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Le départ de la du Tour de France a eu lieu à Dublin, en Irlande, le 11 juillet 1998. Il fut remporté par l'Italien Marco Pantani, devant l'Allemand Jan Ullrich. Il comporta 21 étapes pour 3 875 km. Les dates plus "tardives" étaient dues à la Coupe du monde de football 1998 organisée en France cette année-là. Le dopage (dont l'affaire Festina), retera l'élément marquant de cette 85e édition.
Et beaucoup plus tard... sur ce tour 1998, l'Italien Marco Pantani et l'Allemand Jan Ullrich ont été contrôlés positifs à l'EPO. Tout comme les Français Laurent Jalabert, Jacky Durand et Laurent Desbiens. Ces conclusions sont basées sur des tests rétroactifs réalisés en 2004 !
Le déroulement du Tour:
Marco Pantani déshabille Jan Ullrich et s'empare du maillot jaune dans l'étape des Deux-Alpes. L'Allemand subit la défaillance du siècle. Son baroud d'honneur le lendemain dans le col de la Madeleine (vainqueur à Albertville) n'y changera rien.
Le tiercé final:
1. Pantani(It). 2. Ullrich (All) à 3'21". 3. Bobby Julich (USA) à 4'08".
L'anecdote: ou plutôt letremblement de terre!
L'affaire Festina éclate avant le départ à Dublin avec l'arrestation à la frontière franco-belge du soigneur belge Willy Voet, en possession de produits dopants (EPO, hormones de croissance...). Ses aveux cumulés à ceux du directeur sportif Bruno Roussel entraînent l'exclusion de l'équique andorrane. Les groupes espagnols (Once, Banesto, Kelme) quittent la caravane, mais les efforts de Jean-Marie Leblanc permettent au Tour de connaître son épilogue sur les Champs-Elysées.
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Même "El Diablo" n'a pu suivre le rythme de Marco Pantani !
- Depuis 1993, l’Allemand Dieter Senft, né en 1952, court après les cyclistes -
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interviewé, Willy Voet, le soigneur de l'équipe Festina arrêté le 8 juillet à la frontière franco-belge en possession d'une importante quantité de produits dopants
On pouvait lire...
Il aura suffi que la voiture d'un soigneur soit interceptée à un poste de douane pour que le cyclisme soit engagé dans l'épreuve la plus importante de son histoire. Ironie, sans cet épisode quasi rocambolesque, il y a fort à craindre que les forçats de la route auraient pu poursuivre leur manège, sans que personne ne dénonce leur manigance, par peur ou par intérêt. On aurait tort en effet de s'y tromper: rien n'a changé en quelques jours sur les routes du Tour de France où l'hypocrisie le dispute depuis très - trop... - longtemps déjà à la dissimulation, le mensonge, la fraude.
Depuis le départ de Dublin, il a plus été question de garde à vue, de mise en examen, d'interpellation, d'incarcération même que de course. C'est désormais la police et la justice qui animent le peloton.
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CHEZ GILLOU
Les aveux de Bruno Roussel, vendredi (17/07/1998) à Lille, ont donc conduit la direction du Tour de France à exclure l'équipe Festina. Et samedi matin, toute la caravane s'est réveillée sous le choc. Dans le Village départ, le stand de Festina - chronométreur officiel, faut-il le rappeler - était vide. Deux personnes de faction, mais aucun invité. Pour eux, le temps - le Tour - s'était arrêté. Les coureurs de Festina étaient aussi - et surtout - sous le choc. Leur hôtel, le château Castel Novel à Varetz, un peu au nord de Brive-la-Gaillarde, avait subi un siège en règle depuis l'annonce de leur exclusion. Et chacun d'eux cherchait à comprendre.
A la demande de Richard Virenque, une confrontation entre l'équipe et Jean-Marie Leblanc a été organisée, un peu à la sauvette, par téléphone portable. Lieu du rendez-vous: Corrèze, plus précisément le bar-tabac "Chez Gillou", anciennement hôtel-café Chabrerie, à quelque 400 mètres de la ligne d'arrivée du contre-la-montre. Un bar-tabac comme il en existe des milliers en France. Dans la petite arrière-salle, par laquelle transitent tous les clients qui ont un besoin urgent, quatre tables recouvertes de formica et une quinzaine de sièges de cuisine en simili-cuir. Et c'est là qu'une grande partie du Tour 98 s'estjouée! "D'abord, j 'ai vu des garçons passer avec un maillot de Festina, expliquait la désormais célèbre Gillou (réd.:diminutif de Gilberte). J 'ai cruq u'il s'agissait de supporters,avant de reconnaître Virenque. Sont alors arrivés des membres de la direction duTour, suivis par des photographes et des cameramen. Ils sont tous entrés dans l 'arrière-salle et y sont restés une bonne demi-heure. Puis, ils sont sortis. Virenque pleurait. Zülle (réd.: prononcé "Zoule", évidemment) était abattu. Ce n'est que quelques minutes plus tard que j'ai appris la nouvelle. Franchement, j'aurais préféré que l'on parle de mon restaurant dans d'autres circonstances..." Mais, sans le vouloir, Gillou et son bistrot sont devenus le centre du monde l'espace de quelques instants, en ayant accueilli une séance qui marquera l'histoire du cyclisme et du sport en général.
L 'ambiance était à l'émotion, a déclaré le patron du Tour Jean-Marie Leblanc, en sortant de "Chez Gillou". Virenque m'avait demandé une confirmation officielle et écrite de ce qui avait été annoncé la veille, et c'est bien volontiers que j'ai accédé à sa demande. Et puis, je dois bien l'avouer, c'était aussi l'occasion de nous dire au revoir, l'équipe et moi. Je suis triste, vraiment. Je regrette qu'une équipe qui avait été flamboyante en 1997 doive quitter le Tour de cette manière, mais il le fallait. A titre individuel, je n'ai rien contre les coureurs. Mais pour nous, la raison à prévalu sur l'émo-tion. Pour eux, la raison a prévalu sur la déception, puisqu'après avoir annoncé leur intention de se présenter au départ du contre-la-montre, ils ont renoncé à le faire. Maintenant, j'espère que le cyclisme et le sport en général s'ouvriront sur une nouvelle époque, où le dopage organisé n'aura plus cours."
Festina, équipe au budgetde 35 millions de francs français, tous gérés par Bruno Roussel sous l'égide de Prosport (société basée à Andorre), a donc quitté le Tour en sortant de "Chez Gillou".
article publié le20 juillet 1998
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le Tour en chiffres
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Un an après, Willy Voet revient sur l'affaire Festina. (article de Jérôme Gachet - 1999)
Le 8 juillet de l'année passée, Willy Voet, le soigneur de l'équipe Festina, était arrêté à la frontière franco-belge en possession d'environ 400 produits dopants. Auteur de "Massacre à la chaîne. Révélations sur 30 ans de tricherie" (éditions Calmann-Lévy), c'est lui qui afourni le témoignage le plus abouti sur le dopage. Un an après, Willy Voet, 54 ans, raconte de son domicile de Veynes, comment il vit ce mois de juillet.
- Willy Voet, qu'avez-vous ressenti lorsque la caravane a défilé sous vos yeux?
- D'habitude, j'en faisais partie et pour la première fois, je la voyais du bord de la route. C'était très bizarre, je me sentais tout drôle... surtout quand mes anciens coureurs sont passés. Ça m'a fait un sacré pincement au cœur. A ce moment, j'ai presque regretté d'être venu.
- Vous ont-ils vu?
- Non, je ne crois pas. En fait, il y a juste le Hollandais Den Bakker qui m'a fait un petit coucou... Je ne le connais pourtant pas bien celui-là. C'était sympa de sa part.
- A cette occasion, vous renouiez avec le milieu cycliste...
- Oui, j 'ai ainsi pu reprendre contact avec d'anciens collègues et d'autres suiveurs du Tour. Certains se sont arrêtés pour me saluer. C'est cela qui m'a fait le plus plaisir. En outre, j'étais venu avec ma famille et on a vu la caravane publicitaire. Une belle journée lors de laquelle je n'ai fait l'objet d'aucune rem marque déplaisante.
- Allez-vous suivre d'autres étapes?
- Non, je ne pense pas. Le Tour s'éloigne de chez moi. Et puis, cette fois, c'est bon, je l'ai fait. Quand je suis rentré chez moi, je n'étais pas très bien. J'avais la nostalgie.
- Dans votre livre, vous dénoncez les pratiques du dopage dans le cyclisme. Que pensez-vous du Tour actuel ?
- Quand je vois comment les gars montent, je me dis qu'il n'y a pas grand-chose qui ait changé. Ça roule aussi vite qu'avant.
- Et les performances de Lance Armstrong...
- C'est un miracle. Presque trop beau pour que ce soit vrai. Il a guéri d'un cancer des testicules et j' en suis très heureux. Mais avant sa maladie, il n'était pas aussi fort que maintenant. Comme tout le monde, je me pose des questions. Mais bon, chez moi, c'est de la déformation professionnelle.
- Gardez-vous l'espoir que les mentalités évoluent?
- C'est un peu foutu pour la génération actuelle. C'est comme avec les cigarettes: on n'arrête pas du jour au lendemain.
- Que pensez-vous du travail de la presse?
- Elle fait bien son boulot. De toute manière, les journalistes ont été pris pour des cons et ils continuent à l'être.
- Vous êtes l'un des premiers à avoir parlé du dopage. Etes-vous déçu que d'autres n'aient pas suivi ?
- Non, c'est normal. Dans ce milieu, il y a interdiction de parler. Sinon... D'ailleurs, si on ne m'avait pas arrêté, j'aurais continué à me taire.
- Une année après l'affaire Festina, que devenez-vous?
- Rien. J'attends mon procès. Un club de la région m'a proposé de m'occuper des jeunes. Ça m'intéresse beaucoup, mais tant que je suis sous le coup de cette procédure judiciaire, je n'ai pas le droit d'approcher le milieu cycliste. On peut trouver bizarre qu'un type comme moi, après tout ce j'ai fait, travaille avec la relève. Mais les braconniers font les meilleurs gardes-chasse! Mon livre n'est pas un mode d'emploi pour se doper. C'est le contraire: je dis aux jeu nes ce qu'ils ne doivent pas faire. Mon but n'est pas de casser le cyclisme.
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Festina est une marque espagnole d’horlogerie. Fondée en Suisse en 1902, la société s’établit dans la ville de Barcelone pendant la Seconde Guerre mondiale.
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