Photo à droite : Raymond Poulidor et Antonin Magne

 

- Monsieur Magne, comment avez-vous entraîné Poulidor ?

- Dire qu’on entraîne un coureur n’est pas tout à fait juste. On supervise son entrainement. On le conseille. La Préparation au Tour de France commence au Parc des Princes, dès l’arrivée du Tour précédent. Depuis juillet 1962, Raymond a parcouru 30.000 km. Aussitôt après le Tour qu’il termina troisième, il fut la vedette d’innombrables réunions sur piste. Il participa à des critériums en France, en Belgique, en suisse, couvrant plus de 100 km par jour  à bicyclette. Tout de suite après ce furent les Championnats du Monde puis Paris-Tours et le Tour de Lombardie qui clôtura la saison. C’est surtout à ce moment-là que je suis intervenu. Du 1er novembre au 15 janvier, j’ai imposé à Poulidor un petit galop d’entraînement (50 km par jour) pour ne pas qu’il perdre l’élasticité des jambes. J’ai varié au maximum ses itinéraires : plat, faux plat, petites côtes très sèches et lui ai interdit de courir derrière Derny* Tant que les conditions atmosphériques le lui ont permis, Raymond a roulé dans son pays sur les routes de la Haute-Vienne, parcours rêvé pour un grimpeur. Puis, après Gênes-Nice et Paris-Nice, il y eut Paris-Roubaix, le Critérium National, le Midi Libre. La seule vraie préparation au Tour c’est de rouler le plus possible. Je fais confiance à Poulidor. Dans la montagne, je le donne grand favori. Il ne fume pas, ne boit pas et se nourrit  exclusivement de crudités et de grillades. Ses loisirs (le jardinage et les promenades en voiture avec sa femme et sa fille) n’empiètent pas sur les douze heures de sommeil dont il a besoin. Je luis déconseille de sortir le soir et de veiller trop tard.  

 

 

 

Le phénomène des années 30 : un certain Antonin Magne. Hier, les vaches le regardaient passer, aujourd'hui, il les soigne dans sa ferme.

 

 

 

extrait du journal Pilote (juin 1963)

 

* Le Derny est un vélo motorisé utilisé pour l'entraînement des coureurs cyclistes sur la piste et sur la route pour les compétitions comme Bordeaux-Paris. Le cycliste roulait derrière son entraîneur.