extrait d'un article publié dans un quotidien suisse (avril 1984)

 

L'absence de nombreux ténors du cyclisme international (Raas, Hinault, Moser, De Vlaeminck notamment) avait fait de ce 82éme Paris-Roubaix, couru par un temps froid et des routes souvent détrempées, dans les affreux secteurs pavés surtout, une course assez ouverte. Certes, Kelly faisait figure de favori. Mais jusqu'ici, il n'avait encore jamais justifié le pronostic dans une classique. C'est désormais chose faite. Et bien faite. Déçu par le dénouement du Tour des Flandres, une semaine plus tôt, l'Irlandais avait annoncé la couleur. Désormais, il allait avant tout courir contre les hommes de Peter Post. Dimanche, il n'a pas eu besoin de finasser. Dès les premiers pavés, l'ancien champion hollandais n'avait plus que le Belge Eddy Planckaert à l'avant de la course. Un Eddy Planckaert qui allait par la suite être définitivement décramponné sur une accélération de Kelly.Mais ces escarmouches se jouaient encore à l'arrière. Devant, Bondue et Braun caracolaient depuis le "boyau" d'Arenberg. C'est là que les deux coureurs de Bernard Thévenet avaient rejoint le Polonais Lang et l'Allemand Hofeditz, rescapés d'une échappée matinale lancée par Hofeditzp récisément et le Français Arnaud, auxquels s'étaient joints par la suite Lang et l'Italien Fraccaro. Unissant leurs efforts, Bondue et Braun, deux anciens champions du monde de poursuite, creusaient un écart qui se monta un instant à deux minutes sur un peloton réduit à une vingtaine d'unités au fil des boyaux pavés qu'empruntait traditionnellement le parcours de ce Paris-Roubaix.

 

A une cinquantaine de kilomètres du but, Kelly sentit la menace. Autour de lui, ils n'étaient plus que six à chasser derrière les deux leaders: Kuiper, le vainqueur de 1983, Hanegraaf, Rogiers, Vers-luys. Van der Velde et Van den Broucke. L'Irlandais prit alors l'initiative de la contre-attaque. Se dégageant en puissance, il n'attirait dans son sillage que le seul Rogiers. Ce dernier lui donna d'ailleurs un sérieux coup de main pour réduire l'écart qui le séparait du tandem Bondue-Braun, qui ne faiblissait pas. Mai sles deux fuyards devaient finalement être rejoints à vingt kilomètres du but. Braun lâchait alors prise tandis que Bondue connaissait un petit drame habituel dans cette épreuve lorsqu'il se retrouvait à terre sur les pavés glissants. La victoire ne pouvait plus dès lors échapper à Kelly, qui réglait très facilement au sprint sur la piste du vélodrome de Roubaix un Rogiers, qui aura fait figure de révélation de l'épreuve. Une épreuve qu'il affectionne d'ailleurs puisqu'il s'était imposé chez les amateurs en 1981. Quant à Bondue, jeté à terre pratiquement devant son pas de porte (il habite Hem, dans la banlieue de Roubaix), il livrait un baroud d'honneur qui lui permettait d'obtenir une méritoire troisième place. Tous les autres étaient battus et bien battus. Une fois de plus, les étroites sentes pavées du Nord n'auront guère été favorables aux coureurs suisses.

 

LE CLASSEMENT

 

1. Kelly (Irl) 265,5 km en 7 h 31 '35"(36,074 km/h)

2. Rogiers (Be), même temps

3. Bondue (Fr) à 36"

4. Van derVelde (Ho) à 4'33"

5. Braun (RFA), même temps

6. Vandenbroucke (Be) à 6'16"

7. Hanegraaf (Ho)

8. Versluys(Be)

9. Kuiper (Ho), même temps

10.Matthys (Be) à 8'28"

11. Van Houwe-lingen (Ho)

12. Dhaenens (Be), même temps

13. Colyn (Be) à 9'29"

14. Vers-chuere (Be)

15. Van Holenx(Be)

16. Wijnants (Be)

17. Peeters (Be), même temps

18. Zappi (lt) à 10'54"

19. De Wolf (Be)

20. Van den Haute (Be), même temps