Ce 54e Tour de France se déroula du 29 juin au 23 juillet 1967. Il fut remporté par Roger Pingeon et marqué par la mort de Tom Simpson,le 13 juillet, dans l'ascension du Mont Ventoux. Une stèle a été élevée pour lui rendre hommage.

Ci-dessous des textes publiés le lendemain du drame dans un quotidien suisse.

La télévision a fait revivre hier soir la mort d'un géant de la route, un forçat surtout, serions-nous tentés d'écrire. Jamais images ne furent plus cruelles, presque insoutenables. Tom Simpson allait mourir, le regard perdu, louvoyant sur la route brûlante. Dans cette fournaise du Mont-Ventoux, le sympathique Anglais vivait les derniers moments de sa vie. Ce n'était plus un champion, c'était déjà un martyr. Ses yeux fixaient à tout jamais cette route qui le condamnait. Simpson ne voulait pas abandonner. Pratiquement inconscient, il s'accrochait à ce vélo qui fut sa vie, qui fut sa mort !
Une dernière embardée mit enfin un terme au calvaire. Descendu à grand peine de son "engin de tortures", Simpson agonisait sur les roches arides du bas-côté de la route alors que le Tour, inhumaine machine, poursuivait sa ronde infernale. Tom Simpson est mort à l'endroit même où, il y a quelques années, Malléjac, dans les mêmes conditions, faillit périr.  Malléjac avait été dopé, la chose a été reconnue depuis. Les médecins d'Avignon, en refusant le permis d'inhumer pour Simpson, laissent penser qu'il en est de même pour le Britannique. Et on touche alors au drame du cyclisme actuel qui demande trop d’efforts répétés aux coureurs. La plupart d'entre eux, ceux surtout qui n'ont pas la condition suffisante sont obligés de se doper, avec tous les risques que cela comporte. Un contrôle sévère devient désormais nécessaire. On ne veut plus jamais revoir ces images terribles d'un Simpson mourant sur son vélo. Et d'ailleurs, on ne comprendra jamais que l'on ait de la sorte laissé Simpson se "suicider". Que personne n'ait arrêté Simpson dans sa course à la mort paraît scandaleux.

Une étape suicide
Mme Simpson, qui se trouvait en vacances à Pianottoli, près de Sartène en Corse, où son mari avait acheté un terrain et fait construire une villa, a été avisée du malheur qui la frappe par M. Jean Leulliot. Le corps de Tom Simpson a été transporté à la morgue de l'hôpital d'Avignon où M. Gaston Plaud,son habituel directeur sportif, venu de Carpentras, devait avoir la douloureuse mission de le reconnaître. Roger Pingeon, l'un de ses coéquipiers de marque, trouvait difficilement ses mots pour évoquer le souvenir de son camarade.  Il ne pouvait que dire : "C'était un garçon serviable, sympathique. Lorsqu'il est tombé, on aurait dû l'empêcher de repartir". Hier matin, au départ de Marseille, Tom Simpson semblait appréhender l'ascension du Mont-Ventoux. "C'est une étape suicide", aurait-il confié.

Son palmarès
Tom Simpson sera regretté de tous. C'était un excellent coureur, un garçon sympathique, rieur, toujours prêt à faire des blagues. Depuis  1959, il vivait sur le continent. Actuellement, il était installé à Mariakerke, près de Gand, en Belgique.

Né le 30 novembre 1937 à Harworth, dans le Yorkshire, Simpson laisse une veuve et deux petites filles. Il avait débuté dans la compétition en 1953. Il avait remporté son premier titre officiel en 1954 en devenant champion d'Angleterre juniors. Il représenta la Grande-Bretagne comme amateur aux Jeux Olympiques de Melbourne et aux championnats du monde de 1956. En 1959, pour sa première saison professionnelle, il se classa quatrième du championnat du monde à Zandvoort. Ses principaux succès furent : championnat du monde en 1965 à Saint-Sébastien, Tour du Sud-Est en 1960, Tour des Flandres en 1961, Bordeaux - Paris en 1963, Milan - San-Remo en 1964, le Tour de Lombardie en 1965, les six jours de Bruxelles avec Peter Post en 1965 et Paris - Nice en 1967.
Dans le Tour de France, il avait été le premier Britannique à porter le maillot jaune en 1962, année où il termina sixième. En 1960, il avait pris la 29me place et en 1964, la 14me. Les autres fois, il avait abandonné. Dans ce Tour de France, Tom Simpson, qui d'ordinaire avait tendance à laisser trop libre cours à son tempérament généreux, avait nourri de grandes ambitions : « Je ne cours cette année que pour tenter de gagner l'épreuve ou au moins enlever une place d'honneur », avait-il dit à plusieurs reprises et, de fait, il avait fait preuve d'une rare discrétion en début de course.

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* Victime d'un malaise dû à un abus d'amphétamines au cours du Tour 1955. Jean Malléjac sera exclus de la course.