Chacun pour soi. Vacillant, la cohorte arrive à Lyon 18 heures après avoir quitté Montgeron. Un succès ! Sauf pour Aucouturier qui fatigué, décida en cours de route de prendre le train.
Puis ce fut la Foire d'empoigne, qui n'excluait pas la fantaisie. C'est ainsi que les garde-champêtres et les gendarmes à cheval n'hésitèrent pas à verbaliser la foule trop curieuse. C'est ainsi aussi que le même Aucouturier, voulant reprendre la course obligea les organisateurs à stipuler dans leur règlement qu'il était permis de concourir ou pour le classement général ou pour la victoire d'étape. C'est ainsi que faute d'indications précises sur le parcours officiel, le gros du peloton, alla s'égailler deux heures durant dans une campagne à vaches et à moutons. C'est ainsi que Dargassies, surnommé le forgeron de Grisolles, eut le temps de s'installer dans un fossé pour consciencieusement bricoler son pédalier.
Aujourd'hui, tout se dispute à coups de secondes sur des parcours d'environ 200 kilomètres chacun. A l'époque héroïque, où les machines étaient lourdes, et peu maniables, les étapes étaient de 4 à 500 kilomètres. L'équivalent d'un actuel Paris-Bordeaux, réputée comme la course d'endurance des athlètes du vélo.
Pendant ce temps, toute la presse faisait fête à cette grande kermesse qui était un trait-d ‘union géant entre les provinces. Tout dura jusqu'au 19 juillet, à l'heure d'arrivée solennelle au Parc des Princes. Vainqueur : Maurice Garin qui avait couvert les 2428 kilomètres  en 94 h 33, soit à la moyenne de 25,288 km/h. Second : Pothier... à 2 h 49. Troisième : Augereau... à plus de 5 heures. Des écarts qui se passent de commentaires.
Ils étaient soixante au départ, ils ne furent que 21  l'arrivée. Couverts de boue, les traits tirés, le visage mangé par la barbe, ils ont fait à pieds leur tour d'honneur. Et, comme à une corrida, on a vu des chapeaux, des cravates, des vestes même atterrir sur la piste de ce premier triomphe. Par un incontrôlable mouvement de foule, le Tour de France cycliste venait de conquérir ses lettres de noblesse.
Au cours de la dernière étape (Nantes-Paris), Aucouturier, le fantaisiste, avait, une fois de plus, cru bon de prendre le train. Pour être plus frais au moment des ovations. Il arriva au Parc dans un taxi, enfourcha alors son vélo et récolta tous les bravos. La partie gagnée pour le P'tit Geo et le Père Desgranges qui, dans les coulisses, étaient devenus les complices d'une formule révolutionnaire.

 

journal Pilote (1962)

 

 

TOUR DE FRANCE 1903 HISTOIRE HISTORY

 

photos de gauche à droite : Maurice Garin, premier vainqueur, peu avant sa mort, et Jean Dargassies, près de son premier vélo.

 

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garin tour 1903
Maurice Garin

 

 

L'étape: Maurice Garin remporte la dernière étape Ville d'Avray - Paris (Parc des Princes) du premier Tour de France de l'histoire.

 

Le déroulement du Tour: ce Tour est placé sous la domination totale de Maurice Garin, qui s'adjuge trois des six étapes, vainqueur final avec près de 2 h 50' d'avance.

 

Le tiercé final: 1. Garin (Fr). 2. Pothier (Fr) à 2 h 49'45". 3.Augereau (Fr) à 4 h 29'38". Moyenne: 25,679 km/h pour 2428 km.

 

L'anecdote: "Du geste large et puissant que Zola, dans "La Terre", donne à son laboureur, "L'Auto", journal d'idées et d'action, va lancer à travers la France, dès aujourd'hui, les inconscients et rudes semeurs d'énergie que sont les grands routiers professionnels". C'est ainsi qu'Henri Desgranges, fondateur et premier directeur du Tour de France, décrit cette nouvelle épreuve, dans l'édition du 1er juillet 1903 de "L'Auto".

 

 

 

 

 

départ du 1er Tour de France cycliste (1er juillet 1903)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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