ACCUEIL | LE SPORT | TOUR DE FRANCE 1953

 

 

 

 

 

 

 

tdf53

 

 

En 1953, c’était le Tour de France avait 50 ans, mais ce n’était que la 40e édition (à cause des deux guerres mondiales) qui eut lieu du 3 au 26 juillet.

 

 

 

 

Le déroulement du Tour:

Le Français Jean Robic (équipe de l'Ouest) entre en guerre contre l'équipe de France et s'empare du maillot jaune, ce qui provoque une violente riposte lors de l'étape Albi - Béziers. Bobet gagne le Tour sur les pentes de l'Isoard. Défaillance, chute et abandon du Suisse Hugo Koblet dans le col du Soulor.

 

Le tiercé Final:

1. Bobet(Fr). 2. Mallejac (Fr) à 14' 18". 3. Astrua (It) à 15'01".

 

L'anecdote:

Jean Robic s'empare d'un bidon de plomb au sommet du Tourmalet pour s'alourdir de dix kilos dans la descente !

 

______________________________________________________________

 

 

Dans le journal Tintin de 1953, on pouvait lire un article dont voici quelques extraits :

...

Le passage de l’interminable caravane publicitaire, l’arrivée des blanches jeeps des directeurs techniques, le ravitaillement des coureurs place de Brouckère, le cortège rétrospectif de la bicyclette, les fanfares, l’enthousiasme des spectateurs, tout cela contribua à faire de l’événement du jour le spectacle le plus chatoyant qui soit.
Entre Liège et Bruxelles on avait peint à la chaux, à même le béton, une invitation impérative mais un tantinet tardive : Ockers* dans l’équipe belge du Tour ! Et à Bruxelles, c’était des Allez Richard qu’avaient dessinés sur le sol avec amour et  conviction, sinon avec talent et esthétisme, les admirateurs nombreux du jeune Van Genechten, enfant de la capitale.

_____________

* Stan Ockers est un coureur cycliste belge (1920 - 1956)

 

 

 

 

Photos : le Tour est passé en plein cœur de Bruxelles et les géants de la route se sont ravitaillés place de Brouckère. Inutile de vous dire que ce spectacle avait attiré une foule innombrable de curieux. Sur notre photo, on reconnait René Desmet, Hilaine Couvreur (à l’avant-plan) et Martin Van Geneugden.
A droite, Louison Bobet qui remportera l’épreuve cette année-là – En médaillon, le belge Alex Close (qui sera 4e au classement général) interviewé par Luc Varenne.

 

 

 

 

Stanislas Bober, vainqueur de l’étape Liège-Lille – Spectateurs-supporters sur le bord de la route

(On cite Louison Bobet, Jean Le Guilly...)

 

 

A droite, Stanislas Bober (1930-1975) traversant le village de Bachy (Nord)

 

___________________________________________

 

 

A la sortie de Lille, Bartali fonce encadré de deux "gregarii" (équipiers, en langage "cycliste")

 

 

Le Tour de France c’est quand même un événement. Son passage révolutionne la ville la plus bourgeoise, la plus moribonde, c’est une jouvence, c’est du spectacle... à bon marché pour ceux qui ont la patience d’attendre le long des routes, le ruban bigarré. Il est vrai que la caravane publicitaire passe également pour une attraction sensationnelle. Quant à l'effort sportif, il est, ma foi, évident ! Mais comme disait un humoriste, à mes côtés : "Les coureurs cyclistes sont des vénards ! Ils sont toujours assis !"

C’est incontestable ! Mais à tout prendre, je préfère encore être debout, à les regarder l

 

Entre Liège et Lille, la foule dense, assez excitée — est-ce l’effet de la température — tend sa double haie de visages. Aux portes de Lille, vers 10 h., des acharnés avaient déjà installé leurs dépliants, s’étaient couverts le crâne de chapeaux de gendarme et dans la position la plus confortable, attendaient Messieurs les coureurs.

A 14 h., impossible de trouver une place aux premières loges. En désespoir de cause, un astucieux qui habitait dans les parages, sortit une échelle double et paisiblement la dressa au deuxième rang. A peine s’était-il juché au sommet, qu’une vingtaine d’énergumènes se ruèrent d’assaut sur les premiers écnelons. Dans une situation particulièrement critique et menacé dans son équilibre, le propriétaire tempêta, mais en vain : Et ce qui devait arriver, arriva. On retrouva, dans un amoncellement de jambes et de bras entremêlés, de bois cassé et de poussière, un homme que la rage suffoquait !

 

Deux autres hommes, d'une cinquantaine d'années environ, avaient eux, trouvé un filon.

Vers 15 h. Ils prirent place sur un trottoir de la rue Nationale, déplièrent un journal et assis, attendirent. Ils se trouveraient encore bien tranquilles, à l'heure qu'il est si un agent n’était venu.

— On attend les coureurs, rèpondirent-ils naïvement.

— Quels coureurs ?

— Ceux du Tour de France, pardi !

Ces braves gens avalent lu dans le journal que les coureurs empruntaient la rue Nationale. Seulement ils s'étaient trompés de jour.

 

Non, les mieux placés, les plus pénards, c’étaient encore les agents. Et quand j'écris les agents, je veux dire la Police Urbaine, les C.R.S., les gendarmes et tutti quanti. Aux en droits stratégiques, c’était une invasion. A croire que tous les débrouillards s’étaient déguisés en sergents de ville...

 

A la Foire Commerciale, devant cette splendide perspective, digne d'un Lenôtre, la foule, filtrée par des commissaires intransigeants, se masse sur les gradins et sur les parterres. Sur la piste, quelques "écureuils" sur leur anneau ovale, s'échinent à "moudre" du kilomètre. Quelque encouragements au passage. Mais c’est tout ! Le reste des spectateurs ne réagit que lorsque le micro nasille "A 15 h. 40, à Mouchin, 3 échappés avec Stanislas Bober en tète. Le peloton est à 7 minutes".

Alors les commentaires vont bon train. Un sourd murmure monte de ce public tassé et dont les visière rouges émaillent la masse sombre comme des coquelicots éclos dans un sous-bois. Chacun est tendu dans l'attente de la minute "M".

 

Gros émoi dans la tribune des officiels. On a oublié la gerbe que M. le maire doit remettre au vainqueur de la course de vitesse. "La gerbe ! Trouvez-moi une gerbe", s'écrie M. Lava, chef du service des fêtes de la mairie. Il y a bien celles des organisateurs du Tour, qui trônent insolemment sur une table à quelques mètres de là ! Quelle tentation ! Non. ça ne serait pas sportif ! Un coursier est envoyé d’urgence au plus proche fleuriste. Hélas, les fleuristes sont partis aux champs, ou... voir passer le Tour ! Quelques instants avant le moment le plus crucial de la course, on verra surgir, riant, soufflant, exténué, un petit jeune homme, pareil au soldat de Marathon, qui s’effondra, exténué, sa mission accomplie. Il portait en ses bras, une magnifique gerbe de glaïeuls. C’était le coursier ! Il avait fait 12 fleuristes et chez les 11 premiers avait trouvé porte de bois ! On ne peut pas dire, pour du sport, c’est du sport !...

 

Quelle fantaisie vestimentaire chez les membres de la caravane publicitaire. On en voit attifés de pied en cap, comme s’ils partaient pour le front de Corée. D’autres ressemblent à des homards. On croise des Sioux, des nègres qui roulent des yeux blancs à vous donner la chair de poule, des sauvages mal blanchis et des civilisés mal lavés...

Mais c'est encore dans le couvre-chef que la variété est encore plus flagrante. Hormis les casquettes de toile blanche (ou du moins qui devaient posséder cette couleur au départ de Strasbourg), les casquettes de velours, de caddy. de tissu-éponge mises à l'endroit, à l'envers, de biais ou de travers, on peut remarquer les chapeaux à pompon, les sombreros (sans les mantilles) des polakls, les casques de pistards, de motards, les bonnets de police, les calots, les bonnets carrés, pointus (il n’y avait pas de bonnet d'âne, c’est étonnant !) et aussi, fait à signaler : un chapeau mou ! Rien d’extraordinaire ! On m'a assuré que ce monsieur s’appelait Chapelier !

 

Avant l’arrivée des coureurs, Maurice Garin, 83 ans, vainqueur du premier Tour de France, il y a 50 ans, fit un tour d’honneur, applaudi chaleureusement par toute l’assistance. Les moustaches à la Clovis du garagiste lensois, en tressaillaient de joie ! Et des souvenirs d’arrivées triomphales devaient lui remonter à la mémoire.

Seulement, Maurice Garin était en infraction au Code de la Route ! Le vélo, tout ordinaire, qu’il chevauchait, était démuni d’avertisseur sonore. Très grave ! Et le plus sensationnel survint en fin de course. Les deux personnes complaisantes qui se précipitèrent pour aider Maurice Garin à descendre de machine étaient... deux gendarmes ! Heureusement qu’il y a eu la Semaine de l’Amabilité. Les représentants de l’ordre n’eurent point le cœur de verbaliser !

 

Ces commissaires généraux sont d’une férocité. Personne sur la piste ! Personne au contrôle ! Personne sur la ligne d’arrivée ! Et que ça saute !

Deux hommes en complet veston, les mains derrière le dos, s'tntéressent beaucoup aux machines de contrôle ! Hop ! d'une main preste, le commissaire Vermelinger les a balayés, refoulés , éjectés...

— Alors/ gu'est-ce que vous f... ici ? C’est pas votre place !

Les interpellés, ahuris, se retournent Ce sont MM Godec, chef de la Sûreté , et Clément, commissaire de police ! Ils sont chargés de la bonne marche du service d’ordre ! On ne peut pas dire ! Ça marche! Et au trot encore.

 

publié en juillet 1953

 

 

Le jeune Bober félicité par M. Georges Bouchery, commissaire général de la Foire de Lille, et par M. René Gaifie, maire de Lille.

 

___________________________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  ACCUEIL | LE SPORT | TOUR DE FRANCE 1953

 

 

 

bachybouzouk.free.fr